Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Zama, Bernard

1900s
Église Évangélique Luthérienne de la Rca
République Centrafricaine

Bernard Zama est né dans un village près de Carnot vers 1920 dans une famille de cultivateurs. Son père était un Bokoto et sa mère une Bianda.

Un jour, il y eut une grande famine dans le village qui obligea Zama et ses parents à partir pour aller s’installer à cinq kilomètres de Carnot. Un jour, il apprit qu’il y avait une mission suédoise qui venait de s’installer à Carnot. Il partit donc en 1935 pour se faire inscrire dans cette école missionnaire par Monsieur Gustave Erikson. L’enseignement se faisait dans la langue locale, le Bianda. Comme il parlait couramment le Bianda et le Bokoto, cela lui donna l’avantage de lire facilement le syllabaire en langue bianda.

En 1937, ayant appris qu’une école coloniale était installée à Bouar, il partit pour se faire inscrire dans cette école. Comme il n’avait pas de bourse pour ses études, il allait chez les musulmans pour laver leurs assiettes afin de trouver quelque chose à manger. En 1939, il quitta cette école pour venir à Baboua. C’était comme une aventure, car il ne savait pas où il allait.

A son arrivée à Baboua, il rencontra un homme de sa région du nom de Gbasadi qui était l’interprète de l’administrateur colonial. Ce dernier, un parent de la mère de Zama, l’inscrit à l’école. A cette époque, on recrutait seulement les enfants des chefs et des notables.

En 1942, il quitta cette école pour entrer dans une société de l’exploitation des mines. Son salaire était de quarante-cinq francs par mois. Comme il avait toujours un esprit d’aventure, il quitta cette compagnie pour se rendre à Batouri afin de continuer ses études. Il entra à Batouri dans une école de la mission adventiste du septième jour où il fit le cours élémentaire jusqu’au cours moyen deuxième année. Il quitta cette école pour regagner une compagnie d’exploitation des mines à Yidéré. Comme il était déjà lettré, il fut embauché comme comptable. Son métier était d’acheter des sacs de manioc et de les distribuer aux manoeuvres. Un sac de manioc coûtait 150 francs. Comme il avait la caisse de la compagnie avec lui, il s’adonnait à la boisson et dépensait l’argent de la caisse. On l’enleva de ce poste pour lui confier le poste du magasinier. Il avait comme salaire 100 francs par mois.

Il quitta cette compagnie pour se rendre à Bétare-Oya où il fit la connaissance du Pasteur Paul Darman. Ce dernier le conseilla de reprendre ses études. C’est ainsi qu’il partit pour Garoua-Boulai où il fit la connaissance des pasteurs Okland et Peterson. En 1947, il entra à l’école de Garoua-Boulai. Comme il avait déjà des notions de base de la langue française, on le choisit pour enseigner un cours d’alphabétisation pour débutants. En 1949, il commença à enseigner le cours du petit catéchisme. On lui donna une autorisation administrative pour le permettre de faire l’évangélisation dans chaque village. En effet, à cette époque, tous ceux qui voyageaient devaient subir un contrôle. Zama travaillait plus précisément dans les camps d’exploitation de ces compagnies d’exploitation minière. A chaque fois, il ramenait la dîme qui s’élevait à 100 ou 150 francs. Son salaire était de cinquante francs.

En 1950, il fut baptisé par le Pasteur Okland. Puis il fut envoyé à Betare-Oya comme catéchiste. Arrivé à Betare-Oya, Paul Darman lui confia la charge d’enseigner les enfants en français. Il n’était pas satisfait de ce travail à cause de son insuffisance dans la langue française. Il insista auprès du catéchiste Paul Darman pour qu’on l’envoie à l’école biblique.

Avant d’aller à l’école biblique, on l’envoya comme catéchiste dans un petit village à côté de la rivière Lom où il travailla de 1952 à 1954. Puis il fut affecté de nouveau à Bétare-Oya à la place du catéchiste Darman. En 1953 il se maria. N’étant pas satisfait, il voulait toujours aller à Baboua pour être formé à l’école biblique. Pendant qu’il était à Bétare-Oya, il était sans cesse en conflit avec ses diacres.

En 1956, il partit pour l’école biblique de Baboua. Il fut logé dans une cabane, tout en suivant les cours que dispensaient les Pasteurs Watne et Jergensen. Au cours de sa formation, il fut apprécié par ses professeurs, car à l’entrée de cette école, il avait déjà quelques notions en français et en Bible. Il était capable de réciter 150 versets par coeur. A l’époque, il y avait une alsacienne, Mademoiselle Wächter, qui était chargée d’enseigner les enfants. A cause de sa connaissance de la langue française, on lui demanda d’encadrer les enfants. Pour l’encourager dans ses études bibliques, Mademoiselle Wächter lui accorda une bourse de 700 francs.

En 1958, il passa le concours d’entrée à l’école de théologie de Meiganga mais il fut rejeté parce que sa congrégation d’origine, Bétare-Oya, ne lui donna pas de recommandation.

En 1961, il entra à l’école de théologie de Meiganga. Mais, auparavant, il fit une école préparatoire en langue française. En 1966, après ses études de théologie à Meiganga, il fut affecté comme professeur à l’école biblique de Baboua.

En 1970, à Koundé, il fut élu président de la région Est de l’EEL’CRCA à la place du Pasteur David Dombia. Il poursuivit le processus pour obtenir l’indépendance de l’église, demarré par le Pasteur Dombia pendant le synode à Woumbou en 1970. De ce fait, le Pasteur Zama et son secrétaire, le Pasteur Christensen, se mirent d’accord pour écrire une lettre aux conseil général de l’église qui avait son siège à Ngaoundéré afin d’obtenir l’indépendance de l’église. Ils proposèrent aussi des idées pour avoir de meilleures possibilités pour évangéliser en R.C.A.

L’église obtint son indépendance à Lokoti-Bangui en 1973. Le Pasteur Zama Bernard fut élu vice-président. En 1978, à Bossabina II, il fut élu président de l’Eglise Evangélique Luthérienne de la R.C.A., un ministère qu’il assuma jusqu’en 1982.

En 1975, il fut envoyé en Tanzanie pour participer à un séminaire sur la théologie contextuelle organisé par la FLM. La même année, il assista aussi à une conférence à Madagascar. En 1977, il assista à une discussion à un séminaire à Gaborone en Botswana sur l’autonomie des églises. La même année il repartit pour une autre conférence en Tanzanie à Dar-es-salaam. Au cours de cette conférence, il eut l’occasion de discuter l’intégration du projet agricole dans l’église luthérienne en R.C.A. avec les responsables du bord américain et de la FLM.

Quand il se trouvait aux Etats-Unis en 1977, il eut le même désir d’avoir un projet agricole dans l’église. Au cours de ce voyage, il exprima l’intention d’avoir d’autres partenaires pouvant travailler en R.C.A. Comme le français était la langue officielle en R.C.A., l’église souhaitait avoir des partenaires français pour s’occuper de la formation, car les américains avaient des problèmes de communication. Après la signature de la convention avec l’ANELF, les responsables proposèrent de nouer des contacts avec la mission de Hermannsburg pour réaliser l’envoi d’un missionnaire. En 1981, il invita aussi le secrétaire général de la mission danoise, Monsieur Jergensen, pour discuter des modalités d’une coopération entre ces deux églises.

Dans sa fonction de président, le Pasteur Zama travailla beaucoup pour l’épanouissement de l’église.

De 1982 à 1983, il enseigna de nouveau à l’école biblique. En décembre 1984, il fut affecté comme premier pasteur de la nouvelle paroisse de Bangui, le dernier poste qu’il occupa jusqu’à son départ à la retraite en janvier 1991.

Marcus Roser


Sources:

Interview avec le Pasteur Zama Bernard, Baboua, le 24 juin 1993.

Sources supplémentaires:

Archives de l’EEL’RCA

Archives de la Sudan Mission à Baboua :

Anderson Arthur, Rapport de la rencontre, Baboua, 1937.

Hilberth John, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 4.11.1937

Karlsson, Hilberth et Almstam, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 6.1.1938

Magnusson John, Lettre à la Sudan Mission, 24.3.1947

Procès-Verbal du synode constitutif à Lokoti-Bangui, 8.-11.4.1973

Procès-Verbal du deuxième à Béloko , 28.2-3.3.1974

Procès-Verbal du troisième synode à Bingué, 9.-11.4.1976

Procès-Verbal du quatrième synode à Bossabina, 14.-16.4.1978

Okland Andrew et Sand Lloyd, Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 21.8.1937

Okland A. et Sand L., Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 13.12.1937.

Okland A., Lettre à Gunderson, Meiganga, 21.2.1939

Svenson, Sundquist et Mjörnell, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 25.4.1945

Watne John, Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 15.12.1950. Archive de la SM à Baboua.

Blanchard, Yves et Noss, Philip. Dictionnaire Gbaya - Français. Meiganga: Centre de Traduction Gbaya, 1982.

Bulletin. Sudan Mission News. Minneapolis, 1949.

Bulletin. Sudan Mission News Bulletin. No. 2. Minneapolis, 1944.

Christensen, Thomas G. An African Tree of Life. New York: Orbis Books, 1990.

Christiansen, Ruth. For the Heart of Africa. Minneapolis, 1956.

Darman, Paul. “L’histoire de Mboula.” Non publié.

Haxaire, Claudie. Phytotherapie et Medicine Familiale chez les Gbaya-Kara. Montpellier: Académie de Montpellier, 1979.

Lode, Kare. Appelés à la Liberté, Histoire de l’Eglise Evangélique Luthérienne de Cameroun. Anstelveen, Pays-Bas: IMPROCEP, 1990.

Mogens, Jensen. To Maen Dog Der Es Mission. Kristiansfeld: Forlaget Savanne, 1992.

Muedeking, George H. “After 42 Years, Harvest in a Mahagony Jungle.” The Lutheran Standard. Minneapolis, October 1974.

Nzabakomanda-Yakoma, Raphaël. L’Afrique Centrale Insurgée, La guerre du Kongo-Wara 1928-1931. Paris: Harmattan, 1986.


Cet article, extrait de l’ouvrage Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons - Histoire de l’Eglise Evangélique Luthérienne de la R.C.A., copyright © 1996, rédigé par Marcus Roser, publié à Baboua, République Centrafricaine. Tous droits réservés.

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