Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Mboungou-Mouyabi, Émilienne (née  Niangui Loubota)

1957-1989
Église Évangélique du Congo
Congo

Mbougoun-Mouyabi, Emilienne

Enfance

Émilienne Mboungou-Mouyabi est née au Congo-Brazzaville, le 24 décembre 1957 à Kimongo Poste, dans la région du Niari. Fille de Loubota Mbinda Albert, diacre à l’annexe de Kimouelé au consistoire de Louila-Kimongo, [1] et de Dienze Tsimba Esther, paroissienne de l’annexe de Kimouélé, Émilienne est élevée dans une famille craignant Dieu. Aînée d’une famille de huit enfants, elle était pleine d’amour pour ses petits frères et sœurs et souhaitait leur réussite à tous points de vue. Son frère cadet, Misère Emmanuel Loubota se souvient d’elle en ces termes :

« Elle était une grande sœur de bonne moralité, gentille. Surtout elle était très souriante et aimait que ses petits frères soient toujours à ses côtés. Elle jouait le rôle d’une mère envers ses frères [et sœurs].» [2]

Émilienne a fait ses études primaires de 1965 à 1972, à l’école primaire Emery Patrice Lumumba de Kimongo. Elle continua ses études secondaires au Collège d’Enseignement Général (C.E.G) Sollat Hilaire de Kimongo. Disciplinée, très assidue et travailleuse, Émilienne a de très bonnes notes scolaires. Mais sa brillante progression scolaire connait une fin abrupte lorsqu’elle décide d’abandonner les études en 1974 alors qu’elle est en classe de cinquième. Cette décision n’est pas prise à la légère; en fait elle montre la maturité d’Émilienne à l’âge de quinze ans. Émilienne étant beaucoup «courtisée par les enseignants», décide de partir afin d’éviter de «tomber en tentation. » [3]

Notons ce fait déplorable: certains enseignants, en faisant des avances sexuelles auprès de leurs élèves mineures, sont la cause de l’arrêt des études, de maladies vénériennes, de grossesses non désirées ou d’une vie de promiscuité précoce pour plusieurs jeunes filles. Au lieu de compromettre son intégrité, Émilienne a préféré se retirer et marcher dans la crainte de Dieu. Elle a su prendre la décision qui était à sa portée pour protester contre une pratique qui avilissait et avilit encore aujourd’hui des jeunes filles, victimes innocentes. Elle nous a ainsi laissé un exemple éloquent d’obéissance au Seigneur.

Son appel

Au niveau de l’église, Émilienne était activement engagée dans son annexe et sa paroisse. Baptisée en 1972, elle est déjà à cette époque dirigeante de la chorale locale.

Apres avoir abandonné ses études, Émilienne se consacre à l’œuvre de Dieu.  Elle sent brûler en elle le désir de servir son Seigneur. A cette époque elle enseigne le catéchisme et elle est encadrée par l’évangéliste Jean Paul Makosso. Celui-ci ayant vu son dévouement au Seigneur et ayant perçu son appel, la recommande auprès du pasteur Roger Bavibidila, président du consistoire et responsable de cinq paroisses.

Ainsi, au cours de l’année 1974, Émilienne est nommée secrétaire consistoriale à Diambala [4] sous la direction du pasteur Bavibidila. Son désir de servir Dieu à temps plein s’affirme, ministère qu’aucune femme au sein de l’EEC n’a pu encore exercer, même si le conseil synodal avait voté la possibilité aux femmes de devenir pasteurs au sein de l’église. [5]

Notons qu’Émilienne n’est pas la première femme congolaise qui aspire à servir le Seigneur en tant que pasteur. En effet, depuis 1969, l’EEC accepte les femmes au ministère pastoral, même si les candidates n’ont malheureusement pas encore pu franchir les portes du séminaire de Mantsimou. Dans la paroisse Mbanza Tsibi, par exemple, à l’annexe Kimpala, une femme avait postulé pour devenir pasteur. Le poste lui fut refusé et elle n’eut même pas l’autorisation de servir en tant qu’évangéliste. [6] L’adversité contre le ministère pastoral féminin constituait un mur tenant les prétendantes à l’écart.

Devenir femme-pasteur est donc un pas important à franchir et le chemin n’est pas sans embûches pour la jeune Émilienne. Les difficultés commencent au sein de sa propre famille, comme l’explique son frère Misère Loubota : « Au début de sa vocation, les parents croyaient que c’était de l’aventure de voir une femme exercer le ministère pastoral. » [7] Cela a dû être un choc pour ses parents de voir leur fille se lancer sur ce territoire nouveau et probablement incertain et aléatoire à leurs yeux.

Même si l’abandon prématuré de ses études la fragilise sur le plan intellectuel, elle envisage de se présenter au concours pastoral. Déterminée, Émilienne parle de sa vocation à son pasteur. A la suite de quoi, le président du consistoire, Pasteur Bavibidila, la recommande au conseil synodal comme candidate au concours en même temps qu’Elie Ndagami et Ndala Joël.

Le Pasteur Bavibidila, fait preuve de sagesse et d’un esprit d’humilité devant Dieu. Il reconnait que cette jeune femme a des talents et le caractère requis pour servir son Dieu à temps plein; il décide de l’encourager et de l’encadrer.

En 1976, les trois candidats présentent le concours d’entrée au Séminaire Théologique de Mantsimou à Brazzaville,  Émilienne est la seule à être admise. [8] C’est un grand pas vers l’accomplissement de sa vocation. Le premier octobre 1976, la jeune Émilienne Niangui Loubota, âgée de dix-neuf ans, commence ses cours au séminaire de Mantsimou, seule femme parmi les hommes.

Sa formation pastorale

Son arrivée au séminaire constitue un tournant décisif dans sa propre vie et au sein de l’EEC. La formation pastorale a deux pôles : le pôle académique et le pôle pratique.

Formation théorique

Émilienne entre au séminaire pour suivre le cycle pré-pastoral (CPP), réservé aux étudiants qui n’ont pas le Brevet d’Études Moyennes Générales (BEMG). [9] Ayant le niveau de la 5ème, elle commence au CPP3, équivalent de la quatrième. Conformément au règlement du séminaire, arrivée en CPP4, elle  présente le BEMG comme candidate libre. Elle le réussit et obtient son examen de passage en classe supérieure. Elle poursuit donc ses études durant cinq ans.

Malgré cette réussite, l’adaptation n’est pas facile. C’est très intimidant de se retrouver seule femme parmi tous ces jeunes hommes comme elle le reconnait lors d’une interview avec Raymond Bitemo [10]: « Les débuts étaient difficiles. J’étais à certains moments complexée. » [11] Dans ce milieu complètement masculin, il lui faut donc briser ce mur de difficultés liées à l’adaptation. Après quelques semaines, Émilienne commence à se sentir à l’aise avec ses collègues de classe et ses professeurs. Elle l’affirme dans le même entretien : « Mais très vite, je me suis habituée à mes collègues que je considérais désormais comme mes frères et j’étais leur sœur. » [12]

Émilienne est une jeune femme au caractère personnel très marqué. Par exemple, dès son arrivée au séminaire, elle refuse d’intégrer, voire de côtoyer [13] le groupe des épouses des pasteurs en se disant « Que vais-je apprendre d’elles ?» [14] Loin d’être  orgueilleuse, Émilienne exprime un besoin fondamental, celui de passer du temps avec ses collègues de classe qui vont en partie contribuer à sa formation. Elle se sent acceptée et prend plaisir à partager et à étudier avec eux. Au fur et à mesure que les mois passent, détendue parmi ses collègues, Émilienne s’épanouit dans sa personnalité et trouve sa place. Voici ce qu’affirme le pasteur Tsibatala, un de ses collègues à l’époque : « Elle était un homme parmi les hommes, on ne pouvait pas la dominer.» [15]

Émilienne n’a pas peur de donner son opinion et fait preuve d’une bravoure et d’une honnêteté exceptionnelles. Le pasteur Moundanga se  souvient d’elle en ces termes : « Lorsqu’il y avait des incompréhensions ou de petits conflits entre nous, elle n’avait pas peur ni honte de dénoncer celui qui avait tort.» [16] Le pasteur Loussakou ajoute : « Elle ne mâchait pas ses mots ; quand ça ne marchait pas, elle le disait ouvertement et franchement.» [17]

Bien que souriante et accueillante, Émilienne est très sérieuse dans sa vocation et ses études. Sur le plan académique, elle se débrouille très bien. Ses collègues de classe reconnaissent qu’elle est intelligente et elle figure toujours parmi les six premiers de la classe.

Durant cette période, la présence d’une femme parmi les élèves-pasteurs est un choc pour certains. Lorsque l’illustre pasteur-évangéliste Ndoundou Daniel rencontre pour la première fois Émilienne Niangui Loubota parmi les élèves-pasteurs, il est scandalisé. Il appelle trois des leurs (Bamana, Yindoula, et Kibalou) pour s’enquérir du pourquoi de la présence dans cette institution de cette jeune femme. Ils lui expliquent avec conviction qu’elle poursuit comme eux ses études pastorales. L’ayant compris, le pasteur Ndoundou leur conseille alors de bien l’encadrer. [18] Les enseignants, les missionnaires, et les collègues de classe aident Émilienne à progresser sur le plan théorique.

Ses stages

De plus, dans le programme d’études, comme tous les autres pasteurs stagiaires, Émilienne doit consacrer deux mois chaque année, pendant la saison sèche, dans deux paroisses différentes pour un stage pratique. Émilienne effectue ses deux mois de stage dans les paroisses de Kimouélé et Kitsindi. Les évangélistes [19] (et parfois son frère) qui l’accompagnent et l’encadrent jouent un rôle important dans sa croissance spirituelle.

Elle est perçue comme une servante infatigable. Mme Balehola Jeanne, qui est à l’époque une jeune fille à l’annexe Kindounga (de la paroisse Kitsindi) se souvient bien de cette époque, car par manque de logement, elle et Émilienne cohabitent ensemble dans la même chambre. Voici comment elle décrit le travail d’Émilienne :

« Lorsqu’elle venait dans notre paroisse aux multiples annexes, elle passait trois jours par annexe, accompagnée par un évangéliste. Lors de ces tournées, elle présidait et prêchait aux cultes du matin (6h à 7h) et du soir (20h à 22h).» [20]

Émilienne est « éloquente en prédication ; elle a l’art de communiquer la parole de Dieu.» [21]

Lors de ses stages, Émilienne communique beaucoup avec les femmes de tout âge. Souvent on l’entend dire « Je suis venue pour vous les mamans et les jeunes filles. Venez à la fin du culte pour que l’on prie.» [22] Elle ne se lasse pas de parler, d’encourager, et de prier avec les unes et les autres. « Gentille, ouverte, souriante, accueillante, » [23] Émilienne ne se met pas sur un piédestal, mais participe humblement aux activités avec  les paroissiens.

Chaque mercredi de la première quinzaine du mois d’octobre, les élèves-pasteurs font un compte-rendu détaillé de leurs activités réalisées lors des stages, en plus du rapport écrit que chaque consistoire envoie au séminaire. Émilienne qui travaille comme les autres, y parvient aisément.

Être parmi les précurseurs est une tâche difficile; les défis et les obstacles abondent. Dans son ministère, Émilienne  rencontre des difficultés et une grande opposition. Elle le reconnait lors de son interview avec Raymond Bitemo.

Mais je dois souligner que l’apprentissage de tout métier est difficile. Les problèmes ne manquent pas. En ce qui me concerne, j’ai connu parfois des moments difficiles au cours de ma formation. Mais avec l’aide de Dieu, les conseils et les encouragements des pasteurs Nkounkou et Buana, j’ai pu franchir tous les obstacles. [24]

En tant que servante du Seigneur Jésus Christ, elle fait aussi l’expérience du passage de 2 Timothée 3:12 qui dit « Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés.»

Les cicatrices laissées par des moments d’incompréhension, l’humiliation, et les attaques sur sa personne et son ministère sont tellement profondes qu’on perçoit la douleur et la souffrance à travers les propos rapportés dans la préface de son mémoire soutenu à la fin de ses années d’études au séminaire.

« Depuis mon entrée ici, je reconnais que dans ce séminaire j’ai été quelque fois ridiculisé[e], injustement attaqué[e], injustement salie par certaines personnes. » [25]

Malgré ses persécutions,  Émilienne «court sa course.» En juin 1985, elle obtient son diplôme de pasteur, prête pour le service divin. Ces neuf années d’études et de formation pastorale à Mantsimou sont un sujet de joie et une grande première. Elle le dit lors de l’interview avec Raymond Bitemo: « Être pasteur a été pour moi un idéal. Je l’ai atteint et j’en éprouve un profond sentiment de joie.» [26]

A la fin de sa formation pastorale, l’église entière remercie Dieu pour sa bravoure et son endurance. Sa sortie du séminaire est qualifiée par Joseph Mandzoungou comme « L’ÉVÉNEMENT de toute l’histoire de l’EEC, » car c’est la première fois depuis le début de l’œuvre missionnaire suédoise au Congo qui a donné naissance à l’EEC qu’une femme accède au rang des pasteurs. [27] Et Raymond Bitemo, quant à lui, parle du « premier produit féminin » de l’EEC.

Le couronnement des études pastorales d’Émilienne ne se passe pas de façon inaperçue au niveau national. Le journal national Mweti publie un article qui commence ainsi : « Parmi les 27 élèves pasteurs sortant cette année du séminaire théologique de Mantsimou, une place d’honneur revient à Mme Mboungou-Mouyabi, née Niangui Loubota Émilienne.» [28]

Ses collègues se réjouissent de ses prouesses.  Le pasteur Jean Baptiste Milongo affirme qu’elle « est la fierté de notre promotion.» Le révérend docteur Dominique Tsibatala parle de «classe bénie.» Émilienne fait la fierté de sa famille et de son église. L’EEC formule des projets de l’envoyer en Suède pour continuer ses études. Émilienne est à l’honneur en ce jour et elle est acclamée comme le symbole d’un courant de changement soufflant au sein de l’EEC. Elle même visionne son  ministère pointant à l’horizon comme un signe d’ouverture pour les femmes au service pastoral et un mouvement de progrès au sein de l’EEC. Elle le décrit en ces termes :

La joie d’être la première femme-pasteur se traduit en moi comme un signe de croissance de notre église et une prise de conscience des chrétiennes à travailler davantage aux cotés des hommes pour l’avancement de l’œuvre du Seigneur. C’est pourquoi j’invite toutes les femmes, notamment les jeunes filles qui sentent la vocation de devenir pasteur, de ne pas reculer, mais de prier et de s’engager fermement, avec foi. [29]

Son mariage

Vers la fin de ses études, Émilienne est troublée par la question du mariage. Elle craint Dieu, marche dans la pureté de cœur et de corps, et recherche sa face. Émilienne ne veut pas épouser un laïc par crainte que celui-ci ne l’empêche un jour d’exercer librement le ministère pastoral auquel Dieu l’a appelée. [30]

A cette époque il y a trois élèves pasteurs célibataires ; elle et deux autres frères. Émilienne reçoit la proposition de mariage de la part de l’un des élèves pasteurs. Mais, à cause de l’opposition dans la famille et probablement d’autres facteurs, elle décline l’offre.

En 1982, le révérend docteur Pierre Mboungou-Mouyabi revient de France. En fait, en tant qu’étudiant en thèse de doctorat à Paris, Pierre est abandonné par son épouse d’alors qui le trouve trop pauvre. [31] De retour au Congo, c’est un père de famille meurtri et divorcé. Il est affecté au séminaire de Mantsimou où il enseigne le Nouveau Testament. C’est dans ce séminaire et dans le cadre de son travail qu’il voit pour la première fois Émilienne Niangui-Loubota, étudiante parmi ses étudiants. Quelques mois plus tard, il propose le mariage à celle-ci qui, encouragée et conseillée par le pasteur Madiata et sa femme, accepte la proposition.

Émilienne est une étudiante très brillante et ses professeurs voient le futur pour elle et pour l’EEC dans la poursuite de ses études. Par conséquent, son futur mariage avec Dr. Mboungou-Mouyabi déçoit certains dirigeants de l’église et probablement certains missionnaires, quelques-uns parmi eux allant jusqu’à verbaliser leur désapprobation, surtout que le pasteur Mboungou Mouyabi avait des relations conflictuelles avec certains de ses collègues et certains dirigeants de l’église.

Mais cela n’empêche pas le couple de célébrer leur mariage coutumier en 1982, à Kimouélé. Puis le 30 janvier 1984, leur mariage à l’état civil est conduit par le président de la cour Dimynat Diangala à Dolisie. Ils deviennent ainsi le premier couple pastoral de l’EEC.

Émilienne est heureuse d’avoir épousé un serviteur de Dieu, quelqu’un qui a la même vision qu’elle pour les âmes perdues et pour l’œuvre de Dieu. Elle le confie à Raymond Bitemo lors d’une interview : « Ma joie est complète d’avoir un époux pasteur qui partage les mêmes aspirations que moi. Cela me réconforte énormément.» [32]

En tant qu’épouse et mère, Émilienne est une femme bienveillante et travailleuse. Elle s’occupe des enfants de son mari, leur enseigne ce qu’elle a reçu. Sa belle-fille Viviane Kombo, se souvient d’elle par ces mots « Nous avons vécu cinq années pleines et riches en émotions au quotidien. Elle a été une mère et le jour de sa mort, ce fut un terrassement. » [33] Pasteur Ruth-Annie Mampembe-Coyault, son autre belle-fille parle de « femme plutôt discrète, très travailleuse de ses mains : à Mouyondzi, elle s’occupait de ses plantations elle-même, en plus de son ministère pastoral. » [34] En se rappelant de leur vie commune, veuf Mboungou-Mouyabi parle avec nostalgie de « cinq ans de paix et de joie pastorale. » [35]

A la fin de ses études, Émilienne et son mari sont envoyés dans le consistoire de Kolo pour commencer leur ministère pastoral.

Son ministère

Le procès-verbal du Conseil synodal de l’EEC à Brazzaville, du 3 au 5 juillet 1985, affecte le pasteur Pierre Mboungou-Mouyabi et son épouse au consistoire de Kolo. A cette époque certaines personnes au niveau des autorités de l’église ne veulent pas qu’un couple pastoral serve dans la même paroisse. Monsieur et Madame Mboungou-Mouyabi sont donc affectés dans des paroisses différentes. Il a la responsabilité de deux paroisses : celle de Mouyondzi et celle de Kinguala, en plus de la jeunesse du consistoire ; alors que sa femme est responsable de la paroisse de Mouzanga.

Émilienne est prête à mettre en pratique les paroles de sagesse qu’elle a prononcées quelques mois auparavant lors d’une interview avec Raymond Bitemo :

Diriger une paroisse, c’est diriger des hommes. C’est une tâche difficile certes, mais l’essentiel est que le travail soit organisé et les responsabilités bien définies. Le pasteur est toujours aidé dans sa tâche par les conseillers, les diacres, les diaconesses et les fidèles eux-mêmes qui sont tous ses collaborateurs. [36]

Émilienne quitte son mari et ses belles filles et part pour sa paroisse de service. Elle est bien accueillie par ses paroissiens et elle sert son Seigneur de tout son cœur. Cependant, Mouzanga est une zone très paludéenne et assez primitive. L’accès à l’eau potable et à la nourriture nécessite des efforts considérables en distance et en travail. Vivre à Mouzanga représente un défi réel pour elle. Viviane, qui a visité cette paroisse avec sa belle-mère, s’en souvient :

On l’a envoyée dans un village éloigné de Mouyondzi. Elle a quitté son foyer et est allée dans ce village servir le Seigneur. Elle revenait toutes les deux semaines environ. C’était un vrai challenge pour elle en tant que femme. Les conditions de vie dans ce village étaient très rudimentaires ; je me souviens, je suis allée là-bas une fois avec elle. Mais les paroissiens s’assuraient qu’elle ait de l’eau et de la nourriture ; choses qui étaient difficiles à avoir. Elle a eu un très bon contact avec les fidèles dans ce village. [37]

Émilienne sait en qui elle a cru et c’est avec joie qu’elle proclame l’évangile de Jésus Christ au milieu de ces circonstances. Elle est très ouverte dans ses prédications. De sa voix douce et captivante, elle partage avec la congrégation ce que Dieu met dans son cœur, s’efforçant de faire comprendre les mystères de la parole de Dieu à ses auditeurs. Parfois, à la fin de ses sermons, elle demande à ce qu’on lui pose des questions auxquelles elle répond promptement. [38]

Courageuse et déterminée, elle traite ses paroissiens et ceux qui viennent en contact avec elle avec compassion. Émilienne n’aime pas le mensonge ; elle est connue pour son caractère franc et véridique. Les gens sont attirés par son charisme et sa personnalité. C’est une rassembleuse des masses. Elle accomplit son ministère avec dévouement et efficacité et elle y met de la bonne volonté, même si la séparation d’avec sa famille pendant une certaine partie du mois est un sacrifice considérable. Émilienne est une « femme de raison » ; une « femme exceptionnelle. » [39]

Après avoir servi à Mouzanga pendant un certain temps, Émilienne devient susceptible aux crises de paludisme comme le reste de la population. Le médecin du coin « un peu paniqué » [40] à cause de la recrudescence des crises de paludisme dans la région, suggère à l’EEC que c’était un peu risqué pour une jeune mère de vivre dans ces conditions. Apres considération, Émilienne est affectée à Mouyondzi où elle sert avec son mari. Cependant les bons moments passés à Mouzanga ne sont pas oubliés. Les femmes peuvent servir Dieu en tant que pasteur au même point que les hommes, « le mythe est brisé. » [41]

Le ministère à Mouyondzi prend une forme différente ; Émilienne partage à présent les responsabilités de la paroisse avec son mari. La vie pastorale n’est pas toujours facile, surtout sur le plan financier. Avec un salaire mensuel de 28.000 frs CFA (et 55.000 frs CFA pour son mari), Émilienne cultive des plantations de manioc et d’arachide pour suppléer aux besoins de sa famille. Pendant deux ans de service dans le consistoire de Kolo, elle fait preuve d’une passion pour paître le troupeau. Elle est souvent sur le terrain, allant et parlant où l’église a besoin de ses services.

En tant que première femme pasteur, le ministère d’Émilienne ne s’arrête pas seulement au niveau de sa paroisse. Deux ans après son travail pastoral dans le consistoire de Kolo, en 1987, elle est détachée de sa paroisse pour animer le département de l’œuvre féminine de l’EEC dont le siège se trouve au sein de la direction de l’EEC à Brazzaville. L’œuvre féminine présidée par Mme Sikou Philomène, a pour objet le bien-être des femmes, ou comme le dit David Mboungou « la lutte pour les droits et les devoirs de la femme. » [42] Cette nomination cause une certaine tension dans sa famille et son mariage car elle est souvent en déplacement entre Mouyondzi et Brazzaville pour faire face aux demandes de ce nouveau rôle. Mme Loubamba, qui était une amie très proche, se souvient de cette époque en ces termes :

On se voyait souvent. J’étais membre du bureau national de l’œuvre féminine. Elle y a travaillé. Elle avait toujours une vision. Elle faisait des tournées avec Maman Sikou Philomène. [43]

Au cours de cette même année 1987, au mois de mars, Émilienne est consacrée pasteur de l’EEC avec ceux de sa promotion. Le jour de sa consécration est mémorable pour les femmes de l’EEC et celles du Congo ; un grand évènement historique pour l’EEC ; un grand pas en direction du changement. Mme Loubamba capture bien ce moment historique: « Les femmes étaient dans la joie et à l’honneur; et on a fait des dons. On a crié de joie quand on l’avait consacrée. » [44] Ce ne sont pas seulement les femmes de l’EEC qui saluent la première femme pasteur de l’EEC, mais l’église entière célèbre son premier « produit féminin. »

Il est important de mentionner que le ministère d’Émilienne est profondément influencé par sa vie de prière. Elle puise sa force et son inspiration en Dieu. Ses parents à Kimouélé reconnaissent cette dimension de sa vie :

C’est par des prières qu’elle est arrivée à être pasteur. [Lorsqu’elle] était dans les préparatifs de son concours, toutes les lettres qu’elle adressait aux parents, elle n’oubliait pas de demander de beaucoup prier. La prière l’a fait parvenir. Elle aimait la prière. Elle priait parfois seule, ou dans des groupes de prière. [45]

Monique Loubassou affirme : « C’était une femme de prière. » Et l’évangéliste François Mvoumbi-Poungui renchérit : « Elle avait des dons spirituels et aimait la prière. »

Sa mort

En 1988, les autorités de l’EEC décident que les cinq meilleurs étudiants de la promotion de 1985 feront le concours d’entrée à la faculté théologique protestante de Yaoundé au Cameroun. Comme elle fait partie du groupe, Émilienne se rend à Brazzaville en janvier 1989 pour préparer et présenter ce concours. Elle est alors enceinte de son deuxième enfant.

Peu après son arrivée au séminaire, elle est atteinte de paludisme et se fait soigner par une infirmière suédoise. Comme sa santé ne s’améliore pas, son époux se rend précipitamment à Brazzaville pour être avec elle. On l’emmène à l’hôpital de Makélé-kélé où les examens médicaux montrent qu’elle est atteinte d’anémie et d’hypertension artérielle. En outre son col de l’utérus est ouvert et elle court le risque de voir sa grossesse se terminer en une fausse couche. Elle est alors hospitalisée le 21 février 1989.

Le 10 mai elle accouche par césarienne. Mais, après son accouchement, sa tension artérielle reste dangereusement élevée. Quinze jours plus tard, le 25 mai 1989 à 16h30, Émilienne Mboungou-Mouyabi, âgée de trente-deux ans, entre dans le repos éternel.

L’annonce de sa mort est reçue comme un choc qui paralyse les membres de l’EEC. Laissons la parole à Raymond Bitemo qui a su capturer l’atmosphère du moment : « La nouvelle de sa mort se répand le soir même dans la capitale comme une onde dont la brutalité du choc ébranle les chrétiens et surtout les femmes qui fondent presque toutes en larmes. » [46]

Sa disparition affecte profondément ceux de sa promotion, sa famille, et l’église. Son mari ne s’est jamais remis de sa mort ; il ne s’est pas remarié et à travers notre interview on se rend compte que sa douleur transparait encore aujourd’hui. Le pasteur Jean Baptiste Milongo dit « Sa mort, je l’ai apprise dans le train entre Mindouli et Missafou. [Quand] on m’a annoncé cela, j’ai failli tomber. Je me suis rendu à Brazzaville. » [47] Le pasteur Tsibatala affirme « Elle a laissé un vide pour notre promotion ; c’était un choc. Jusqu’à aujourd’hui ce regret est encore présent. Elle était la première à nous quitter, très jeune elle nous a quitté. » [48] Mme Loubamba témoigne ainsi : « Elle nous a quittés un soir ; son départ brusque m’a secouée. » [49]

Sa mort a laissé un vide immense au niveau du consistoire de Louila-Kimongo et jusqu’à ce jour son départ prématuré est regretté. [50] Sa mère, qui a pris soin du bébé, traumatisée par le décès prématuré de sa fille et accablée par le chagrin, a passé environ cinq ans dans le deuil et elle ne veut plus qu’aucun de ses enfants ne devienne pasteur.

La veillée mortuaire qui s’est tenue à Brazzaville, dans la paroisse de Bacongo, était remplie de chrétiens de l’EEC et des fidèles des églises catholique, salutiste, et kimbanguiste. Lors de cette veillée, la prière désespérée d’une chrétienne exprime l’état d’esprit et les pensées de beaucoup:

Seigneur, dans nos églises il y a beaucoup de pasteurs hommes, et on n’avait que celle-ci comme pasteur femme. Pourquoi n’as-tu pas choisi de prendre un pasteur parmi les hommes et laisser la seule et la première femme pasteur ? Dieu, tu n’es pas juste. [51]

Cinq jours plus tard, accompagné par un long cortège de centaines de personnes, le corps d’Émilienne est mis dans le train qui le conduit à Dolisie, puis dans le camion qui l’amène à Kimouélé. C’est dans la consternation, la douleur, et la prière que son corps est enseveli dans le cimetière familial.

Le décès prématuré de la première femme-pasteur de l’E.E.C. est une tragédie. Certaines femmes au niveau du consistoire de Louila-Kimongo qui  désirent servir Dieu en tant que pasteurs renoncent à leur appel par crainte qu’elles ne finissent par mourir aussi. L’évangéliste Mvoumbi résume leurs sentiments en ces mots : « Dans le consistoire les gens ont des vocations, mais des vocations qui souffrent. Les femmes surtout, lorsqu’elles pensent à cela [sa mort], elles se désistent. » [52]

Aux yeux de ceux qui l’aiment, Émilienne ne devait pas mourir ; elle avait encore du travail à faire. Elle a laissé dans les cœurs de beaucoup, un vide qui ne peut pas être comblé. Toutefois, Émilienne est allée vers son Dieu et son Seigneur pour s’entendre dire «Entre dans ton repos, bonne et fidèle servante.»

Conclusion

Émilienne Niangui Loubota a eu un court ministère, mais sa vie laisse un impact considérable, une signature positive qui interpelle encore aujourd’hui. Elle avait un fardeau et une vision pour les femmes de l’EEC qui revenait souvent sous forme du leitmotiv suivant: Kilokola ya bakento me kulunga (l’heure des femmes a sonné) ; « Nous devons faire le service divin ; pas seulement moi, mais toutes les femmes après moi. » [53]

Son ambition et sa prière étaient de voir le Seigneur toucher la société congolaise à travers une cohorte de femmes pasteurs. Ainsi, elle ne cessait d’encourager les jeunes femmes à servir le Seigneur dans l’église. Ce message était joyeusement reçu par les femmes de l’EEC, ravies d’avoir enfin une femme pasteur.

Son empreinte au sein de l’EEC est indélébile et énorme. Comme l’a su le dire le pasteur Alphonse Loussakou, « Elle a brisé le mythe de la non recevabilité des femmes au ministère pastoral. » [54] Le docteur Tsibatala renchérit, «Son témoignage devait servir à comprendre que ce n’est pas l’habit qui fait le pasteur. » [55]

Son exemple a aidé de nombreuses sœurs à franchir le pas décisif vers leur ministère pastoral. Monique Loubassou, qui est devenue la deuxième femme-pasteur de l’E.E.C., en est un exemple. Voici son témoignage :

En 1985, lors de leur sortie du séminaire, notre chorale de Mayangui est venue chanter au culte de clôture de l’année académique du séminaire de Mantsimou. En la voyant, je me suis dit en moi-même, alors que la vocation pastorale brûlait en moi depuis des années : pourquoi ne puis-je pas être comme cette femme pasteur ? Si elle a osé, je peux aussi le faire. [56]

La vision que Dieu a ouverte devant Émilienne était grandiose et ambitieuse ; et cette vision c’était de voir ses sœurs en Christ devenir servantes du Seigneur dans le ministère pastoral. Elle l’a démontré par l’exemple de sa propre vie, et d’autres ont suivi. Pasteur Ruth-Annie Mampembe-Coyault renchérit dans la même lancée : « Je pense que son exemple a beaucoup marqué les femmes de l’EEC et leur a permis de comprendre que c’était possible pour elles de servir Dieu en tant que pasteurs. » [57]

Il est bon de noter que la toute première femme à satisfaire au cours pastoral n’a pas été Émilienne. Celle-ci dont le nom reste dans l’oubli est acceptée à l’époque ou le séminaire se trouve encore à Ngouedi, mais elle ne persévère pas à cause du péché dans sa vie, et elle est renvoyée. [58]

Émilienne ne fait pas honte à son Seigneur ; elle ne déshonore ni son église ni sa famille. Elle laisse un témoignage exemplaire d’une femme dévouée à son Seigneur et dont le désir le plus profond est de le servir de tout son cœur. Elle ouvre le chemin aux autres femmes pasteurs, et l’EEC lui doit beaucoup. Pasteur Laurent Loubassou affirme : « Comme elle n’avait pas trahi sa vocation, sa contribution principale, à mon avis, aura été un encouragement pour l’EEC à continuer d’accepter des femmes au ministère pastoral à plein temps. » [59] Le Pasteur Tsibatala résonne avec lui en disant « C’est grâce à elle qu’on a aujourd’hui d’autres femmes pasteurs. » [60] Aujourd’hui l’Église Évangélique du Congo compte quinze femmes-pasteurs et évangélistes.

Émilienne Niangui-Loubota est un symbole de l’émancipation de la femme au niveau de l’EEC et de la lutte contre le sexisme prévalant. A travers elle, le Seigneur a montré qu’il peut utiliser les femmes autant que les hommes à son service. Son entrée dans le ministère pastoral apporte un souffle nouveau au sein de l’EEC. Elle est à la hauteur de la tâche qui lui est confiée. Son courage, son enthousiasme et sa détermination ouvrent la porte à d’autres femmes pour le service divin. A nos yeux sa mort est prématurée, mais Dieu a accompli son dessein dans sa courte vie. Que nos cœurs ne puissent pas oublier cette femme exceptionnelle, servante du Seigneur Jésus Christ.[61]

Médine Moussounga Keener [62] et Eliser Moussounga


Notes:

  1. Ce nom est tiré du cours d’eau Louila et du district de Kimongo.

  2. Misère Loubota, interview par l’auteur, 24 novembre 2010, Brazzaville.

  3. Misère Loubota, interview.

  4.  Le consistoire de Diambala s’appelle à présent consistoire de Louila-Kimongo.

  5.  Le procès-verbal du conseil synodal de l’Église Évangélique du Congo, réuni à Brazzaville du 18 au 20 mars 1969, sur la proposition du Séminaire de Matsimou, fait état à a la page 16 de l’adoption du principe de l’admission des jeunes filles au séminaire.

  6.  Entretien avec le Pasteur Alphonse Loussakou, 16 novembre 2010,  Brazzaville.

  7.  Misère Loubota, interview.

  8. François Mvoumbi Poungui, interview par l’auteur, 26 janvier 2010, Brazzaville.

  9. L’obtention de ce diplôme permettait d’aller au lycée.

  10. Nous voulons ici exprimer notre gratitude à Monsieur Raymond Bitemo, journaliste au journal Le Chemin. Grace à ses nombreux articles, documentaires et photos, nous possédons un trésor historique immense de l’Église Évangélique du Congo.

  11. Propos recueillis par Raymond Bitemo dans Le Chemin, numéro 12, juillet-septembre 1985, p. 11.

  12. Bitemo, Le Chemin.

  13. Milongo Jean Baptiste, interview par l’auteur, sans date.

  14. Propos rapporté par le Pasteur Moundanga Bititi Dominique (son collègue à l’époque), le 23 janvier 2011, Brazzaville.

  15. Tsibatala, interview par l’auteur, 9 décembre 2010, Brazzaville.

  16. Moudanga Bititi Dominique, interview par l’auteur, sans date.

  17. Alphonse Loussakou, interview.

  18. Souvenir rapporté par le Pasteur Alphonse Loussaka, sans date.

  19. Lors de ses stages, les évangélistes suivants l’accompagnaient à tour de rôle: Tongo Felix, Tsimba Mboukou Zebedee, Dilou Maurice, Moussitou Gabriel, Toubi Benjamin, Bayekola Raymond, Jean Paul Mouissila, Mboumba Philippe, Makoundou Damas.

  20. Mme Balehola, interview par l’auteur, 23 novembre 2010, Brazzaville

  21. Moundanga, interview.

  22. Mme Balehola, interview.

  23. Mme Balehola, interview.

  24. *Le Chemin, *#12 p. 10.

  25. Mboungou-Mouyabi, Émilienne “La conception de notre père selon Martin Luther,” (mémoire, Séminaire Théologique de Mantsimou, 1985), p.1.

  26. Le Chemin, numéro 12, p.11.

  27. Le Chemin, numéro 12, p. 10.

  28. Mweti, numéro 1193, 5 juillet 1985, p. 4.

  29. Le Chemin, numéro 12, p. 11.

  30. Mboungou Mouyabi, interview par l’auteur, mars 2010, Mouyondzi (Congo).

  31. Mboungou Mouyabi, interview.

  32. Le Chemin, numéro 12, p. 11.

  33. Viviane Kombo, interview par l’auteur, par email, 12 juillet 2010.

  34. Ruth-Annie Mampembe-Coyault, interview par l’auteur, par email, 16 juillet 2010.

  35. Mboungou Mouyabi, interview.

  36. Le Chemin, numéro 12, p.11

  37. Viviane Kombo, interview.

  38. Moyo Jean Claude, interview par l’auteur, 24 novembre 2010, Brazzaville.

  39. Tsibatala, interview.

  40. Mboungou Mouyabi, interview.

  41. Tsibatala, intervew.

  42. Le Chemin, numéro 28, p.2.

  43. Mme Loubamba, interview par l’auteur, 5 janvier 2011, Brazzaville.

  44. Loubamba, interview.

  45. La famille Loubota, interview par l’auteur, 2010, Kimouélé.

  46. Le Chemin, numéro 28, p.4.

  47. Milongo, interview.

  48. Tsibatala, interview.

  49. Mme Loubamba, interview.

  50. Wilfrid Moussitou, interview par l’auteur, 23 novembre 2010, Brazzaville.

  51. Prière rapportée par Misère Loubota, frère de la défunte.

  52. François Mvoumbi Poungui, interview par l’auteur, sans date.

  53. Mme Balehola, interview.

  54. Loussakou, interview.

  55. Tsibatala, interview.

  56. Monique Loubassou, interview.

  57. Coyault, interview.

  58. Loubamba, interview.

  59. Laurent Loubassou, interview.

  60. Tsibatala, interview.

  61. Le pasteur MBoungou-Mouyabi a fini par se remarier avec Pauline Ngounga et il habite actuellement à Brazzaville.

  62. Le désir d’écrire la biographie de la première femme pasteur de l’Église Évangélique du Congo (EEC) est né en parcourant “La biographie des pasteurs de l’église évangélique du Congo,” publié en 2009, alors que j’écrivais l’article sur le pasteur Mboungou Jean. Dans ce livret j’ai remarqué que la personne du pasteur Émilienne Mboungou-Mouyabi (née Niangui Loubota) n’y figurait pas. Cela m’a conduite à me poser des questions suivantes : Pourquoi n’y était-elle pas ? Qui était-elle ? Qu’a-t-elle fait ?

Je ne suis pas la seule personne à avoir rencontré cet obstacle. Le Pasteur Monique Loubassou évoque des difficultés similaires lorsqu’elle affirme : “Ma soutenance de fin de séminaire portait sur l’œuvre l’Œuvre Féminine. Tout au long de mes recherches, personne n’a pu me renseigner davantage sur elle [Émilienne Niangui Loubota] et son œuvre.” (Interview par l’auteur, 22 novembre 2010, Brazzaville)

Et le pasteur Jean Baptiste Milongo remarque que « l’église entière n’a pas assez de souvenirs sur cette femme. » (Jean Baptiste Milongo, interview par l’auteur, 20 janvier 2011, Brazzaville)

Le rôle de la première femme pasteur de l’EEC est trop important pour qu’elle soit oubliée et reléguée au passé.  C’est ainsi que le Pasteur Eliser Moussounga de l’EEC et moi-même avons décidé d’écrire cet article.  Nous voulons exprimer nos sincères remerciements à toutes les personnes qui ont bien voulu répondre à notre questionnaire et nous ont ainsi permis de revisiter la vie de cette femme remarquable.

L’entrée des femmes au ministère pastoral constitue un point marquant au sein de l’église universelle en général et de l’Église Évangélique du Congo en particulier. Pour ces pionnières, qui ont eu parfois à braver les pressions socio-culturelles de leurs pays et d’autres obstacles religieux, c’était une période très complexe de leur existence et de leur ministère. Acclamée dans Mweti (Le journal le plus populaire au Congo dans les années 1980. La première femme pasteur y fait la une dans le numéro 1193, du vendredi 5 juillet 1985) comme « femme-pasteur » et dans Le chemin (Le journal de l’Église Évangélique du Congo. Dans son numéro 12, juillet-Septembre 1985, figurait à la une photo de la première femme pasteur de l’EEC) par l’expression « Enfin une femme pasteur, » Émilienne Niangui Loubota est devenue une figure emblématique de l’EEC ; une pionnière dans le ministère pastoral.

Autres sources:

Bakissa, Jeanne Rose (pasteur de l’EEC), interview par l’auteur, 2 novembre 2010, Brazzaville (Congo).

Oniangue, Jules Albert (pasteur de l’EEC), interview par l’auteur, 5 novembre 2010, Brazzaville (Congo).


Cet article de 2012 est le produit des recherches de Dr. Médine Moussounga Keener, Coordinatrice de Family Formation à Asbury Theological Seminary à Wilmore, Kentucky, U.S.A. et d’Eliser Moussounga, pasteur de l’Église Évangelique du Congo, Congo Brazzaville.