Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Ndoundou, Daniel
Daniel Ndoundou est né le 11 mai 1911 à Kindamba, dans la région de Madingou (Congo Français), située à la frontière entre le Congo (aujourd’hui Congo-Brazzaville) et le Zaïre (devenu République Démocratique du Congo). Son père, Nsemi Ndoundou, n’accepta jamais la foi chrétienne. Sa mère Bouanga, par contre, avait publiquement déclaré sa foi en Jésus Christ en devenant catéchumène et elle éleva ses enfants dans la foi chrétienne.
Influencé par la foi de sa mère, le jeune Daniel choisit de suivre Jésus Christ et fut baptisé le 6 juin 1923 à la station missionnaire de Kingoyi, à l’âge de douze ans.
Daniel commença ses études à l’école primaire catholique de Kimbenza (Zaïre) de 1922 à 1925, pour ensuite les continuer de 1925 à 1929 à l’école primaire catholique de Kingoyi (Congo-Brazzaville). Il travailla ensuite comme contrôleur de train sur la ligne du chemin de fer Matadi-Kinshasa (Zaïre) pour payer ses études. De 1929 à 1930, Daniel étudia à l’école biblique de Mukimbungu au Zaïre.
En 1931, alors qu’il était âgé de vingt ans, Ndoundou Daniel reçut l’appel de Dieu. Il fut convaincu par le Saint Esprit d’abandonner son travail de contrôleur de train et de repartir dans sa région natale pour servir son Seigneur. Il commença donc à travailler comme enseignant de la Bible avec la Mission Evangélique Suedoise de Ngouédi, allant de village en village et enseignant la foi chrétienne. A cette époque de sa vie, Daniel commença à avoir des rêves et des visions dans lesquels Dieu lui demandait d’évangéliser son peuple. L’une de ses visions importantes eût lieu le 5 novembre 1931. Daniel vit une multitude de personnes répondant au son d’une clôche venant du ciel. Puis, les personnes furent divisées en deux groupes: ceux qui étaient “purs” et ceux qui étaient “impurs.” [1]
Le réveil spirituel de Daniel Ndoundou était influencé par le reveil spirituel zaïrois de 1921 avec Simon Kimbangu,-réveil qui s’est répandu au Congo-Brazzaville entre 1922 et 1939. Raymond Bwana Kibongui, qui est devenu plus tard un des présidents de l’Église Évangélique du Congo, déclara que “Daniel Ndoundou est le lien normal entre 1921 et 1947.” [2] Daniel pria avec ferveur afin que Dieu lui accorde de la sagesse et le prépare pour la tâche qu’il avait reçue dans la vision.
De 1933 à 1936, Daniel Ndoundou étudia au Séminaire de Ngouédi. De 1941 à 1943, il repartit au Zaïre pour terminer sa formation théologique au Séminaire théologique de Kimpese. En juin 1945, il fut ordonné pasteur de l’Église Évangélique du Congo à Dolisie.
Dans sa vie de famille, Daniel Ndoundou eut beaucoup de tristesse et de souffrances puisqu’il devint veuf deux fois. Mais en 1954, Daniel épousa en troisième mariage Mpombo Henriette, enseignante à l’école primaire.
En 1947, le mouvement charismatique zaïrois traversait une période difficile, notamment avec l’emprisonnement de son leader, Simon Kimbangu. Durant la même année, la Mission Evangélique Suédoise faisait face aux conflits sociaux entre missionnaires étrangers et chrétiens congolais, ce qui devint une cause de sécheresse spirituelle pour un temps. Par conséquent, les séminaristes congolais et les missionnaires suédois se mirent à prier pour un réveil spirituel. Le 19 janvier 1947, Dieu répandit son réveil spirituel au Séminaire de Ngouédi, après la fervente prière de l’étudiant Raymond Buana Kibongui qui fut touché par le passage de Jean 3 v. 16 sur lequel prêcha le pasteur suédois John Magnusson. Après la prédication, Buana et un autre homme offrirent à Dieu une prière extatique. Sa prière fut suivie par une repentance sincère de la part de beaucoup d’étudiants: il y eut la confession des péchés, l’abandon des fétiches et l’expérience de la paix et de la joie qui sont le résultat d’une relation personnelle avec Dieu. L’année où ces événements se passaient au Séminaire de Ngouédi, Ndoundou servait comme pasteur dans la région.
Le réveil spirituel qui avait commencé à Ngouédi, se répandit dans d’autres paroisses de la Mission Evangélique Suédoise, à travers le Congo. Afin de prévenir une mauvaise utilisation des dons spirituels, le conseil synodal choisit Daniel Ndoundou et Raymond Buana Kibongui pour diriger le réveil spirituel. Ndoundou devint très vite le leader le plus proéminent du réveil.
A partir de 1948, Daniel Ndoundou et trois autres (André Pandzou, Marie Yengo et Véronique Nsondé) s’engagèrent à temps plein dans le movement de réveil. Ndoundou et son équipe avaient fait de Loutété et Ngouédi leur base de travail. Les gens venaient des différentes régions du Congo et du Zaïre pour obtenir de l’aide sur le plan physique, social, matériel et spirituel. Ils voyageaient à pied, par train ou par autobus. Daniel Ndoundou avait acquis une réputation de grand serviteur de Dieu, rempli du Saint Esprit. Il avait particulièrement le don de savoir prendre soin des gens concernant leurs besoins spirituels et humains. Il exerçait en particulier les dons de prophétie, de guérison, de prédication et de langues. En 1948, par exemple, Milandou Simone, paralysée des deux jambes, fut guérie après que le Pasteur Ndoundou a prié pour elle. [3] Il avait aussi un don spécial par lequel il pouvait pénétrer les pensées les plus secrètes d’une personne.
Ndoundou, qui cherchait sans cesse les âmes perdues pour le royaume de Dieu, prêcha dans presque toutes les régions du Congo. Pendant ses retraites spirituelles, les enfants et les jeunes étaient inclus, car il avait des sessions spéciales pour eux. Ndoundou travaillait sans arrêt pour son Seigneur Jésus Christ, allant parfois plusieurs jours sans sommeil ni repos. Il était l’âme du mouvement de réveil au Congo Français (Congo-Brazzaville). Son amour pour Christ et pour les personnes créées à l’image de Dieu le poussait à de grand sacrifices. Que ce soit le jour ou la nuit, Daniel recevait chaque personne avec le même respect, sans discrimination de sexe, de groupe ethnique, d’âge ou de statut social. Il écoutait patiemment les doléances, priait et encourageait ses visiteurs à travers la paroles de Dieu. Ndoundou prêchait toujours l’unité parmi les chrétiens venant de differents groupes ethniques, ce qui lui valut le surnom de vukamakanda (l’unificateur des tribus).
En 1955, Ndoundou reçut dans une vision l’ordre divin d’organiser une grande conférence pour l’édification spirituelle à Kindamba (son lieu de naissance), à laquelle tous les chrétiens protestants du Congo seraient invités. La réunion fut un grand succès. À partir de cette année, il organisa la même conférence tous les deux ans.
Ndoundou avait une vision claire de la situation de son pays. Il priait pour l’indépendance du Congo et pour une église congolaise indépendante qui continuerait à collaborer avec les missionnaires et les églises suédoises. Il encouragea l’agriculture et l’élevage parmi les chrétiens congolais afin de les préparer à assumer leurs responsabilités pour la future église indépendante.
Ndoundou établit des slogans pour aider l’église à saisir la vision. Par exemple, il utilisait le slogan “Sala-sambila, sambila-sala” (travaille-prie, prie-travaille) pour encourager les chrétiens à réaliser leur autonomie financière et matérielle et “Sikama, siama, tatamana, ndungunu” (réveille-toi, sois ferme, persévère, victoire) pour le réveil spirituel. Chaque fois qu’il prenait la parole, Ndoundou prononçait à haute voix le premier mot du slogan et l’église scandait le reste.
En 1960, il fut nommé le pasteur-évangéliste national de l’Église Évangélique du Congo. Il assuma cette fonction jusqu’à sa retraite en 1984. En 1961, il devint le vice président de l’Église Évangélique du Congo.
En 1970, le ministère de Ndoundou prit une tournure internationale quand il voyagea en Europe et visita les églises scandinaves. En 1974, la Communauté Evangélique du Zaïre l’invita pour une tournée d’évangélisation au Bas Zaïre.
Ndoundou avait aussi ses critiques. Certains pasteurs disaient qu’il organisait ses réunions pour des raisons d’orgueil, d’autres affirmaient qu’il utilisait de la divination religieuse pour les pensées des gens. Peut-être qu’ils agissaient par jalousie par rapport aux multiples dons que Dieu avait donnés à Ndoundou. Quelles que soient les motivations derrière ces critiques, il faut toutefois reconnaître que Ndoundou, comme tout serviteur de Dieu, avait ses faiblesses et qu’il a certainement commis des erreurs dans sa vie et dans son ministère.
En 1984, sa santé se dégrada et il eut un accident cardio-vasculaire causé par une hausse de tension artérielle. En 1985, il partit en France pour des soins médicaux à l’Hopital de Monferneil (Paris). Mais le 6 janvier 1986 il s’endormit dans le Seigneur.
Daniel Ndoundou était un instrument remarquable entre les mains de Dieu pour amener beaucoup de congolais à la foi en Christ. Bien que n’ayant pas fait d’études théologiques supérieures, le pasteur Daniel Ndoundou était un “homme selon le cœur de Dieu”. Le Docteur Efraim Andersson, missionnaire avec la Mission Evangélique Suédoise au Congo Français de 1929 à 1949, et qui connaissait personnellement Ndoundou, le décrit comme ayant un “don très spécial pour toucher les cœurs des hommes.” [4]
Dans la brochure publiée par le groupe de jeunesse “Cercle Biblique Evangélique de la paroisse Tié-Tsié” de Pointe Noire, sur l’Église Évangélique du Congo, Daniel Ndoundou est le seul serviteur de Dieu décrit comme étant “tout un symbole du réveil spirituel” dans l’église. [5] Il a légué un impressionnant héritage spirituel à l’Église Évangélique du Congo.
Médine Moussounga Keener
Notes:
- Célestin Bissila, Vie du réveil du Pasteur Daniel Ndoundou à la mission de Ngouédi; quel enseignement pour l’Église du 21ème siècle? (Pointe Noire: Éditions LMI, s.d.), 15.
- Raymond Buana Kibongui, A l’écoute du Saint Esprit (Pointe Noire: Éditions Sueco, 2002), 43.
- Église Évangélique du Congo, Ngouédi a 60 ans; historique des 90 ans d’évangélisation par la Mission Evangélique Suédoise et l’Église Évangélique du Congo (Pointe Noire: Imprimerie IAD, Congo, 1991), 27.
- Efraim Andersson, Churches at the Grass-Roots: A Study in Congo-Brazzaville (London: Lutterworth Press, 1968), 75.
- Église Évangélique du Congo, Connaissances sur l’Église Évangélique du Congo (EEC): de l’arrivée des missionnaires à nos jours, (Pointe Noire: Editions LMI, Congo, 2002), 13.
Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches de Dr. Médine Moussounga Keener, maître de conférences à Eastern University à Philadelphie, Pennsylvanie, U.S.A.