Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Agotre, Emmanuel

1943-2002
Communion Anglicane (Église du Congo)
République Démocratique du Congo

Agotre est né en 1943 à Agambi, Collectivité des Otso, Territoire d’Aru en République Démocratique du Congo. Son père Omele était policier. La maman de Agotre fut rendue enceinte pendant qu’elle se trouvait encore chez ses parents. Quand on l’interrogea pour connaître le père de l’enfant, elle cita beaucoup de garçons. Tous refusèrent de la prendre en mariage, excepté Omele. Ceux qui avaient refusé préféraient seulement dédommager la famille avec une vache.

L’enfant qui naquit fut appelé Agotre. Ce nom, en langue lugbara, signifie “beaucoup de maris”: ago veut dire “mari” et tre veut dire “beaucoup.” Ce nom était bien choisi puisque plusieurs maris furent cités pour sa mère.

Lorsque Omele épousa une deuxième femme, la mère d’Agotre décida de rentrer chez ses parents à Ofo en amenant son fils. Agotre grandit donc chez ses oncles maternels.

Agotre ne fit que deux ans d’école primaire. Il travailla comme “boy” chez un commerçant indien. (Le mot “boy” est utilisé dans le milieu pour désigner les jeunes gens qui travaillaient à domicile chez les missionnaires ou chez les patrons.)

En 1959, Agotre alla en Ouganda pour chercher de l’argent, abandonnant ses femmes à elle-mêmes. Il rentra en 1966 et épousa une autre femme avec laquelle il eut deux enfants. Les filles aimaient beaucoup Agotre qui était très renommé pour ses adultères. Cette dernière épouse mourut. Agotre rendit enceinte une autre fille qui mourut à cause de la grossesse. Cela obligea Agotre à fuir en Ouganda pour éviter d’être emprisonné. Il se réfugia dans une plantation de thé à Bugambe (Ouganda). Là, il travailla comme aide-chauffeur de tracteur et épousa une femme ougandaise avec laquelle il n’eut pas d’enfants. De retour au Congo, il épousa deux autres femmes qui mirent au monde chacune un enfant. En plus de ces deux femmes, il prit aussi la femme de son frère défunt.

En 1979, il travailla comme sentinelle au siège de l’O.N.U. à Aru (Rép.Dém.du Congo). Plusieurs décès dans la famille poussèrent Agotre à croire en Jésus. Il se convertit à la Communauté Évangélique au Centre de l’Afrique de Leri. On lui refusa le baptème à cause de sa conduite et de son état polygame. Lorsque l’Église anglicane arriva dans son village, il céda sa maison pour servir de lieu de culte. Il participa activement à la construction de la chapelle de son village d’Ombi et devint l’un des anciens de cette chapelle. Puis il devint président de l’école de dimanche au niveau de toute la paroisse d’Aru. Finalement il se maria religieusement à maman Louise Odharu. Ils eurent trois enfants.

C’est surtout la prédication de groupe de réveil “Wokovu” qui amena Agotre à un changement spirituel total. Il confessa ses péchés et se consacra désormais à servir le Seigneur de tout son cœur. Pendant qu’il dirigeait l’école de dimanche, il fut également l’initiateur de petits projets de développement. Par exemple, il reboisa le terrain de son église. Il était très apprécié pour ses offrandes: moutons, chèvres, produits agricoles.

Après cela, il fit l’école biblique anglicane d’Aru et fut affecté comme catéchiste à la chapelle Duku/Aru. Là, il fut très apprécié et il entreprit beaucoup de projets comme la construction de la chapelle en matériaux durables. En 2002, ses chefs hiérarchiques l’envoyèrent de nouveau poursuivre des études bibliques à Aru. Pendant qu’il était à l’école biblique la mort l’emporta subitement le 17 avril 2002 après une courte maladie.

Les chrétiens de son église se souviennent bien de lui car il leur inculqua la notion de l’offrande à Dieu et de la confession des péchés. Il apprit à ses paroissiens à demander pardon pour les fautes commises. Tout le monde se souvient d’Agotre qui est passé de la vie pécheresse à la vraie conversion et à la vie consacrée au service divin.

Zaba Taga


Sources:

Alio Samuel, directeur de l’école biblique anglicane d’Aru.

Angwezu Alfred, directeur de l’école de dimanche à Aru.

Drani Isaya, chrétien à la chapelle Duku.

Atia Ezekia, chrétien à la chapelle Duku.

Ombadriko Etsoni, chrétien à la chapelle Ombi.


Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches de Zaba Taga, étudiant en théologie sous la direction du Révérend Yossa Way. Ce dernier est professeur de théologie et coordinateur de liaison du DIBICA à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia/Aru, Rép. Dém. du Congo) ainsi que récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2001.