Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Regedri, Eguma

1937-2000
Communion Anglicane (Église du Congo)
République Démocratique du Congo

Eguma naquit en 1937 à Obali/Abedju. Son père, Regedri, était une autorité politico-administrative dans le milieu et un chef de groupement Okapi dans la collectivité des Zaki. Sa mère s’appelait Abiria Magdala.

Le nom Eguma, qui signifie “méprisé,” lui fut donné par ses parents car il naquit avec un seul testicule et selon la tradition du milieu il était un porte-malheur. On l’amena dans la brousse pour l’abandonner pour qu’il soit dévoré par un lion. En faisant cela, selon la coutume, on écartait le malheur que ce “monstre” apportait à la famille. Cependant, après que le bébé eut passé une nuit dans la brousse, son oncle Dradjua Elikana décida de le ramener à la maison. Le postnom, Regedri, signifie “transporté sur un brancard.” En effet, le père d’Eguma naquit dans le village de sa mère et fut transporté par la suite dans son propre village.

La mère de Eguma fut l’une des trois premières femmes à être baptisées dans le milieu. Lorsque le chef Regedri apprit que son épouse Abiria et les deux autres femmes s’étaient inscrites au catéchuménat, il fut très irrité et leur infligea une sanction : elles devaient abattre un grand arbre avec la hanche. Il était contre le christianisme et ne voulait pas que ses sujets y adhèrent. Lorsque le jour de baptême fut annoncé, Regedri s’était préparé à faire plus du mal à sa femme au cas où elle accepterait d’être baptisée. Mais juste avant le début de la cérémonie de baptême, son chef hiérarchique, l’administrateur du territoire d’Aru, l’invita d’urgence à Aru (une distance d’au moins trente kilomètres). Regedri devait donc partir sur le coup. Ainsi, son épouse fut baptisée en son absence et il était lui-même convaincu que c’était Dieu qui avait fait cela. Il finit par se convertir lui aussi au christianisme.

Eguma Regedri était un enfant calme, poli, et intelligent. A cause de cela, il hérita le trône de son père après la mort de celui-ci. Il ne fit que cinq ans d’école primaire.

Il se maria à la maman Senya Dozu en 1952. Il eurent quatre garçons et une fille.

Eguma Regedri travailla en tant qu’enseignant à l’école primaire de 1954 à 1955. Il était militaire de 1960 à 1962 et chauffeur de véhicule de 1963 à 1964. Puis, entre 1969 et 1970, il était dirigeant du parti politique MPR dans sa localité. Après la mort de son père en 1971, il devint chef de groupement. De 1998 jusqu’à sa mort en 2000, il était juge de groupement en même temps que chef de village et ancien de l’Église.

Eguma Regedri se convertit au christianisme en 1949 à la station missionnaire Adi grâce à l’évangélisation du pasteur Yosefata de la Communauté Evangélique au Centre de l’Afrique. Mais en 1969, il décida d’abandonner la foi chrétienne pour se fier au fétichisme. Son souci était la protection et le renforcement de son pouvoir coutumier.

Après une longue vie païenne, il retourna à la foi chrétienne en 1992. Il adhéra cette fois-ci à l’Église Anglicane du Congo. Il commença une église dans sa maison qui est devenue aujourd’hui la paroisse Andrebu. En sa qualité de chef, il pouvait facilement mobiliser tout le monde pour les travaux de construction de l’église.

Il est mort le 10 mars 2000, suite à une longue et pénible maladie.

Belombe Bayoma


Sources Orales:

Enzama Obhitre, cousin d’Eguma Regedri, interview du 8 juin 2003 à Aru.

Adoroti Eguma, fils d’Eguma Regedri, interview du 30 mai 2003 à Andrebu.


Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches de Belombe Bayoma, étudiant en théologie sous la direction du Révérend Yossa Way. Ce dernier est professeur de théologie et coordinateur de liaison du DIBICA à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia, Rép. Dém. du Congo) ainsi que récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2001.