Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Kapini, Aaron Colon

1910-1983
Église du Christ au Congo (Cbco)
République Démocratique du Congo

Aaron Kapini Colon naquit vers 1910 à Nganga, dans la Province du Bandundu en République Démocratique du Congo. L’unique fils de Bwamo et de Mumbayidi, Kapini n’a jamais connu son père, qui est mort très tôt. Il vécut avec sa mère, qui était diaconesse de la paroisse de Mayoko. Il apprit de sa mère beaucoup de choses concernant l’agriculture, la pisciculture, et l’élevage.

Pour assurer son avenir, sa mère, qui était une femme de ressources, décida de confier Kapini à monsieur Madioko, alors infirmier à l’hôpital missionnaire de Vanga. Ce dernier prit aussi en charge les études de Kapini, qui travailla également comme garçon de chambre chez un médecin blanc. Ce travail lui permit d’apprendre la cuisine occidentale.

Kapini a fait ses études primaires à Vanga de 1920 à 1926 avant de s’inscrire à l’Ecole des Moniteurs de Kimpese dans la province du Bas-Congo (1927-1930). Il a épousé Colombine Miniemi en 1940, et ils ont eu huit enfants dont cinq filles et trois garçons. Kapini fut baptisé en 1925 à Vanga, une grande mission baptiste.

Après ses études, il commença sa carrière d’enseignant dans une école de la mission. Les dirigeants ont reconnu ses dons considérables, et il devint directeur d’école, dirigeant successivement les écoles de Kimbundinga, Molembe, Kimbinga, et Moliamba. Il fut le premier congolais à occuper ces fonctions dans son milieu. Dans l’exercice de ses fonctions, il se fit accompagner de l’évangéliste missionnaire Jump qui s’occupait de l’aspect spirituel des écoles. Cette stratégie l’influença et l’orienta vers le ministère de l’évangélisation. Il se mit aussi à faire comme son compagnon, annonçant avec zèle l’Évangile aux enseignants et à leurs élèves. C’est ainsi que les responsables de l’église cernèrent sa vocation pastorale. Il fut le premier pasteur noir à être ordonné par l’American Baptist Foreign Mission Society (ABFMS) [Société américaine baptiste des missions étrangères] en 1957.

Deux ans avant son ordination au ministère pastoral, Kapini reçut la carte de mérite civique qui lui donna le rang d’évolué, l’équivalent du rang social des blancs. Il voyagera pour la première fois aux États-Unis en 1958 pour un séjour d’études de six mois. Avec le départ des occidentaux aux approches de l’indépendance, en 1959, Kapini fut nommé représentant légal adjoint de l’ABFMS.

En 1962, à cause de son influence dans l’église et de son savoir faire, mais surtout son honnêteté, Kapini fut désigné le premier secrétaire général et représentant légal de l’Association des Eglises Baptiste du Congo Ouest (ADEBCO) connue actuellement sous le nom de la Communauté Baptiste du Congo Ouest (CBCO).

Après son mandat, en 1970, il continua avec son ministère pastoral en assumant des responsabilités de paroisses dans la ville de Kinshasa. En dépit des dispositions conventionnelles des missions protestantes (qui s’étaient réparties la ville de Kinshasa, rendant ainsi impossible l’implantation des églises en dehors de l’aire géographique de l’ADEBCO), Kapini forma des cellules de maison parmi ses anciens élèves qui vivaient à Lemba, à Ngaba, à Ndjili, et à Kingasani. Ces cellules sont devenues de grandes paroisses.

Il implanta également des églises dans le plateau des Bateke, à plus de 80 km de Kinshasa, un milieu qui était très hostile à l’évangile. Il accomplit son ministère d’implantation d’églises à pied avant que l’église ne fût dotée d’un véhicule plusieurs années plus tard. Kapini brilla tellement par sa bonne gestion qu’on lui donna le surnom de Santu Kapini c’est-à-dire Saint Kapini.

Kapini se donna aussi aux actions de développement social. Il initia le dispensaire de Kintambo qui existe encore aujourd’hui sous le statut d’un des grands hôpitaux de la capitale de la République Démocratique du Congo. Cette institution hospitalière a étendu ses dispensaires dans les paroisses de la ville de Kinshasa et au plateau des Bateke.

A Vanga dans le Bandundu, il forma les fermiers pour l’élevage, la pisciculture et les plantations de café. Sa femme apprit la fabrique du pain aux autres femmes de la mission. La plupart de celles qui le font encore aujourd’hui sont les héritières de cette initiative.

Kapini était très écouté par la communauté. Il était partisan de l’unité entre les deux branches rivales de la CBCO, basées l’une à Bandundu, et l’autre au Bas Congo. C’était un grand modérateur dans la résolution des conflits.

Kapini est mort le 23 décembre 1983 à l’hôpital de Vanga. A sa mort, il laissa un héritage dont les fruits demeurent : l’Institut de Milundu, le centre agricole de Lusekele, les fermes, les plantations de café, les étangs, la fabrique du pain par les mamans, et les paroisses de la CBCO au plateau de Bateke.

Kitiaka Sipol Paulin


Sources:

Romain Mikwete, interview, 4 juin 2007. Mikwete fut compagnon de Kapini.

Nodier Kapini, interview, 6 juin 2007. Nodier est le fils aîné de Kapini.

Nono Mindua, interview, 6 juin 2007. Nono est la belle-fille de Kapini.


Cet article reçu en 2008 est le produit des recherches de Paulin Sipol Kitiaka. Pasteur Kitiaka est étudiant en missiologie au Centre Universitaire de Missiologie à Kinshasa-R.D.Congo sous la direction du Rév. Fohle Lygunda, coordinateur francophone du DIBICA.