Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Kulukila Lusasi, Rodolphe

1956-1993
Église de Mangembo
République Démocratique du Congo

Kulukila Lusasi Rodolphe–Rony pour les intimes–a vu le jour le 15 avril 1956 à Kikwit dans la province de Bandundu, au Congo Belge (actuellement la République Démocratique du Congo). Il est le fils de Kulukila Jean et de Ledi Astrid, qui eurent sept enfants (deux garçons et cinq filles) dont Kulukila Lusasi Rodolphe était le cadet. Il est né après quatre filles à qui il manifestera un attachement particulier pendant sa vie sur terre. Kulukila en kimbala signifie “ un homme éveillé. “ Aussi ce n’est pas surprenant qu’à un âge assez précoce Kulukila Lusasi Rodolphe soit un garçon éveillé à soi et au monde.

A l’âge de la scolarité, il se distinguait par son intelligence et un sérieux assez rare chez les enfants de son âge. Ainsi, à Vanga, toujours dans son Bandundu natal, il fera un parcours sans faute lors de ses études primaires et secondaires qu’il abordera avec brio, jusqu’à l’obtention de son diplôme d’état qui constitua pour lui un visa pour entamer ses études universitaires à Kinshasa. En 1979, il débarqua à Kinshasa et fut admis à l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information (ISTI) où il décrocha, cinq ans après, son diplôme de licence en journalisme. Il fit quelques mois de stage à la “ Voix du Zaïre “ (actuellement la Radio-Télévision Nationale Congolaise ou RTNC en sigle) avant de trouver un premier emploi à l’Office de Promotion des Entreprises du Zaïre (OPEZ).

A Kinshasa, Kulukila Lusasi Rodolphe fut gagné au Seigneur à la faveur d’une campagne d’évangélisation dans un groupe de prière fonctionnant sur 5032, rue Mangembo dans la commune de Bandalungwa. C’était en l’an 1986. C’est dans ce groupe de prière qu’il rencontra son épouse Josiane Mubobo.

Alors que dans les années 1980, à Kinshasa, les jeunes gens ne s’adonnaient pas aux choses de Dieu–généralement considérées comme l’apanage des vieilles personnes et des gens dépassés ou démodés–le jeune Rodolphe, s’attacha à Dieu après sa conversion. Ce jeune homme colérique, imbu de lui-même, se métamorphosa en un homme tolérant, posé, discipliné, disponible, aimant Dieu et la prière, et s’abstenant de choses du monde. Il prit example sur ses aînés dans la foi qui lui inculquèrent les rudiments de la vie chrétienne et l’aidèrent à s’enraciner dans la foi. Et, petit à petit, il va commencer à assumer des responsabilités au sein du groupe. Par lui, plusieurs vinrent se joindre au groupe et se convertirent. Il se consacra à l’œuvre de Dieu en dépit de ses autres occupations professionnelles.

Dans le groupe de prière, il était au four et au moulin. Eloquent, maniant avec facilité le français, l’anglais, le lingala, le kikongo et le kimbala, il était à la fois prédicateur, enseignant de la parole de Dieu, et intercesseur. Ses prédications étaient souvent accompagnées des manifestations de la puissance du Saint-Esprit comme la délivrance ou les guérisons–les marques d’un évangéliste puissant.

Un jour, en l’an 1993, alors que le groupe de prière passait par une crise consécutive à un conflit de leadership, Kulukila Rodolphe fut propulsé à la tête du conseil des anciens appelé à conduire la période transitoire au bout de laquelle le groupe devait passer du statut de groupe de prière à celui d’église. Son dévouement, son sens de responsabilité, et ses conseils jouèrent pour beaucoup en cette période tumultueuse. Mais, il ne verra pas l’aboutissement de cette œuvre pour laquelle il s’était donné tant de peines et de privations.

Un dimanche après le culte dominical, il se sentit mal et se confia à son épouse. D’emblée il se crut victime d’une crise de malaria et prit un traitement approprié. Mais, de jour en jour son mal empirait au point qu’il fut amené en catastrophe à l’Hôpital Maman Yemo (actuellement l’Hôpital Général de Kinshasa) où il fut admis dans la salle d’urgence puis dans la salle d’opération. Le médecin ne fera rien de plus que constater sa mort survenue après un endommagement de ses intestins, un dommage jusqu’à nos jours inexpliqué. Pendant que certains conclurent qu’il était mort victime de la fièvre typhoïde non détectée à temps, d’autres soulevèrent la thèse d’un empoisonnement. Lorsqu’il mourut, il était agent du Service National d’Intelligence Présidentiel (SNIP), un service de sécurité du président de la République, Maréchal Mobutu Sese Seko.

Kulukila Lusasi Rodolphe mourut le 8 novembre 1993 à 21 heures, après une semaine et un jour de souffrance, laissant une veuve enceinte. Gradi Kulukila, sa fille, naîtra quelques mois après sa mort. Depuis ce jour, le groupe de prière a continué à croître au point de devenir aujourd’hui une église, l’Eglise de Mangembo, une église pentecôtiste d’initiative africaine, de plus de sept mille membres en République Démocratique du Congo, avec des extensions dans d’autres villes du pays et à l’étranger (Grande Bretagne, Canada, Belgique, et Allemagne).

Laurent Kalombo Tshindela


Sources:

Mme. Josiane Mubobo, veuve de Kulukila Lusasi Rodolphe, interview, le 27 novembre 2005.

Mr. Ferdinand Makoka, neveu de Kulukila Lusasi Rodolphe, interview, le 28 novembre 2005.


Cet article, reçu en 2006, a été écrit par Laurent Kalombo Tshindela au séminaire DIBICA en Novembre 2005 à Kinshasa sous la direction du Révérend Fohle Lygunda li-M. Celui-ci est directeur exécutif du Centre Missionnaire au Coeur d’Afrique (www.cemica.org) à Kinshasa (Rép. Dém. du Congo) et coordinateur régional du DIBICA pour l’Afrique francophone.

L’auteur, Laurent Kalombo Tshindela, est diplômé d’études supérieures en philosophie et directeur de publication du journal La Saison de l’Eglise de Mangembo ainsi que coordinateur de liaison DIBICA à l’Eglise de Mangembo.