Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Lembelembe Lubingo, Schadrack

1936-1996
Eglises Libres de la Pentecôte en Afrique
République Démocratique du Congo

Schadrack Lembelembe naquit en 1936 à Kihonvu-Kalambi, dans la collectivité - chefferie de Luindi, en territoire de Mwenga, province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo.

En 1946, il fit une première expérience de la plénitude du Saint-Esprit mais il ne fut baptisé d’eau que quatre ans plus tard, en 1950. A la mort de son père en 1949, monsieur Betsy Hoas, un missionnaire norvégien, le prit en charge tant sur le plan matériel que spirituel. Lembelembe devint de plus en plus mûr dans la foi et en 1951 il commença son ministère comme évangéliste successivement à Kalambi, à Kigogo, et à Kasika. Il fut consacré ancien de l’église de Kalambi avant d’être désigné assistant du pasteur titulaire Philippe Mbavu Kifungo quelques mois plus tard.

En 1969, il fut commissionné pour ouvrir un nouveau champ missionnaire dans la province de Maniema. Il s’installa dans la cité de Samba, territoire de Kasongo. Deux grands obstacles ont rendu sa la tâche très difficile: le fétichisme des autochtones et l’extrémisme des musulmans. Tous ceux qui ont fréquenté ce coin du pays connaissent l’adage célèbre des Kambelembele (ressortissants du Maniema) qui dit : “Shoka ililungula mpini ukabaki,” litteralement “la hâche a brûlé et le manche (en bois) est resté intacte.” Cette expression illustre à quel point la population de cette contrée est réputée en matière de sorcellerie et de fétichisme. Lembelembe fut combattu de toutes parts et sur tous les fronts et personne ne voulait s’en approcher. Il n’est pas facile de commencer une œuvre comme celle-là, surtout dans un milieu aussi hostile fermé à tout effort de pénétration.

Devant cette épreuve, Lembelembe implora le Seigneur de frapper les habitants de cette contrée d’une maladie qui ne pouvait guérir que s’il imposait ses mains sur les malades. Dieu exauça sa prière. Le résultat fut tel que les gens guéris par imposition des mains n’ont plus douté un seul instant et ont accepté Jésus comme Seigneur et Sauveur. A leur retour, ces nouveaux convertis n’ont pas hésité à encourager d’autres à accepter le message de cet homme de Dieu. Des conversions en cascade se produisirent parmi les musulmans. Telle fut l’origine de la naissance de l’église protestante dans ce milieu.

Lembelembe fut intensément utilisé par le Seigneur pour sauver des âmes et pour opérer des faits prodigieux comme au temps du prophète Elie–une preuve que Dieu est le même, hier, aujourd’hui, et éternellement. Il a eu une vie comblée et mais aussi souvent troublée par les attaques des forces occultes sur sa progéniture. Malgré ces rudes épreuves, sa foi est restée inébranlable.

En 1953, il épousa Magdaleine Wakonenwa, et cette union produisit onze enfants dont quatre seulement sont encore en vie (deux garçons et deux filles). Un jour, une femme qui s’était convertie vint lui demander pardon pour avoir tué leur enfant par envoutement dans le but d’obliger Lembelembe à quitter le village où il exerçait son ministère. Pour preuve, la femme lui exhiba une partie de l’avant-bras de l’enfant tué.

L’œuvre fit tache d’huile et en décembre 1976 il s’installa à Kindu, le chef-lieu de la province du Maniema. A partir de ce lieu, il a pu sillonner toute la province pour implanter des nouvelles églises de la Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique (CELPA). Au fur et à mesure, l’œuvre s’est répandue dans les provinces voisines du Katanga, du Kasai, et de la province Orientale, toujours en République Démocratique du Congo. Suite à son influence et à l’impact de son ministère, Lembelembe fut invité au Norvège pour y annoncer la bonne nouvelle en 1981.

Affaibli par le diabète pendant plus de vingt ans, Lembelembe vit ses jours progressivement finir. Durant les deux dernières semaines de sa vie, il entreprit une tournée de toutes les églises de sa communauté se trouvant à Kindu. A l’occasion, il présenta ses adieux aux fidèles, en leur disant qu’il “faisait un voyage à la grande ville.” Au téléphone, il dit la même chose à son fils Josué Lembelembe en insistant, sans en donner un sens, sur la date du 21 janvier 1996. Personne n’a pu discerner qu’il parlait de sa mort.

C’est dans les oraisons funèbres du 22 janvier 1996 que les gens ont compris que “le voyage à la grande ville” était une référence à sa mort. Une multitude de personnes a participé à ses funérailles. On rapporte qu’aucune personnalité avant lui n’avait été pleurée comme lui dans cette ville de Bukavu.

Butikima Mwendelwa Léon


Bibliographie

Gazeti la kweli, Shahidi presse (Février 1996).


Cet article, reçu en 2006, est le produit des recherches de Butikima Mwendelwa Léon sous la direction du Révérend Fohle Lygunda li-M, coordinateur régional de DIBICA pour l’Afrique francophone. Butikima Mwendelwa Léon est le coordinateur de liaison de DIBICA de la Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique (CELPA), République Démocratique du Congo.