Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Mompoko mo-Ikombo, Antoine Daniel

1918-2001
Église du Christ au Congo (Cbfc)
République Démocratique du Congo

Mompoko mo-Ikombo Antoine Daniel naquit le 18 octobre 1918 à Ikoko Bonginda dans le secteur de Lac Tumba, province de l’Equateur, en République Démocratique du Congo. Issu d’une famille de deux filles et deux garçons, Mompoko était l’avant dernier de la famille. Ses parents, Ikomba Thomas et Pauline Iyeka, ont éduqué leurs enfants dans un environnement chrétien lié aux œuvres missionnaires baptistes.

A cause des actions accomplies dans son ministère, beaucoup ont reconnu Mompoko comme un apôtre.

En langue Ntomba, le nom Mompoko désigne un lieu de concertation des sages. Ce nom a marqué le caractère de Mompoko qui a acquis aussi bien la sagesse que l’intelligence–deux vertus qui l’ont rendu utile à sa société. Dix ans lui ont suffi pour terminer ses études primaires et secondaires puisqu’il commença ses études primaires à l’âge de douze ans et termina ses études secondaires à l’âge de 22 ans. De 1940 à 1944, il suivit la formation d’instituteur à Kimpese, au Bas-Congo, avant d’être orienté et soutenu financièrement par les missionnaires pour sa formation pastorale dans la même ville. On rapporte que Mompoko devait cette faveur des missionnaires non seulement au fait que son père était catéchiste au service des missionnaires, mais aussi à sa bonne conduite. C’est ainsi qu’une bourse lui fut octroyée pour poursuivre sa formation supérieure en théologie en Angleterre.

Beaucoup attestent que sa conversion résulta d’une action progressive de transformation accomplie par Dieu, mais soutenue par un apprentissage au ministère de l’église. Il a d’abord commencé à servir l’église avant de se convertir ! A l’âge de quinze ans déjà, même avant sa conversion, Mompoko fut sélectionné par les missionnaires pour les assister dans le programme des cultes de dimanche. La prestation de ce jeune ne laissa personne indifférent. Il savait jouer son rôle dans la direction des cultes. Cinq ans plus tard, en plein culte, le prédicateur du jour fut secoué par une diarrhée qui l’obligea de quitter le culte sans avoir la force ni la disponibilité de prêcher. Mompoko se retrouva seul sur l’estrade de la chapelle. Ne sachant que faire, tout l’auditoire encouragea Mompoko à partager la parole de Dieu ce jour-là à la place du missionnaire malade. Le jeune homme s’est vu obliger d’improviser sa première prédication dans un grand culte dominical. Ce fut là le début d’une aventure qui inaugura une carrière menée avec brio. Le même jour dans la nuit, une voix lui fut adressée en songe en ces mots : “Mompoko, viens à moi et tu seras mon serviteur.” Cet appel au ministère le conduisit d’abord à une prise d’engagement à recevoir Jésus dans sa vie comme son sauveur et son Seigneur en 1938.

A l’issue de cette expérience, Mompoko se mit à prêcher le message d’amour et d’unité accompagné des miracles qui ne cessaient de s’opérer chaque fois qu’il eut l’occasion de parler au nom du Seigneur à son peuple réuni. Beaucoup se convertirent, d’autres furent miraculeusement guéris. Il y eut même des moments où l’on parlait en langues lors des réunions spirituelles qu’il dirigeait, une pratique qui ne caractérisait pas souvent la foi baptiste de son temps. Parmi ses passages bibliques clés, Mompoko privilégiait les trois principaux suivants : 1 Corinthiens 13, Jean 3 v. 16, et Exode 14 v. 14. Aucune de ses prédications ne passait sous silence le paragraphe ci-après qu’il avait l’habitude de citer en entier ou en partie : “Rien n’a de la valeur sans amour. L’amour prime sur tout. Même si on a le don de prophétie, même si on parle les langues des hommes ou des anges, s’il faut distribuer ses biens ou livrer son corps pour être brûlé, cela ne sert à rien sans amour. C’est parce que Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.”

Grâce à son niveau d’instruction ainsi qu’à son dévouement pour l’œuvre du Seigneur, Mompoko passa pour un leader d’opinion incontestable dans une des communautés (dénominations) chrétiennes en proie à la scission survenue au lendemain de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. Cette stature poussa les délégués à le désigner secrétaire général de la communauté du moyen Congo après le départ abrupte des missionnaires occasionné par les événements qui ont suivi l’indépendance du pays. Avec son message d’amour et d’unité, mû par une vision missionnaire d’atteindre toutes les nations, Mompoko était enflammé par la passion d’étendre son église non seulement dans son pays, mais aussi dans d’autres pays. Il travaillait aussi sans relâche à l’unification des parties dissidentes de sa communauté (dénomination). Toute cette passion motiva les délégués de l’assemblée générale à l’élire finalement secrétaire régional de la Communauté Baptiste du Fleuve Congo dans la ville de Kinshasa.

Mompoko fut cependant sujet à des perturbations d’ordre psychologique et moral. Les décès de sa mère, de son père puis de ses deux enfants survenu dans des circonstances difficiles en l’espace de trois ans ont constitué autant d’événements bouleversants. Il se pourrait même que la relation avec son épouse était devenue par moment une épreuve dans son engagement. Malgré cela, cet homme de Dieu n’a pas rompu avec la vision qu’il avait pour l’œuvre du Seigneur. Il a joué le rôle d’un apôtre car, sous son initiative, beaucoup d’églises locales ont vu le jour partout où il passait. A Kinshasa par exemple, il a implanté des églises locales à Matete, Maluku, Bandal, Ile-Mbambo, Kinseso, Selembao, Kinkole, et Ozone.

Son ministère ne s’est pas simplement réduit aux actions spirituelles et Mompoko a également fait la promotion des activités de développement économique pouvant subvenir aux besoins quotidiens des membres d’églises. Il a souvent incité les gens à promouvoir la pisciculture, l’élevage, et l’agriculture. Mompoko est cité parmi les promoteurs des écoles dans la province de l’Equateur et il était le facilitateur du programme Habitat pour Humanité dans la même province. Ce programme mondialement connu a pourvu des maisons d’habitation à de centaines de familles de cette province.

Mompoko a traduit le recueil de cantiques en langue Ntomba, sa langue maternelle, et toutes les églises protestantes œuvrant au milieu du peuple Ntomba s’en servent aujourd’hui. Il a également inspiré beaucoup de jeunes à se consacrer au ministère du Seigneur. Il entama la traduction de la Bible en Ntomba mais suite à sa faiblesse physique due à son âge et à son état de santé rongé par le diabète, Mompoko ne pouvait mener à bout cette grandiose œuvre de la traduction de la parole de Dieu dans sa langue maternelle.

Mompoko qui s’est finalement séparé de son épouse en 1996, mourut cinq ans plus tard, le 2 juin 2001, au Centre Médical de Kinshasa. Il laissa six enfants, des petits fils ainsi que des arrières-petits-fils.

Jean Mvelete Samaki


Sources:

Willy Mompoko, interview par l’auteur le 3 et le 23 novembre 2005 à Kinshasa. Willy est le petit fils de Mompoko. Denis Mompoko, interview par l’auteur le 25 novembre 2005 à Kinshasa. Denis est le fils de Mompoko.

Loso, interview par l’auteur le 3 décembre 2005 à Kinshasa. Révérend Loso est le secrétaire régional de la CBFC Kinshasa.


Cet article, reçu en 2006, est le produit des recherches de Jean Mvelete Samaki sous la direction du Révérend Fohle Lygunda li-M, coordinateur régional de DIBICA pour l’Afrique francophone. Jean Mvelete Samaki a participé à l’un des séminaires du DIBICA pour le compte de son église.