Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Mondengo Iyoka Lundja, Maurice

1928-2001
Église du Christ au Congo (Cbfc)
République Démocratique du Congo

Né le 16 novembre 1928 à Botukwa, territoire de Lisala dans la province de l’Équateur, en République Démocratique du Congo, Maurice Mondengo Iyoka est fils d’André Lundja Bambu et de Ruth Egbango. Mondengo signifie “bornes qu’il ne faut pas dépasser,” ce qui se traduit par l’idée de prévenir la paix. Orphelin dès le bas âge, il grandit dans le milieu de la pêche et de la chasse.

A l’âge de douze ans, Maurice Mondengo fut adopté par la famille de son ami Ibole Embonga. Après la disparition de celui-ci, il devint l’héritier de cette famille avec tous les avantages d’un enfant légitime. Il grandit au sein de sa famille adoptive au centre missionnaire catholique à Bolongo, non loin de Lisala.

Plus tard, il sollicita l’inscription à l’École Baptiste d’Upoto en 1940, mais ne fut pas admis à cause de son âge avancé, selon les règlements de l’école. Grâce à un missionnaire britannique dénommé Longanza, qui le recommanda auprès du catéchiste Pierre Adomba, tout en s’engageant à le prendre en charge pendant une période de trois mois, Mondengo fut finalement admis. Pendant ses vacances il avait l’habitude de faire de la pêche pour s’approvisionner et pour soutenir tant soit peu ses études. Une fois, Mondengo eut l’expérience de se rendre compte qu’il réalisait le rêve de son père, car dans ce rêve prophétique, un blanc devait envoyer chercher son fils. Le fait que ce missionnaire britannique ait assuré son éducation et son instruction renforcèrent cette impression.

Il devint par la suite le garçon de chambre de ce missionnaire, et celui-ci l’associa parfois à ses tournées pastorales et d’évangélisation. Ces circonstances furent favorables à Mondengo, et il vit germer en lui l’idée de devenir pasteur. Sa détermination ainsi que sa patience portèrent des fruits. Après avoir terminé la cinquième année d’études qui constituait la fin du cycle primaire, il passa son interview afin d’opter pour une vocation future. Son choix de devenir pasteur étonna la commission d’interview parce qu’il n’y avait pas de pasteur noir en ce temps-là.

Il tenait si fort à son choix que les autorités scolaires le désignèrent comme aumônier dans le camp des étudiants. Il y eut la charge d’orienter les nouveaux catéchistes, d’enseigner les vieilles personnes, et d’encadrer l’école maternelle. Il ne fut pas dépassé par ces charges et il les accomplit avec beaucoup d’empressement et d’efficacité. Le fruit de son travail était visible et apprécié de tous.

Deux ans plus tard, en 1950, Mondengo, qui était maintenant marié, fut envoyé avec sa famille à l’ École Biblique à Kimpese. A l’issue de sa formation pastorale en 1952, il rentra à Lisala pour servir le Seigneur comme évangéliste dans la mission de la Baptist Mission Society de l’Upoto. Cette période fut suivie d’une autre pendant laquelle il repartit à Kimpese pour des études théologiques, qu’il compléta en 1960. Il fut ensuite consacré deuxième pasteur noir, après Samuel Koli, en mai 1961 à Upoto-Pimo dans le territoire de Lisala. Quelques années plus tard, son épouse et lui effectuèrent une visite d’études en Angleterre et en Belgique. Il eut l’occasion de s’engager dans les échanges pastoraux et de perfectionner son français. Il acquit aussi quelques connaissances dans la gestion des affaires de l’église, et ces acquis ont fait de lui aussi bien un pasteur qu’un administrateur.

Il travailla à Pimo comme pasteur de 1964 à 1973. Il fut ensuite désigné pour remplacer le pasteur Samuel Koli en poste à Upoto, de 1973 jusqu’à sa mort en 2001. Il fut nommé secrétaire régional de l’Équateur Nord, une fonction qu’il a assumé pendant plus de vingt ans. Ses initiatives, son autorité, sa compétence et son niveau d’organisation ont fait de la station missionnaire d’Upoto un centre de référence et de rayonnement. Cette station fut considérée par beaucoup comme un site touristique et un lieu où on pouvait observer le sens de la transformation communautaire.

Dans son parcours, Mondengo connut beaucoup d’expériences difficiles, notamment la perte de sa première épouse à Kimpese en 1951. Celle-ci est morte de suites d’un accouchement, le laissant seul avec un bébé. Mondengo fut également confronté à plusieurs malentendus. Sa détermination de construire un temple au centre de Bondjobo lui attira la contestation des habitants épris par des conflits claniques. En plus de toutes ces difficultés, il a frôlé la mort dans un accident de circulation en Angleterre en 1960.

Mondengo composa plusieurs chants de louanges et d’édification utilisés dans les réunions de l’église. Il orienta beaucoup de gens à la vocation pastorale. Il perdit son épouse de secondes noces des suites de complications diabétiques le 26 février 1996. Il mourut lui-même cinq ans plus tard, le 8 décembre 2001 à l’hôpital général de Kinshasa (Mama Yemo), suite à un problème de reins en plus de la diabète dont il souffrait. A sa mort, il laissa trois filles, onze petits-fils et plusieurs arrières petits-fils parmi lesquels on compte un pasteur dans la même Communauté Baptiste du Fleuve Congo (CBFC).

Jean Mvelete Samaki


Source:

Maurice Mondengo fils, interview du 7 juillet 2006 et du 3 septembre 2006. Le pasteur Maurice Mondengo, fils, est le petit-fils de Maurice Mondengo Iyoka Lundja et pasteur à la CBFC Gombe à Kinshasa.


Cet article, reçu en 2006, est le produit des recherches de Jean Mvelete Samaki sous la direction du Révérend Fohle Lygunda li-M, coordinateur régional de DIBICA pour l’Afrique francophone. Jean Mvelete Samaki a participé à l’un des séminaires du DIBICA pour le compte de son église.