Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Njojo Byankia, Patrice

1938-2009
Communion Anglicane (Église du Congo)
République Démocratique du Congo

Njojo est né à Aveba le 28 Septembre 1938. Il est de la tribu Hema en République Démocratique du Congo. Son père s’appelle Rwakaikara Yoeri et sa mère Eseri Kaheru. Ses parents étaient tous des catéchistes formés par Apolo Kivebulaya. Ses parents étaient mariés trois ans avant d’avoir leur premier enfant. Beaucoup de gens du village s’inquiétaient déjà du sort de cette famille. C’est alors que Njojo est né. Il est le fils aîné d’une famille de trois garçons et une fille.

Le nom Njojo lui fut donné par son grand-père. Il signifie littéralement « éléphant » ; mais il fait allusion à Kitu kikubwa—« quelque chose de grand ». Le nom Byankia, qui signifie Ya Mungu –« de Dieu »– lui fut donné par son père. En effet, Dieu l’avait sauvé d’une maladie de la rate à travers le traitement curatif donné par son grand-père. Le traitement consistait à brûler l’endroit par un métal mis au feu. Le nom Patrice lui fut donné par le Révérend Binaisa lors de son baptême. Révérend Binaisa est le père de l’ex Président Binaisa de l’Ouganda. Lors de la cérémonie de baptême, le prêtre lui avait dit ce qui suit : « Huyu Atakuwa Muhubiri na Atapanda Milima ya Gety » (Celui-ci sera un prédicateur et grimpera les montagnes de Gety). Njojo a été baptisé en tant qu’enfant quand il avait seulement une année. Un autre nom donné à Njojo est celui de Zadoke. Ce nom fut donné par son propre père, mais comme la prononciation ne semblait pas être facile dans le langage, ce nom a presque disparu. Enfin, Njojo a reçu le surnom d’Akiki de la part de ses parents. Le surnom Akiki fait allusion à « quelqu’un qui marche beaucoup, qui peut voir beaucoup de pays, qui est patron ».

Njojo a fait l’école primaire à Boga pour la terminer à Kisangani dans le réseau catholique. Après la 6e primaire, il rentre à Boga pour être engagé comme dactylographe au bureau du représentant légal de l’Eglise Anglicane de Boga, le missionnaire néozélandais Charles Rendle. Puis, il va au Rwanda pour poursuivre la formation de trois ans à l’école des moniteurs. Il rentre alors à Boga pour enseigner pendant deux ans. Puis, il va à Aungba pour faire une année afin de terminer le cycle secondaire. C’est alors qu’il obtint le diplôme d’Etat.

Njojo se rappelle avoir reçu Jésus comme son sauveur à l’âge de douze ans. Un jour, pendant qu’il avait douze ans, le missionnaire Rendle organise un grand culte à Bogoro pendant lequel il désigne Njojo comme prédicateur.

Njojo épousa Kamanyoha Perpétue et ensemble ils ont eu trois garçons et quatre filles. En dehors de ces sept enfants, il faut ajouter quatre autres, un garçon et trois filles, ce qui fait un total de onze enfants.

Après avoir obtenu le diplôme d’Etat, Njojo est engagé comme enseignant à l’école primaire de Boga pendant une année. Puis, il est nommé directeur de l’école primaire de Boga. Il supervisait en même temps les écoles primaires de Kainama, Zunguluka, Bukiringi, Badjanga et Bunyagwa. Par la suite, il est nommé inspecteur missionnaire. Comme c’était une affectation faite par l’église, il avait des conflits avec les inspecteurs de l’état. Pour se confirmer comme inspecteur, il participe au concours des inspecteurs et réussit sans problème. Il est alors affecté comme inspecteur de l’état à Djugu en 1973.

Avant de quitter Boga pour Djugu, le missionnaire Philip Ridsdale l’a consacré comme évangéliste et lui a donné une Bible pour l’évangélisation à Djugu. Njojo a fait trois ans à Djugu en faisant deux choses à la fois : le travail de l’inspecteur et l’évangélisation. Tout le monde avait confiance en lui.

En 1975, lors du sacre de Bezaleri Ndahura, pendant qu’on chantait le cantique swahili d’invocation du Saint-Esprit Unijaze Roho Yako (Remplis-moi de ton Esprit), Njojo affirme avoir vu du sang, puis entend une voix qui lui dit : « Ne crains pas, tu seras un jour évêque ». Puis, il est choisi par les autorités pour aller faire deux ans à l’IFCEP à Kisangani. De Kisangani, il rentre à Bunia en 1977 pour être inspecteur de la ville de Bunia. Quand il était encore à Kisangani, les Anglicans de Boga, notamment Festo Byakisaka et Tibafa Mugera, réclamaient toujours son retour à Boga pour servir l’Eglise.

Quand Njojo travaillait comme inspecteur de la ville de Bunia, il servait aussi à l’Eglise Anglicane de Bunia aux côtés du vénérable Munege Kabarole. Il servait comme un simple chrétien. Quand il y avait des visiteurs à l’église, il contribuait physiquement pour prendre soin d’eux ; il fendait le bois de chauffage dans la famille de Munege pour aider la maman à préparer de la nourriture aux visiteurs.

Quand l’évêque missionnaire Philip Ridsdale obtint une bourse pour lui permettre de poursuivre des études au Canada, Njojo quitte définitivement la carrière de l’ état et dit au revoir à ses collègues de la Sous-Division de Bunia en 1979.

Quand le moment arriva pour aller au Canada, son épouse avait un problème au niveau de son œil qui l’obligea à à rentrer à Boga. Pour sa part, il partit pour le Canada en passant par Kinshasa. Arrivée à Boga, l’œil de son épouse fut miraculeusement bien opéré au point où le soignant n’avait jamais fait une telle opération avant.

Arrivé à Kinshasa, Njojo ressent des maux de ventre atroces à cause d’un problème de selles. Il est obligé de rebrousser chemin pour revenir se faire soigner à Nyankunde. Après les soins, il rentre à Kinshasa mais alors il reçoit un message du Canada lui disant que c’était trop tard pour lui. Il rentre alors à Boga où l’évêque missionnaire Philip Ridsdale lui enseigne la théologie pendant six mois. Puis, il est ordonné diacre en mai 1976, avec Yoeri Rwakaikara, son père biologique.

Etant donné que le mandat de l’évêque missionnaire tendait vers sa fin, il envoya Njojo à Montréal (Canada) pour faire seulement une année. Il partit ainsi pour l’Université de Montréal, Département de la Bible, où il obtint un Certificat. Au Canada, Njojo suivait les cours et, en même temps, il apprenait la liturgie anglicane chaque matin et chaque soir. Il devait faire le stage chaque dimanche.

Njojo fut ordonné prêtre par l’évêque du Canada. En Mai 1980, l’Eglise de Boga l’élut comme deuxième évêque du diocèse de Boga. En 1992, il est élu 1er Archevêque de la Province de l’Eglise Anglicane du Congo. Il était à la fois Archevêque de la Province et Evêque du diocèse de Boga. Son mandat comme Archevêque a pris fin en 2003 ; il rentre continuer son travail d’évêque du diocèse de Boga jusqu’à sa retraite en 2006.

Affaibli par le diabète, Njojo meurt le 5 février 2010 à l’hôpital de Nsambia (Kampala). Il est enterré à Boga, à côté de la tombe du pionnier de l’Eglise Anglicane du Congo, le chanoine Apolo Kivebulaya.

Yossa Way


Sources:

Njojo Byankia, interview du 20 mai 2003 à Kampala.

Kahwa Njojo, fils du defunt, interview du 23 juin 2013 à Bunia.

Munege Kabarole, Archidiacre de Bunia et collègue de service du défunt. Interview du 26 juin 2008 à Bunia.


Cet article, reçu en 2014, est le produit des recherches du Révérend Dr. Yossa Way. Ce dernier était professeur de théologie et coordinateur de liaison du DIBICA à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia, Rép. Dém. du Congo) ainsi que récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2001. Couramment (2016), il est recteur de l’Université Anglicane du Congo (ancien ISThA).