Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Westberg, Sigurd Fredrik

1910-2002
Église de l'Alliance
République Démocratique du Congo

Né le 31 mars 1910, à Spokane, dans l’état de Washington (côte ouest), aux Etats-Unis, Sigurd était l’aîné d’une famille de deux enfants. Il grandit dans une famille chrétienne de tradition luthérienne. Sa mère, plus que son père, eut une forte influence sur lui.

Bien que sans engagement personnel, Sigurd connaissait toutes les pratiques religieuses de l’église: baptême, confirmation, cathécuménat, école du dimanche. A l’âge de seize ans il se convertit à l’issue d’une campagne d’évangélisation de trois semaines animée par un évangéliste intinérant. A ce moment-là, un des diacres de son église le saisit à l’épaule et l’encouragea de répondre à l’appel de l’évangéliste. C’est ce qu’il fit.

Après ses études primaires, Sigurd s’intéressa aux études scientifiques, notamment à la science générale, à la zoologie, à la physique, et à la chimie. Impressionné par sa finesse intellectuelle, un de ses professeurs lui proposa une bourse d’études universitaires en chimie. Mais l’intérêt croissant que Sigurd avait pour l’oeuvre missionnaire l’emporta sur ce projet académique.

Sa vision missionnaire commença à prendre forme dès l’âge de dix-neuf ans, pendant qu’il travaillait dans un atelier de charpenterie pour gagner de l’argent en vue de ses études universitaires. Pendant ces années de la Grande Dépression il eut l’idée de servir Dieu comme missionnaire en Afrique. Cette idée, qui n’était inspirée ni par une expérience spéciale, ni par un événement particulier, ni par une conférence missionnaire, le poussa à s’inscrire dans une école où il pourrait suivre des cours en missiologie et en théologie. Aucune des sept écoles contactées ne répondait à ces critères, à l’exception de Moody Bible Institute où il décida de s’inscrire. Là il s’intéressa au programme qui comprenait tous les aspects de la mission.

Sa vision missionnaire pour l’Afrique devenait de plus en plus claire bien qu’à ce moment-là (1930), son église, Covenant Church, n’avait pas encore commencé une oeuvre missionnaire en Afrique. Néanmoins, quatre ans plus tard, en 1934, Covenant Church entra en contact avec Free Church qui avait déjà un champ missionnaire au Congo.

Les premiers missionnaires de Covenant Church partirent en 1935 et s’installèrent provisoirement dans le Bas-Congo avant de rejoindre les missionnaires de Free Church en 1937 dans la région de l’Ubangi, dans le nord-ouest du Congo. Sigurd, qui avait épousé Ruth en 1935, fut commissionné avec elle en 1938. Ils faisaient partie du deuxième contingent de missionnaires de Covenant Church travaillant au Congo. Il est intéressant de noter que cette mission vit le jour malgré l’insécurité et l’incertitude dues à la tension politique internationale causée par la deuxième guerre mondiale.

Un an après leur installation au Congo, la guerre éclata et le consulat encouragea les missionnaires américains à rentrer chez eux. Ceux-ci se sentaient dans l’insécurité vis-à-vis des Belges qui tentaient d’en recruter certains, dont Sigurd, pour le service militaire. Mais grâce à une alliance scellée entre la Belgique et les Etats-Unis, aucune de ces initiatives (évacuation et recrutement militaire) n’entra en vigueur. Sigurd et ses collègues pouvaient ainsi continuer leur travail missionnaire.

Durant les vingt années de sa mission au Congo, entre 1938 et 1957 puis encore en 1962 et 1963, Sigurd travailla comme pasteur, évangéliste, enseignant, traducteur, et chargé de service technique. Son épouse se chargea de la comptabilité de la mission.

Comme pasteur, évangéliste et enseignant, Sigurd développa l’église dans les contrées de Karawa, parmi les Ngbaka, et de Gbado, parmi les Mbanza. Il donnait une formation accélérée aux évangélistes locaux pour qu’ils assurent l’encadrement des églises locales. A cette époque-là, il n’y avait ni école biblique ni programme de formation pastorale bien structuré. Eventuellement, le comité de mission chargea Sigurd et Will Norton, un missionnaire de Free Church, de déveloper un programme de formation pastorale. Sigurd fut le premier enseignant de l’institut biblique qui s’ouvrit à Tandala sous les auspices de Free Church et de Covenant Church.

La première promotion de l’institut biblique était une douzaine d’étudiants. La plupart d’entre eux eurent un impact puissant sur l’expansion de l’évangile dans le nord-ouest du Congo. L’école déménagea en 1949. Depuis son installation à Goyongo, elle a connu une évolution considérable dans ses programmes de formation. Sigurd y a enseigné plus tard, pendant l’année académique 1962-1963. En 1983, un programme de premier cycle de théologie d’une durée de trois ans fut ajouté. L’auteur du présent article reçut sa formation dans cette école.

La prouesse linguistique de Sigurd était remarquable car il maîtrisait le suédois, l’anglais, l’allemand, le français, le lingala, le grec, et l’hébreu. Entre 1960 et 1970, Sigurd entreprit de traduire la Bible en lingala, assisté partiellement par John Carrington, un missionnaire de Baptist Missionary Society. Le lingala est une langue parlée dans deux pays (République Démocratique du Congo et République du Congo), et la Bible traduite par Sigurd reste jusqu’à ce jour le texte de référence pour toutes les églises chrétiennes. Avec les migrations massives provoquées par les différentes guerres en Afrique centrale ces dix dernières années, la Bible traduite par Sigurd est de plus en plus en usage en République Centrafricaine où les communautés chrétiennes locutrices de lingala prolifèrent.

Grâce à un esprit de partenariat exceptionnel, Sigurd et ses collègues d’autres missions ont beaucoup accompli pour le royaume de Dieu, à savoir l’établissement d’instituts de formation pour pasteurs et évangélistes et la traduction de la Bible en lingala. Même après sa mort à Chicago le 3 Octobre 1999, le travail de Sigurd continue à porter des fruits abondants dans l’église en Afrique.

Fohle Lygunda li-M


Bibliographie

“Sigurd F. Westberg,” The Covenant Companion, journal de Evangelical Covenant Church, décembre 1999, p.26-27.

Widman, ed., Ete bato yonso bayoka, [traduction: “Que tous entendent”] (Chicago: Covenant Press, 1987).

Sigurd Westberg, “Memoirs,” inédit, s.d.


Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches du Révérend Fohle Lygunda li-M. Récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2004–2005, directeur exécutif du Centre Missionnaire au Coeur d’Afrique (www.cemica.org) à Kinshasa (Rép. Dém. du Congo) et coordinateur régional du DIBICA pour l’Afrique francophone.