Makanzu, Mavulimusa Jean-Perce
Makanzu Mavumilusa Jean-Perce est né le 14 octobre 1927 à Mpambala dans la province du Kongo-Central, de parents chrétiens.
Makanzu est un nom de circonstance donné aux jumeaux comme le veut la coutume dans le Kongo-Central. Ce nom vient du verbe kanzuka qui veut dire “sauter ou surmonter les obstacles.” Mavumilusa veut dire respecter, le sens est d’encourager les hommes à respecter la parole de Dieu. Enfin, Jean-Perce est un surnom que ses collègues lui ont donné à cause de sa capacité à comprendre les choses. Ses amis de classe le comparaient à l’insecte qui perce les bois durs. Il sera celui qui va percer les cœurs des hommes par la parole de Dieu.
Conversion, vocation et ordination
Makanzu dit avoir expérimenté deux conversions, l’une à l’âge de 13 ans et l’autre en tant qu’adulte lors de ses études bibliques. À 13 ans, dans une rencontre d’enfants à l’école du dimanche, Makanzu a entendu pour la première fois l’histoire de la vente de Joseph par ses frères. Il était bouleversé par la mauvaise foi des frères de Joseph. Mais l’Esprit de Dieu lui a dit que l’état de son cœur était aussi comme celui des frères de Joseph. De ce fait, il a décidé de donner son cœur à Dieu, et depuis ce jour-là, tout a changé dans sa vie.
Makanzu a fait ses études primaires à la mission Kibunzi. Il s’est marié à Sakanda Luzibu le 2 août 1948. Après son mariage, il est allé à Kimpese pour l’école normale de 1951 à 1955, et il a fréquenté l’École de théologie de Kimpese de 1958 à 1960. De 1960 à 1962, il a suivi une formation à l’Institut Biblique Emmaüs en Suisse.
La deuxième conversion de Makanzu a eu lieu lors de ses études bibliques. En étudiant le cours sur la première épître de Jean, Makanzu a réalisé qu’il était spirituellement impuissant pour servir Dieu, et une profonde tristesse a envahi son cœur. Il s’est retrouvé par terre en train de pleurer, jusqu’à amener l’enseignant et les autres étudiants à pleurer. C’était Dieu qui le voulait pour son œuvre.
Makanzu a été baptisé à Kibunzi dans la Communauté évangélique du Congo (23e communauté de l’Église du Christ au Congo), et consacré pasteur le 16 juin 1963 à Kinshasa, à la paroisse Lisala de la Communauté baptiste du Fleuve Congo (CBFC) dans la commune de Kasa-Vubu, une paroisse de 3 000 membres. C’est ici qu’il a exercé son premier ministère pastoral de 1962 à 1967.
Makanzu a joué un rôle prépondérant dans la création de l’ECC, pour l’unité de laquelle il a lutté ardemment. De 1967 jusqu’à sa mort en 1980, il a été le premier Évangéliste national et le Secrétaire général du Département d’évangélisation et vie de l’Église de l’ECC. De 1970 jusqu’à sa mort, il a été Représentant légal de l’ECC et l’adjoint de l’évêque- Président Bokeleale. En 1979, il a été élu Evangéliste International par le synode de l’ECC.
Il a aussi servi comme président national de la Ligue pour la Lecture de la Biblique, et co-fondateur et membre du Conseil des Pasteurs de Kinshasa (COPAK).
Makanzu l’évangéliste
Pendant sa vie, Makanzu a été tour à tour enseignant, pasteur de paroisse, professeur de religion, écrivain, évangéliste, et leader au sein de l’Église du Christ au Congo (ECC). Mais son activité et sa passion principale ont toujours été l’évangélisation, que ce soit par la parole lors des campagnes et des séminaires en RD Congo et dans d’autres pays, ou par ses nombreux écrits. Par rapport au service rendu au Seigneur Jésus-Christ dans l’évangélisation, Makanzu a été surnommé le Billy Graham du Congo par les chrétiens congolais.
Pendant son ministère, Makanzu a obéi à la grande commission du Maître selon Matthieu 28.19 à 20, qui dit : “Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.”
De 1967 à sa mort, l’évangéliste Makanzu a eu la grâce de Dieu de prêcher l’Évangile dans toute la République Démocratique du Congo jusque dans la forêt équatoriale auprès des pygmées. Presque chaque année, l’évangéliste Makanzu organisait de grands séminaires au niveau des communautés membres de l’ECC, des provinces et de la nation, à l’intention des pasteurs, des évangélistes, des moniteurs de l’École du dimanche, et autres.
Comme évangéliste, il a aussi effectué des tournées d’évangélisation dans plusieurs pays d’Afrique et occidentaux, y compris la République du Congo, le Rwanda, le Nigéria, le Burundi, le Kenya, la Côte-d’Ivoire, les États-Unis d’Amérique, le Canada, l’Allemagne, la Suède, la Belgique, la France et la Suisse.
Makanzu a participé à de grands congrès d’évangélisation au Nigéria, au Kenya, en Suisse, en Asie, au Canada.
L’Evangéliste Makanzu disait : “Je suis jaloux de Satan qui dévore les brebis de notre Seigneur Jésus-Christ. Cette jalousie me pousse à ruiner le travail du diable dans les cœurs des gens. Pour ruiner son royaume, je n’ai rien d’autre à faire que de me promener dans tout notre pays, la Bible à la main pour prêcher la Bonne Nouvelle du salut pour que mon peuple soit attiré au Seigneur Jésus-Christ.”
Makanzu évangélisait aussi par ses nombreux écrits. Écrire était sa passion. Il disait qu’il sentait les lettres circuler dans son sang, et qu’il lui fallait écrire pour les faire sortir. Il a écrit plusieurs livres et brochures, et d’autres ont été publiés à titre posthume. Dans ses livres il aborde des thèmes tels que l’athéisme scientifique (Quand Dieu te gène…, publié en 1986 en deux volumes), l’histoire de l’ECC (La puissance de la croix au Zaïre : 1878-1978 : Le centenaire de L’E.C.Z., publié en 1978) et l’importance de l’unité œcuménique (Unissons-nous pour ne plus nous diviser par la suite!, publié en 1969). De façon globale, tous ses écrits traitent de l’évangélisation et de la vie de l’Église selon les exigences spirituelles du peuple congolais.
Vie spirituelle
La Bible occupait une place de choix dans la vie de Makanzu. Il passait beaucoup de temps à lire et à méditer la parole pour nourrir sa vie spirituelle et aussi celle du peuple de Dieu. Voici deux de ses passages bibliques préférés:
Quand je dis : Je n’en ferai plus mention, je ne dirai plus la parole en son nom, alors elle devient au-dedans de moi comme un feu dévorant, prisonnier de mon corps ; je m’épuise à le contenir, mais n’y arrive pas. (Jérémie 20.9, TOB) Je sais vivre dans la gêne, je sais vivre dans l’abondance. J’ai appris, en toute circonstance et de toutes les manières, à être rassasié comme à avoir faim, à vivre dans l’abondance comme dans le besoin. Je peux tout en celui qui me rend fort. (Philippiens 4.12 à 13, TOB).
Dans la maison de Makanzu, un culte familial était organisé chaque soir. Quand il était l’heure du culte, on sonnait une cloche. Makanzu aimait aussi chanter les cantiques chrétiens et en a composé plusieurs, tels que :
TOUT EST VRAI
Tout est vrai (4x)
Tout est vrai pour Jésus-Christ,
Tout est vrai mon âme
Tout est vrai, la joie du ciel
Tout est vrai, la Parole de Jésus,
Tout est vrai, les miracles de Jésus, etc.
NZOLELE MLEVUKILA
Nzolele mlevukila, (mpangiami)
Mlenvo Yesu, mlenvo
Nzolele mlevukila, (nketo yami, dibundu, pasteur, etc.)
(Traduction de l’original en kikongo : Je veux pardonner à mon prochain)
Vie de couple et de famille
Makanzu et Sakanda formaient un couple modèle dans lequel régnaient le dialogue et la paix. Le ministère de Makanzu a eu de l’influence sur son épouse au point qu’elle est devenue une grande prédicatrice de la parole dans les réunions des mamans au sein de leur église. De leur union sont nés sept enfants : quatre garçons et trois filles. Leurs enfants ont été éduqués selon la voie de Dieu. Entre eux, ils entretenaient des bons rapports familiaux.
Contribution de Makanzu à l’Église chrétienne de la RD Congo
Makanzu entretenait de bons rapports avec tout le monde. Bien qu’il ait amené beaucoup de personnes au Seigneur, il n’a pas fondé sa propre Église. Au contraire, il a contribué à la création de l’Église du Christ au Congo, et c’est là qu’il a travaillé pour le compte du Royaume des cieux en tant qu’évangéliste national. Il a beaucoup lutté pour l’unité et la vie de l’Église.
L’influence du ministère de Makanzu part de sa famille jusqu’à la nation, voire jusqu’à l’Afrique et en Europe. Tous ses enfants connaissent le Seigneur et certains d’entre eux servent le Seigneur. Jonathan Mbakudi, le cinquième enfant, a suivi les traces de son père en devenant pasteur et évangéliste de la Communauté Evangélique au Congo.
Makanzu était un passionné de l’évangélisation, un disciple de Jésus-Christ, un écrivain très pointu, un communicateur efficace de la bonne nouvelle, un Africain et un chrétien authentique. Makanzu était un vrai théologien de l’évangélisation et de la vie de l’Église. Avant sa mort, le 2 juin 1980, il a reçu le titre de Docteur Honoris Causa en divinité pour ses activités d’évangéliste et d’écrivain par Asbury College, au Kentucky aux USA. Il est mort le 27 septembre 1980 à Kinshasa d’une maladie du foie.
Ilunga Nkulu Mulume Auguy
Sources:
La photo de Makanzu vient de la couverture du livre de Makanzu Mavumilusa Jean-Perce, Mon cœur est enflammé pour l’évangélisation (Lausanne : Éditions du Soc, 1980.
Diafwila-dia-Mbwangi, Daniel. Professeur de théologie, pasteur et connaissance de Makanzu, basé au Canada. Réponse au questionnaire le 24 mars 2023, lors de son séjour à Kinshasa en RDC.
Divers écrits de Makanzu qui se trouvent chez des membres de sa famille.
Makanzu Mavumilusa, Jean-Perce. 1986. Quand Dieu te gène. 2 volumes. Wuppertal : Éditions VEM (Vereinigte Evangelische Mission).
Makanzu Mbokudi, Jonathan. Cinquième fils de Makanzu. Plusieurs interviews par l’auteur entre 2021 et 2023. Adresse : avenue Mukoko 01, Quartier Musey, Commune de Ngaliema, Kinshasa, RDC.
Marini Bodho, Pierre. Professeur de théologie et président honoraire de l’Église du Christ au Congo. Interview par l’auteur le 28 mars 2023 à Gombe (Kinshasa) en RDC.
“Mavumilusa Makanzu.” Discours à l’occasion de la cérémonie à Asbury College au cours de laquelle on l’a conféré le titre de docteur honoris causa en divinité. Sans lieu ni date.
Publications de Makanzu Mavumilusa Jean-Perce :
1969 . Unissons-nous pour ne plus nous diviser par la suite! Kinshasa-Kalina: maison d’édition inconnue.
1971 ou 1972. Kundu Dia Bandoki: Mabanza Ma Bantu Ye Mambu Ma Nzambi. Kinshasa : CEDI.
1973 . L’histoire de l’Église du Christ au Zaïre : Nous n’avons pas trahi l’Évangile de Jésus-Christ. Kinshasa : CEDI.
1974 . The Twentieth Century Missionaries and the Murmurs of the Africans. Apophoreta of African Church History, 3. Aberdeen, Scotland: Dept. of Religious Studies, University of Aberdeen. 24 pages.
1977 . Quoi? Vive la polygamie dans l’Église?? Kinshasa : CEDI (traduction en anglais : Can the Church Accept Polygamy? Accra : Asempa, 1983).
1978 . La puissance de la croix au Zaïre : 1878-1978 : Le centenaire de L’E.C.Z. Kinshasa : Japemak.
1980 (avec Agence romande d’éducation chrétienne). Le Zaïre et autres pays d’Afrique. Lausanne : Agence romande d’éducation chrétienne (Manuel d’école du dimanche, 15 pages).
1980 . Lutina Yanga. Kinshasa : CEDI.
1980 . Mon cœur est enflammé pour l’évangélisation. Séries Voix d’Afrique. Lausanne : Éditions du Soc.
1981 . Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu. Zaire : CEDI.
1983 . Can the Church Accept Polygamy? Accra : Asempa.
1986 . Quand Dieu te gêne. 2 volumes. Wuppertal : Éditions VEM (Vereinigte Evangelische Mission).
1988 (avec preface de Johannes Hansen). Die Mission und der Blumentopf. Wuppertal : Verlag der Vereinigten Evangelischen Mission.
Cet article, reçu en 2023, est le produit des recherches de Ilunga Nkulu Mulume Auguy, étudiant en L2 à la Faculté de théologie évangélique de l’Université Chrétienne de Kinshasa, sous la direction de la Dre Anicka Fast.