Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Antoine d’Égypte

Noms alternatifs: Antonius
250-lan 356
Église Chrétienne Antique
Egypte

Saint Antoine, le père spirituel de plusieurs personnes importantes dans l’histoire de l’église chrétienne primitive en Afrique du Nord, était le fils d’un marchand de village égyptien prospère. Il savait à peine lire et écrire, mais il a été le tuteur religieux d’un certain nombre de personnages importants: Athanase, Jérôme, Basil, et Augustin d’Hippone. Devenu orphelin à vingt ans, il a été frappé par l’admonition biblique, “Si tu veux être parfait, va et vend tout ce que tu as.” C’est ce qu’il a fait, et par la suite il a vécu des produits de son jardin et de la charité des autres le reste de sa vie.

Antoine a commencé sa nouvelle vie en s’installant dans une vieille tombe égyptienne non loin de son village, où il a vécu pendant plusieurs années dans la prière intense et dans le jeûne. Il recevait volontiers des visions d’anges, mais luttait aussi avec des démons puissants qui, après une attaque, l’ont laissé pour mort. Athanase, celui qui est responsable du crédo qui porte son nom, et le premier biographe d’Antoine, a écrit:

Tout à coup, l’endroit était plein de fantômes de lions, d’ours, de léopards, de taureaux, de serpents, d’aspics, de scorpions et de loups. Et chacun bougeait selon la forme qu’il avait assumée… Et les bruits émis en même temps par toutes les apparitions faisaient très peur, et leur fureur était terrible… Antoine, qui recevait leurs coups et leurs harcèlements, leur a dit hardiment, “Allez! Dépêchez vous! Attaquez-moi! Et si vous ne pouvez pas m’attaquer, pourquoi vous exciter pour rien?” Alors, après avoir essayé bien des ruses, ils grinçaient des dents, parce qu’ils se trompaient eux-mêmes, et pas lui. [1]

Vers l’an 294 ap. J-C, Antoine, s’étant assuré que tout fonctionnait bien dans le monastère qu’il avait établi, s’est dirigé vers l’est et la Mer Rouge, à un endroit désert près d’une source d’eau fraîche, où il a établi un nouvel hermitage. Les caravanes et les bergers de passage lui laissaient des cadeaux de dates, de pain, et–oh délice!–des paquets d’oignons. Il est possible qu’il y ait eu environ dix mille moines et deux fois plus de soeurs dans le désert au temps d’Antoine. Il faut souligner que le désert n’était pas aussi désertique que le désert qu’on voit au cinéma. Ses routes commerciales étaient nombreuses, et ses oasis étaient bien connus.

Bientôt, l’enseignement d’Antoine s’est répandu. L’empereur Constantin, qui était bien loin, a demandé qu’Antoine prie pour lui, et il existe des rapports très primitifs sur les gens qui louaient des chameaux pour entreprendre le long voyage jusqu’à son hermitage. Il avait souvent des animaux sauvages comme compagnons. Une histoire charmante raconte son rapport avec les animaux à une époque où les combats d’ours et la torture des animaux étaient forme courante de divertissement:

Au début, les animaux sauvages du désert qui venaient souvent boire endommageaient les bordures de son jardin. Mais il a attrapé un des animaux, l’a tenu gentiment, et leur a dit à tous: “Pourquoi est-ce que vous me faites du mal quand je ne vous ai rien fait? Allez-vous-en, et au nom du Seigneur, ne revenez pas près de ces choses.” Et par la suite, comme s’ils étaient intimidés par ses ordres, ils ne se sont pas approchés de l’endroit. [2]

Il y avait beaucoup de récits sur les rencontres entre les moines et les animaux: un vieux moine donnait des dates à un lion affamé, un autre partageait régulièrement son repas du soir avec une louve, un autre encore enseignait à un ibex, (une antilope du désert), quelles plantes il fallait manger ou éviter.

Avant de mourir, à l’âge vénérable de 105 ans, Antoine a distribué tout ce qui lui appartenait sur terre: sa cilice, qu’il portait pour la mortification perpétuelle de la chair, une vieille cape, et les deux peaux de mouton sur lesquelles il dormait ou avec lesquelles il se recouvrait la nuit. Il a écrit: “Alors, adieu, vous qui m’êtes si chers, car Antoine s’en va et ne sera plus parmi vous dans ce monde.” Il a demandé à ses deux adeptes les plus proches de “…mettre à l’abri dans le sol, de cacher dans la terre le corps de votre père. Et veuillez faire ce qu’il désire par rapport à ceci aussi: que vous soyiez les seuls à connaître l’endroit où il est enterré.”

*

Antoine du désert, les lieux désolés ont subitement été pleins de vie, et la beauté est apparue dans un paysage dénudé; les animaux sauvages ont voulu être près de vous, et vous les avez accueillis. Que nous puissions vous suivre avec le Christ aux endroits déserts et trouver qu’elles sont une source de vie. Amen. *

Frederick Quinn


Notes:

  1. James Wellard, Desert Pilgrimage [Pèlerinage du désert] (London: Hutchinson of London, 1970), 77. Voir aussi Douglas Burton-Christie, The Word in the Desert [La parole au désert] (New York: Oxford University Press, 1993).

  2. Ibid., 81.


Cet article est reproduit, avec permission, de African Saints: Saints, Martyrs and Holy People from the Continent of Africa [Saints africains: saints, martyres et personnes saintes du continent africain], copyright (c) 2002 par Frederick Quinn, Crossroads Publishing Company, New York, New York. Tous droits réservés.