Collection DIBICA Classique

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Andriamampihantona

1868-1928
Protestant
Madagascar

Qu’un Betsiléo renonce à un poste officiel de gouverneur indigène pour redevenir simple pasteur de paroisse est un fait digne d’être rapporté. C’est le cas d’Andriamampihantona.

Andriamampihantona était né à Iakarina dans le district de Fihasinana (Madagascar). Sa vivacité d’esprit avait attiré l’attention du missionnaire Nilsen-Lund qui l’invita à étudier à Ambatofinandrahana. C’est là qu’il suivit les cours de l’école normale et devint chrétien au point d’aller au collège théologique de Masinandraina (près d’Antsirabe) et de recevoir la consécration pastorale en 1893. Au contact des missionnaires norvégiens, il avait appris leur langue mais quand l’île fut annexée par la France (1896), il apprit le français. Le changement de tutelle politique ne se fit pas sans difficulté et Andriamampihantona se vit privé de son temple qui fut transformé en église catholique et, pour son obstination, il fut emprisonné. Libéré, il fut sollicité, à cause de son instruction et de sa dignité, de devenir gouverneur des Betsiléo du Nord, avec résidence à Ambositra. Avec l’assentiment des missionnaires, il considéra cet appel comme venant de Dieu et il tint cette fonction pendant plusieurs années. Ce qui étonna les gens, tout d’abord, c’est qu’il ne se vengea pas de ceux qui l’avaient fait incarcérer. Il n’oubliait surtout jamais qu’il était pasteur et il mentionnait cette qualité sur les lettres officielles jusqu’à ce qu’on le lui interdît formellement.

Le délit le plus fréquent était alors l’orpaillage clandestin. Sans brutalité, il interrogeait les gens, tançait les coupables et les punissait avec mansuétude. Malgré les félicitations de ses supérieurs, des calomniateurs l’accusèrent de partialité et d’indélicatesse. Les enquêtes prouvèrent son honnêteté et sa bonne foi. Mais il en fut tellement écœuré qu’il démissionna et malgré la sensible différence pécuniaire de traitement, il reprit sa paroisse d’Ambatofinandrahana. Il exerça son ministère pendant près d’un quart de siècle tout en faisant partie de diverses commissions ecclésiastiques (1906, 1911-1912). C’est sans doute d’avoir subi des deuils fréquents et éprouvants qu’il écrivit, pour le recueil luthérien, sept cantiques concernant la mort et la vie éternelle et qui exaltent les consolations de l’absolue confiance en Dieu.

Très affaibli, il mourut le 14 avril 1928.

A. Snekkenes, L. Molet


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.