Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Baron, Richard

1847-1907
Protestant
Madagascar

Baron passa trente-cinq ans à Madagascar comme missionnaire de la L.M.S. (London Missionary Society) [Société des Missions de Londres]. Il acquit une réputation scientifique méritée dans deux domaines concernant l’île: la botanique et la géologie, et dans chacun, il fut, de son temps, l’un des experts les plus compétents.

Richard Baron naquit à Kendal (Angleterre) le 8 septembre 1847. Alors qu’il se préparait au ministère pastoral dans l’Église congrégationaliste, il assista aux conférences que fit, au cours d’une visite dans son Collège, William Ellis. Celui-ci décrivait l’engouement des masses malgaches pour le christianisme, à la suite de la conversion de la reine Ranavalona II et de Rainilaiarivony, son Premier Ministre. C’est pour cela et en réponse à un appel d’Ellis que Baron s’offrit pour aller à Madagascar. Il y partit en 1872 et travailla d’abord dans la province centrale, l’Imerina. En 1878, il fut envoyé quelques temps à Fianarantsoa. Il revint à Tananarive en 1880, et c’est là que, chargé d’Ambohidratrimo, d’Amparibé ou d’autres districts proches de la capitale, il termina sa carrière.

Indépendamment de son ministère normal auprès des églises ou des écoles dont il avait la charge, Baron écrivit en malgache d’importants commentaires sur des livres de la Bible, composa des cantiques et en édita un recueil. Il avait une connaissance exceptionnelle de la langue malgache qu’il parlait absolument sans accent, au point que ses amis malgaches disaient qu’en l’entendant, on ne pouvait deviner qu’il était étranger. Il surpassait probablement tous ses collègues missionnaires quand il prenait la parole en malgache en public.

Baron fit, pour la mission, plusieurs voyages importants dans des régions périphériques de l’île. L’un, en 1891, dans le nord, dura cinq mois et l’amena à faire, comme l’indiqua le titre de son rapport “Douze cents milles en chaise à porteurs”.

Mettant les occasions à profit, il put pendant ses voyages, collecter des documents scientifiques de toutes sortes, par exemple, parmi bien d’autres, des expressions dialectales, qu’il publia ensuite. Encouragé par sa seconde femme (Baron se remaria trois fois), il étudia la botanique. Il publia plusieurs importants articles sur ce sujet, et l’on estime “entre 4 000 et 5 000 les espèces de plantes, dont un très grand nombre était encore inconnu de la science” qu’il collecta et fit parvenir aux Kew Gardens de Londres, ce qui lui valut d’être nommé membre de la Société linnéenne de botanique de Londres et fit qu’un grand nombre de plantes malgaches porte le qualificatif “Baroni”.

Baron acquit une notoriété du même ordre en géologie. Et c’est bien un trait révélateur de son caractère qu’il ait appris seul l’allemand pour pouvoir lire les ouvrages sur ce sujet. Les institutions savantes ne furent pas longues à reconnaître sa valeur et à l’aider. Il fut nommé membre de la Société géologique de Londres, la Royal Society lui offrit un microscope pour lui permettre d’étudier la structure des roches. Il reçut également le Prix Murchison pour la recherche géologique.

L’Administration française, à son tour, lui offrit un poste élevé dans le Service des Mines, mais il refusa, tenant la géologie, aussi utile et intéressante qu’elle puisse être, comme secondaire par rapport à sa tâche de missionnaire. Il accepta néanmoins de faire, en 1903, avec le Capitaine Mouneyres, un long voyage de prospection géologique dans le Nord-Ouest. Il fut aussi Vice-président de l’Académie Malgache.

Quoi qu’il ait fait de la botanique et de la géologie à un très haut niveau (celui de la recherche scientifique), il faut noter qu’il sut les enseigner à ses élèves et qu’il rédigea en malgache des manuels sur ces sciences.

On a pu dire de lui avec juste raison qu’il était “un homme aux talents nombreux qui influa sur la vie malgache de bien des façons”.

Baron mourut à Morecambe le 12 octobre 1907.

J. T. Hardyman, L. Molet


Principales Publications:

Ny Filazantsaran’i Lioka [commentaire sur l’Évangile de Luc], Tananarive, ?, 3e réimpression 1927.

Epistily nosoratan’i Jakoba [épître de Jacques] (Commentaire sur) Tananarive, ?, 2e réimpression, 1916.

Ten Years Review of Mission Work in Madagascar, 1880-1890. [Dix ans de travail de la Mission à Madagascar, 1880-1890] (Éditeur). Tananarive, 1890.

“Over New Ground : A Journey to Mandritsara and the North-West Coast” [Sur de nouvelles terres: Voyage à Mandritsara et sur la Côte nord-ouest]. Tananarive, Antananarivo Annual, 1887, p. 261-282.

“Twelve Hundred Miles in a Palanquin” [Douze cents milles en chaise à porteurs], Antananarivo Annual, 1892, p. 434-58.

Botany [Botanique] (en malgache), Antananarivo, 1882.

“On the Flora of Madagascar” [Sur la flore de Madagascar], Londres, Journal of Linnaean Society, Botany, 1889, p. 246-94.

“Compendium des Plantes Malgaches”. Paris, Revue de Madagascar, (Série d’articles sur les années 1901-1906).

“Notes on the Geology of Madagascar”. Londres, Quarterly Journal of the Geological Society, 1889, p. 305-31.

Geology [Géologie] (en malgache), Antananarivo, 1896.

Baron et Mouneyres. “Rapport sur une tournée géologique effectuée en 1903 dans le Nord et le Nord-Ouest de Madagascar”. Marseille, Bulletin Économique de Madagascar, 1er trim., 1904, p. 1-20.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.