Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Dahle, Lars Nilsen (A)

1843-1925
Protestant
Madagascar

Personnalité missionnaire remarquable, le norvégien Lars Dahle a laissé à Madagascar une œuvre religieuse et scientifique de premier plan.

Né à Grytten (Norvège) le 7 décembre 1843, Lars Dahle passa son enfance dans un village perdu dans une campagne si isolée qu’il ne pouvait aller à l’école que cinq semaines par an. Très doué et possédant une mémoire extraordinaire, sa soif d’instruction le poussait à lire tout ce qu’il trouvait et quand, à 18 ans, il put entrer à l’école normale, il était d’un niveau très convenable. Au bout de deux ans, il la quitta pour étudier seul des matières qu’on n’y enseignait pas à l’époque: latin, allemand, anglais, français.

En 1864, L. Dahle entra au Séminaire des Missions luthériennes de Norvège (NMS) à Stavanger. Dès le début, ses connaissances dépassaient de beaucoup celles de ses condisciples et ses progrès étaient beaucoup plus rapides. Aussi, en 1867, deux ans avant la fin normale de sa scolarité, on l’envoya à l’Université de la capitale, Christiania, (devenue Oslo), pour y étudier plus à fond la théologie, principalement l’Ancien Testament et les langues sémitiques.

Après un voyage d’études en Allemagne en 1869, il part l’année suivante en Afrique du Sud. C’est là qu’il reçut la consécration pastorale de l’évêque H. P. S. Schreuder qui dirigeait les missions luthériennes norvégiennes d’Afrique du Sud et de Madagascar et qui l’y envoya.

L. Dahle monta à Tananarive et étudia intensément le malgache. Au bout de huit mois (et cinq ans seulement après les débuts de la NMS dans le pays), il fonda le Séminaire de théologie luthérienne (1871). Comme il n’existait alors aucun livre en malgache pour un tel enseignement, L. Dahle écrivit dans ce but plusieurs ouvrages; certains furent imprimés, d’autres restèrent en manuscrit et sont pour la plupart perdus. Il resta directeur du Séminaire jusqu’en 1875, date à laquelle S. E. Jörgensen le remplaça.

La mission luthérienne de Madagascar dépendait donc alors d’un évêque résidant en Afrique Australe, ce qui n’était pas sans inconvénients. Dahle, d’esprit très démocratique, était opposé à la création d’un “diocèse luthérien malgache” à Tananarive. Il proposa que la NMS locale soit dirigée par une conférence annuelle de tous les missionnaires norvégiens qui éliraient l’un d’eux pour diriger l’œuvre. Cette proposition, agréée par ses collègues sur place fut entérinée par la Direction générale de Stavanger et l’institution fonctionna dès 1877. Naturellement, Dahle fut élu à la nouvelle fonction et, selon une tradition ecclésiastique allemande, reçut le titre de “superintendant” (Après l’annexion de l’île par la France en 1896, ce titre fut simplifié en “surintendant”). C’est à ce titre d’inspecteur ecclésiastique, pour employer le terme équivalent de l’Église luthérienne en France, que Dahle visita toutes les stations missionnaires des Hauts-Plateaux et qu’il exerça une profonde influence dans tous les domaines. Tant auprès de ses collègues directs qu’auprès des Malgaches qui travaillèrent sous la houlette de la NMS, il jouit d’un prestige et d’une autorité extraordinaires.

Quand, en 1873, on décida de réviser la traduction de la Bible en malgache et qu’une Commission de Révision, présidée par W. E. Cousins fut constituée par l’ensemble des Missions protestantes, L. Dahle et M. Borgen furent délégués par la NMS pour y siéger. On avait tout d’abord pensé à rectifier ou remanier la traduction faite au début du siècle. D’emblée, la Commission accepta la proposition de Dahle de travailler sur les textes originaux hébreu et grec qui feraient autorité. On arriva ainsi à une traduction absolument nouvelle. Connaissant l’hébreu et l’arabe, Dahle fut l’un des principaux artisans, surtout pour l’Ancien Testament, de ce travail de traduction qui ne fut terminé qu’en 1887 et reste un modèle du genre.

Outre toutes ces occupations, Dahle trouva le temps de produire une importante œuvre littéraire. Quatre ans seulement après son arrivée dans l’île, il avait écrit, en norvégien, une étude en deux tomes sur Madagascar et les Malgaches, montrant une profonde connaissance de l’ancienne littérature de la Grande Ile, alors très peu connue en Norvège. S’intéressant au folklore, il rédigea avec l’aide de plusieurs collègues un recueil de contes, Ny Anganon’ny Ntaolo, “Les contes des Aïeux” qui est encore réimprimé de nos jours. Il fournit trente et un cantiques au Recueil de l’Église luthérienne malgache. À son époque, Dahle était l’un des meilleurs spécialistes de la langue et il écrivit en anglais un grand nombre d’articles à son sujet dans l’Antananarivo Annual que publiaient J. Sibree et R. Baron de la London Missionary Society (Mission protestante de Londres). Il poussait aussi ses collègues à faire œuvre scientifique. Pendant ses séjours, plusieurs d’entre eux envoyèrent de bons articles à la revue précitée. Après son départ, on n’en trouve plus guère, mais la publication cessa en 1900.

Dahle rentra en Norvège en 1887. De 1889 à 1920, il fut Secrétaire général de la NMS à Stavanger, partageant son temps entre la direction de l’œuvre et l’enseignement des candidats qui se préparaient à partir. Il eut aussi une influence notable sur la vie ecclésiastique, car depuis Madagascar où il l’avait expérimentée, il était convaincu de la nécessité de la coopération internationale des Missions protestantes. Il intervint puissamment dans ce sens à la Conférence intermissionnaire (et internationale) d’Édimbourg en 1910.

En raison de son œuvre scientifique à Madagascar, L. Dahle était devenu membre de l’Académie des Sciences de Norvège en 1889, et membre de l’Académie Malgache en 1902. En 1895, il avait été décoré de l’Ordre de Saint Olaf, comme chevalier. Il mourut à Stavanger le 20 février 1925.

O. Chr. Dahl, L. Molet


Principaux Ouvrages et Travaux:

En malgache:

Anganon’ny Ntaolo. [Contes des Aïeux], Antananarivo, 1877.

Ny Ritualy lutherana. [Liturgie luthérienne]. Antananarivo, 1878.

Vavaka hatao ao an-trano [Pour prier chez soi]. Antananarivo, 1879.

Dogmatika. [Dogmatique]. Antananarivo, 1885.

Arkeologia biblikaly. [Archéologie biblique]. Antananarivo, 1885.

Symbolika. [Symbolique]. Antananarivo, 1885.

Ny evangelia. [Les évangiles]. Antananarivo, 1886.

En anglais:

Nombreux articles dans l’Antananarivo Annual de 1876 à 1888.

En norvégien:

Madagascar og dets Beboere. Christiania, 1876-77, 2 t.

Tilbakeblik. [Autobiographie] 3 tomes, Stavanger, 1922-23.

Nombreuses œuvres de théologie et de missiologie.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.