Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Ducard, Télesphore

1826-1904
Église Catholique
Madagascar

Née à Oyé (Saône-et-Loire) le 4 novembre 1826, Sœur Télesphore Ducard entra au noviciat de Saint-Joseph-de-Cluny et fit partie du groupe des six premières religieuses que la fondatrice de l’Ordre, Mère Javouhey, envoya dans la mission des Petites Iles.

Elle arriva à Mayotte le 9 juin 1846 et y prononça ses premiers vœux le 15 août en la fête de l’Assomption. Elle fut nommée à Sainte-Marie, en compagnie d’une autre religieuse; elles y arrivèrent le 1er novembre 1846 et furent toutes deux chargées du service de l’hôpital.

D’après le P. Boudou “La Mère Anne-Marie Javouhey l’avait comme frappée à son effigie. Sœur Télesphore Ducard n’est pas une femmelette: c’était un homme et à sa façon, un grand homme aimant Dieu à plein cœur et le plus rude travail à plein bras.”

Après un séjour de dix ans dans les Petites Iles, son état de santé nécessita son retour en France et pendant deux ans, de 1856 à 1858, elle séjourna à Autun.

Elle revint dans l’Océan Indien où, après Mayotte et Sainte-Marie, elle servit à Nossi-Bé et Nosy-Faly, s’occupant des malades et des enfants abandonnés.

En juillet 1862, elle quitta à contrecœur la mission de Nosy-Faly pour rejoindre à Tananarive les deux premières religieuses de Saint-Joseph-de-Cluny qui, l’année précédente, avaient accompagné les premiers Jésuites missionnaires venus établir la Mission Catholique à Tananarive.

Sœur Télesphore Ducard arriva à Tananarive le 23 août 1862 et fut nommé supérieure de la Congrégation. Elle seconda utilement l’œuvre des Pères Jésuites, notamment en matière d’éducation des filles dont la première école compta dès le début 400 élèves.

Après dix années d’activité à Tananarive, Sœur Télesphore Ducard fut envoyée à Fianarantsoa, en 1872, en compagnie de deux autres religieuses pour créer dans cette ville une nouvelle fondation de la Congrégation. Une école en torchis fut leur premier abri et dès les premiers jours, elles eurent plus de cent élèves.

Sœur Télesphore Ducard fut pour le P. Finaz, supérieur de la Mission, une précieuse collaboratrice. Elle continua dans sa fondation l’action qu’elle avait toujours menée en matière d’éducation des enfants, de soins aux malades et d’œuvres de bienfaisance. Par deux fois, elle dut quitter son poste sous la pression des évènements; la première fois, du 11 juin 1883 au 30 juillet 1886, lors du premier conflit franco-malgache qui obligea les missionnaires à rejoindre Tamatave et, la deuxième fois, lors du second conflit de 1894-1895.

Pendant les dernières années de sa vie, Sœur Télesphore Ducard revint à Tananarive où elle fut Supérieure de la Communauté d’Ambohipo et finit ses jours à la Maison principale à Andohalo, le 29 juin 1904.

La presse locale ne manqua pas de souligner l’œuvre et les qualités de celle qui contribua à la création de fondations nouvelles. Faisant l’éloge de “cette vaillante religieuse,” l’Écho de Madagascar déclarait: “Digne émule de la Fondatrice que Louis-Philippe et Chateaubriand appelaient ‘un grand homme,’ cette femme de cœur avait tout à la fois l’énergie du soldat et la tendresse de la mère.” De son côté, le Journal Officiel de Madagascar publiait les lignes suivantes: “Pendant plus d’un demi-siècle, cette digne religieuse se fit remarquer par son infatigable dévouement si apprécié des Européens et des indigènes. Son service funèbre a été célébré dans la Cathédrale de Tananarive le 30 juin. Dans la nombreuse assistance, on remarquait M. le Gouverneur des Colonies et plusieurs notabilités civiles et militaires. Après les dernières prières, l’absoute fut donnée par Mgr de Saune, Vicaire apostolique-coadjuteur de Madagascar Central; puis le cortège funèbre se dirigea vers le cimetière d’Ambohipo où une foule recueillie accompagna la dépouille mortelle.”

Raymond Delval


Bibliographie

Bulletin de la Congrégation de Saint-Joseph-de-Cluny, Vol. VIII, 1905-1908, p. 227-228.

P. Adrien Boudou, Les Jésuites à Madagascar au XIXe siècle, t. l, p.139, 403; t. II, p. 92, 100.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.