Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Huguet, Marie

Noms alternatifs: mère sainte marguerite
1864-1932
Église Catholique
Madagascar

Originaire de la ville de Lyon où elle naquit le 18 avril 1864, Marie Huguet avait fait d’excellentes études dans sa ville natale et entra au noviciat des Sœurs de la Providence de Corenc dans l’Isère, en 1883, sous le nom de Mère Sainte Marguerite. Elle fut affectée à Grenoble puis à Rives où elle fit preuve de remarquables talents d’institutrice.

Apprenant que sa congrégation allait fonder une Mission à Madagascar, elle s’offrit pour être du premier contingent de partantes afin de réaliser un rêve de jeunesse: porter en pays lointain ses dons culturels et spirituels.

Mère Sainte Marguerite Huguet et Mère Jean Berchmans furent les deux premières fondatrices créant ensemble le poste de Betafo, le 22 juillet 1900. Les Sœurs de la Providence de Corenc furent ainsi, après les religieuses de Saint Joseph de Cluny, la deuxième congrégation de religieuses à s’établir à Madagascar. L’année suivante, elles créèrent le poste d’Antsirabe. Pour attirer les élèves dans les premières écoles, il fallut parcourir les villages, prendre contact avec les parents, faire preuve de patience. Cet apostolat itinérant des débuts se stabilisa. Les écoles qui débutèrent avec un effectif de 20 élèves chacune se développèrent plus tard considérablement, allant de la maternelle à la troisième; les effectifs atteignirent plusieurs centaines d’élèves, dépassant le millier pour Antsirabe. Pour la promotion de la femme malgache, des Centres Ménagers ruraux se multiplièrent sous leur impulsion.

En 1902, sur l’appel des Pères Jésuites, Mère Sainte Marguerite alla fonder un troisième poste à Arivonimamo. Elle y révéla les ressources d’un esprit d’initiative et d’organisation hors de pair. Elle ajouta à l’école un ouvroir et un catéchuménat et, une fois la fondation bien lancée, elle la confia à d’autres mains pour revenir à Betafo dont elle fut nommé responsable. Dès son retour, elle créa dans ce poste l’œuvre des jeunes foyers chrétiens, initiative originale et nouvelle pour l’époque.

En 1908, devant l’éclosion de vocations parmi les jeunes filles malgaches, un noviciat fut créé à Ambatolampy. Ce fut Mère Sainte Marguerite Huguet qui fut choisie comme première Maîtresse des Novices. Pendant huit ans, elle vit passer entre ses mains une quarantaine d’aspirantes, développant leur qualité de cœur et leur donnant une formation spirituelle solide. Cette formation fut des plus sérieuses; les deux-tiers persévérèrent tandis que les autres devinrent des animatrices dans les villages et les paroisses.

En 1912, ce fut la création d’une fondation à Tananarive, dans le quartier d’Amparibe. Son développement rapide nécessitait une animatrice de qualité pour rayonner sur les œuvres multiples qui en dépendaient. Mère Sainte Marguerite fut envoyée à la capitale pour cette tâche. Elle se dépensa sans compter auprès des orphelines, des “mpanjono” (groupes d’étudiants de l’École de Médecine et de l’École le Myre de Vilers), du patronage, etc.

L’année 1928 vit s’achever le mandat de la déléguée pour l’ensemble de l’Île de la Supérieure Générale de la Congrégation. Il fallait lui trouver un successeur pour diriger la mission qui comptait alors six postes totalisant 70 Sœurs dont la moitié était malgache. Mère Sainte Marguerite semblait toute désignée pour remplir cette charge; elle avait une connaissance vraie de chacune des six maisons qu’elle avait ou fondée ou dirigée et des Sœurs qu’elle avait formées.

Mère Sainte Marguerite fut donc nommée “déléguée”, mais son mandat qui s’annonçait fructueux prit fin brutalement au bout de quatre ans par son décès qui survint le 2 avril 1932 à Ambatolampy. Durant ses 32 années de vie missionnaire, elle ne revint jamais en France et c’est dans la Grande Île, sa patrie d’adoption, qu’elle repose.

Aujourd’hui, la Mission des Religieuses de la Providence compte 19 postes et plus de 120 Sœurs. La relève des premières missionnaires a été assurée grâce à une génération de Religieuses malgaches assez nombreuses et dynamiques pour prendre totalement en mains la vie de cette province.

Sœur Marie de l’Assomption, Raymond Delval



Bibliographie

Archives de l’Institut de la Providence.

Diaire des Communautés malgaches.

L’écho des Missions, revue trimestrielle dont la rédaction est à Corenc.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.