Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Maux, Marie-Henriette

Noms alternatifs: Soeur Gonzague
1831-1910
Église Catholique
Madagascar

Marie-Henriette Maux, née à Limoux (Aude) le 21 mars 1831, décédée à Tananarive le 15 avril 1910. A fait sa Profession religieuse à Paris, le 28 septembre 1852.

Après avoir été maîtresse de classe à Compiègne (France), puis à la Réunion, elle débarque à Tamatave avec 3 autres Sœurs, le 13 octobre 1861. Sœur Hortense Petitcoup l’accompagne à Tananarive où elles arrivent le 11 novembre 1861. Trois semaines de voyage en Filanzana.

“Un cousin du Premier Ministre, Rainimaharavo, nous donne l’hospitalité dans une petite case qui lui appartenait au tournant du grand chemin qui descend vers Mahamasina,” note Sœur Gonzague. Le lendemain, il leur conduisit sa fille Rasija (10 ans) pour qu’elle soit instruite. Ce fut leur première élève. On la voyait arriver, chaque matin portée à dos d’un esclave, selon la coutume du pays pour les familles nobles.

Dans les mois qui suivirent, Laborde leur envoya ses jeunes esclaves. Son exemple fut suivi. Quelques familles princières hova leur confièrent, non seulement leurs esclaves, mais aussi leurs filles. Et un jour de la seconde semaine de novembre, la propre sœur du Premier Ministre Rainilaiarivony, présenta à Sœur Gonzague une fillette de 13 ans qu’elle avait eue d’un premier mariage avec Rainandriantsilavo. L’enfant s’appelait Rasoamanarivo. La religieuse ne se doutait pas alors de la destinée de cette jeune malgache qui devint chrétienne sous le nom de Victoire. Sœur Gonzague fut sa marraine. Plus tard, devenue la belle-fille du Premier Ministre par son mariage avec son cousin Radriaka, elle joua un rôle décisif de 1883 à 1886 (1re guerre franco-hova) pour l’histoire du Christianisme à Madagascar. Sa cause de béatification a été introduite à Rome.

La Reine Rasoherina, qui occupa le trône de 1863 à 1868 voulut que sa fille Raveromanana fréquente aussi l’école de l’humble religieuse. On vit même Sr Gonzague monter chaque matin au palais pour donner des leçons à son élève, lors d’une épidémie de variole.

A la Cour, autant qu’en ville, tout le monde appréciait le dévouement de Sœur Gonzague. Les enfants recevaient un enseignement primaire complet: lecture, écriture, calcul, étude du français, géographie, histoire et musique, ainsi qu’un enseignement ménager pratique: couture, blanchissage, repassage et broderie, très en honneur chez les Malgaches. La reine envoyait ses esclaves suivre ces cours d’éducation ménagère. Sœur Gonzague excellait aussi dans la formation de monitrices malgaches qui l’aidaient. En 1862, un an après l’arrivée des deux sœurs soixante-dix fillettes fréquentaient l’école. En 1864, elles seront 400 dans les quatre écoles de Tananarive. Chaque mois, Sr Gonzague réunissait ces jeunes maîtresses pour des cours pratiques de pédagogie. Elles étaient préparées pour assurer la bonne marche des écoles rurales, qui commençaient à fonctionner dans les nouvelles chrétientés.

Les malades n’étaient pas oubliés. Voici ce qu’écrivait le capitaine de frégate Brossard de Corbigny, venu à Madagascar pour féliciter Radama au nom de Napoléon III: “Les Sœurs de la Société de St. Joseph de Cluny, dont deux résident a Tananarive, (Sr Gonzague et Sr Hortense) et deux autres à Tamatave, sont admirables de dévouement pour soigner les malades, de patience et d’affection pour élever les enfants. J’ai eu personnellement à me louer de leurs attentions délicates dans les accès de fièvre qui m’ont atteints.” (Corbigny au Ministre des Affaires étrangères, 9 avril 1862)

La guerre de 1883 obligea Sr Gonzague à s’exiler à la Réunion, Mais elle revenait à Tananarive le 2 avril 1886, pour restaurer les ruines et reprendre en main les classes. Un deuxième exil, en 1894, l’éloigna à nouveau de la Grande Ile, mais il ne dura que quelques mois. A son retour, elle reprit ses activités auprès de la jeunesse malgache.

Après soixante ans de vie religieuse, cinquante-cinq en mission: quarante-neuf à Madagascar et six à Bourbon, Sr Gonzague pouvait répéter ce qu’elle avait répondu un jour à quelqu’un qui lui conseillait de se reposer: “Laissez-moi travailler pour Dieu, j’aurai toute l’éternité pour me reposer.”

Sœur Marcienne Fabre


Bibliographie

Bulletin de la Congrégation de St. Joseph de Cluny, no 102, tome 9, juin 1911, p. 685.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.