Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Rajaobélona

1867-1938
Luthérien
Madagascar

Bien que resté presque inconnu à Madagascar, le professeur Rajaobélona contribua puissamment à faire connaître Madagascar en Norvège et influença directement des centaines de notables malgaches, des pasteurs luthériens pour la plupart, pendant ses quarante-deux ans d’enseignement.

Son père, Randrianaivo, au temps du royaume mérina, était conseiller du trône et était fréquemment appelé au palais en consultation. À la suite d’une obscure tentative de coup d’état dont on le tint pour responsable, il fut condamné aux travaux forcés aux fours à chaux d’Antsirabe. C’est là que des missionnaires luthériens norvégiens (N.M.S.) le remarquèrent et que S. E. Jörgensen obtint de lui et de sa femme, Ravelonjanahary, de pouvoir emmener leur fils Rajaobélona étudier à Tananarive. Pensionnaire chez ses tuteurs, le garçon fut traité en enfant de la maison et, à ce titre, il parlait normalement norvégien, mais apprit aussi l’anglais et le grec ancien. Il continua ses études à l’école pastorale de Masinandraina, fut consacré pasteur en 1893 et exerça son ministère à Fianarantsoa. Quand fut ouvert le collège théologique luthérien d’Ivory (Fianarantsoa) en 1896, Rajaobélona fut appelé comme professeur pour l’Ancien Testament et la théologie pratique. Il jouissait d’un tel prestige que, sans malice aucune, ses étudiants parlaient de lui en disant: “le noble seigneur, Ingahiandriana.” Il alla alors faire deux ans d’études théologiques complémentaires en France puis il fit un long voyage d’un bout à l’autre de la Norvège, prêchant dans les églises en norvégien. Son sermon le plus remarqué, sur le bon Samaritain, fut prononcé à Trondheim.

Il reprit son enseignement à Ivory et avait des talents pour le dessin et la poésie. Il traduisit du norvégien plusieurs cantiques dont dix figurent dans le recueil de l’Église luthérienne malgache. Il faisait partie de la commission de littérature et chant de son église. Il écrivit en malgache un commentaire du livre du prophète Ésaïe que l’on utilise encore à Ivory et dans plusieurs écoles bibliques. Il était un bon conseiller pour beaucoup de gens et bien qu’il eût atteint l’âge de la retraite, il continua son enseignement jusqu’à sa mort qui survint en janvier 1938.

A. Snekkenes, L. Molet


Bibliographie

Écrits: Heviteny Esaia, (commentaire du prophète Ésaïe).

Traductions: Dix cantiques dans le recueil luthérien.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.