Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Ramarosandratana, Ignace

1893-1957
Église Catholique
Madagascar

La vie de Monseigneur Ignace Ramarosandratana, premier évêque malgache, est particulièrement représentative du développement de l’Église catholique à Madagascar.

Ignace Ramarosandratana naquit le 19 octobre 1893 dans le village d’Ambohipeno, situé dans la banlieue de Tananarive, à 4 km à l’est de la capitale. Fils de Joseph Rainitsimba et de Lucile Ratavy, il était le cinquième d’une famille de neuf enfants. Il fit ses études au Collège Saint Michel d’Amparibe où une section de séminaristes, créée en 1911, groupait les enfants qui semblaient avoir des dispositions pour la vie religieuse et sacerdotale. En 1921, cette section, qui comptait 36 élèves, émigra à Ambohipo avec seize petits séminaristes et vingt grands séminaristes. Ignace Ramarosandratana était parmi ceux- là.

Il fut ordonné prêtre par Mgr. de Saune le 18 février 1925, en même temps que huit autres jeunes prêtres malgaches constituant le premier noyau de clergé diocésain à Madagascar. Le P. Ramarosandratana fut nommé à différents postes successivement en brousse et dans les villes. Il fut affecté notamment à la paroisse d’Ambatonilita à Tananarive, puis à Tamatave. C’est ainsi qu’en 1932, il fit partie de la commission de six prêtres dirigée par le R.P. Delom, supérieur général de la Mission de l’Imerina, qui effectua le 4 janvier à Andevoranto les fouilles pour retrouver les restes de Mgr de Solages.

Il fut ensuite nommé directeur spirituel des élèves du Collège Saint Michel à Tananarive. C’est de ce poste qu’il fut élevé à la dignité épiscopale.

Sous la vigoureuse impulsion de Pape Pie XI, le Saint Siège avait encouragé la formation d’un clergé indigène en pays de mission afin que des évêques choisis parmi ces prêtres puissent assurer la responsabilité de diocèses et de vicariats. L’exemple avait été donné avec l’Asie, l’Inde, la Chine, le Japon, et l’Annam. Le tour de l’Afrique et de Madagascar arriva avec le Pape Pie XII dont ce fut le premier acte.

Le 31 mai 1939, Rome annonçait la création du Vicariat Apostolique de Miarinarivo, jusque là organisé en Mission Autonome confié aux Pères Trinitaires Italiens sous la juridiction de Tananarive, et la nomination à sa tête de Mgr Ramarosandratana. Le vicariat de Miarinarivo comprenait le territoire évangélisé depuis 1926 par les Trinitaires avec d’autres territoires détachés des vicariats de Tananarive et de Majunga. Avec une superficie de 25 000 km, il comptait 120 000 habitants dont 37 233 catholiques. Il y avait 21 églises, 176 chapelles et 35 écoles où 68 instituteurs instruisaient 2 268 élèves.

Le 29 octobre 1939, Mgr Ignace Ramarosandratana avait reçu la consécration épiscopale des mains de S. S. Pie XII. La Seconde Guerre Mondiale venait de se déclencher et Rome avait voulu souligner la catholicité de l’Église en conférant la plénitude du sacerdoce à douze missionnaires de toutes races: avec Mgr. Ramarosandratana pour Madagascar et Mgr. Kiwanuka pour l’Ouganda, se trouvaient un Indien, un Chinois et huit Européens.

Mgr Ramarosandratana dirigea pendant dix-sept ans son vicariat apostolique, lui donnant une vive impulsion grâce à sa bonté, son dévouement, sa parole éloquente, et son savoir-faire. Il augmenta notamment le nombre des ouvriers de la moisson en ordonnant six nouveaux prêtres. Il mourut à la tâche dans le plein exercice de ses fonctions.

Parcourant son diocèse comme il en avait l’habitude pour assurer son ministère, Mgr. Ramarosandratana s’était mis en route le 31 août 1957 au matin pour donner des confirmations à Andolofotsy. A la fin de la matinée, il se sentit très fatigué et s’alita. On le ramena le lendemain dimanche 1er septembre à Miarinarivo où il expira paisiblement. Il allait atteindre soixante-quatre ans le mois suivant.

Des obsèques grandioses furent célébrées le mercredi 4 septembre devant la Cathédrale de Miarinarivo qu’il avait construite et qui ne pouvait contenir l’immense assistance venue de tous les points de l’Ile. Mgr. Sartre, archevêque de Tananarive, qui avait reçu la consécration épiscopale de Mgr. Ramarosandratana le 17 juillet 1948, était entouré de deux évêques et des représentants de tous les diocèses de Madagascar. De nombreuses personnalités officielles, malgaches et françaises, étaient présentes. M. Tsiranana, alors vice-président du Conseil des Ministères, entouré de ses collègues, représentait le Haut-commissaire.

Après l’éloge funèbre prononcé par l’archevêque de Tananarive et l’évocation de la carrière de Mgr. Ramarosandratana par le R. P. Edouard Ranaivo, l’un des derniers survivants des neuf prêtres ordonnés en 1925, différentes allocutions furent prononcées devant le tombeau préparé devant l’évêché. Tous évoquèrent la grande bonté et le calme toujours accueillant de celui qui fut le premier Évêque malgache.

Mgr. Ramarosandratana avait reçu en 1947 la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur des mains du Haut Commissaire M. de Coppet. Il fut, quelques années plus tard, nommé Officier.

Raymond Delval


Bibliographie

A. Boudou, Madagascar, La mission de Tananarive, 1941.

Journal Lumière, Nº 1126 du 13 septembre 1957, Fianarantsoa.

Rajemisa-Raolison, Dictionnaire historique et géographique de Madagascar, Fianarantsoa, 1966.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.