Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Randzavola, Henri

1873-1953
Protestant
Madagascar

Henri Randzavola fut pendant près de trente ans, l’un des pasteurs les plus en vue de Tananarive (Madagascar) en tant que responsable de la paroisse d’Ampamarinana, du nom de la roche tarpéienne de cette ville, d’où de nombreux martyrs chrétiens avaient été précipités en 1849 et sur laquelle fut construite l’église, commémorative de ce nom. Ses prédications atteignaient de vastes auditoires, mais il toucha un bien plus grand nombre de gens par ses écrits, même si beaucoup parurent sous divers pseudonymes: Andriamahefa, Posterior, Historicus, Ntaolozandriny.

Randzavola était né le 5 novembre 1873. Il fit ses études à Fianarantsoa puis à Tananarive. Il fut aidé et encouragé par deux missionnaires anglais A. S. Huckett (LMS) et J. F. Radley (FFMA) qui avaient décelé ses capacités. Sa connaissance de l’anglais lui permit à vingt ans d’être interprète d’une compagnie anglaise récemment créée, sur les postes d’extraction d’or à Tsaratanana et à Lanihay (Andilamena). Mais Huckett jugea qu’il pouvait être beaucoup plus utile à ses compatriotes qu’en étant simple interprète et le convainquit de retourner à Fianarantsoa poursuivre ses études et devenir instituteur. C’est ainsi que tout en étant enseignant, il fut un des représentants les plus remarquables de l’église Protestante Malgache placée sous la tutelle de la LMS. Il fut de longues années secrétaire régional de la commission synodale du Betsiléo et c’est là qu’il colligea un petit recueil de cantiques.

Il ne reçut jamais de formation théologique régulière du type de celle qui était dispensée au Collège d’Ambohipotsy sous la direction de J. Sibree. En cela, il était autodidacte. Ce qui ne l’empêcha pas, vers 1920, d’être appelé comme pasteur par la paroisse d’Ampamarinana à Tananarive et d’y rester une trentaine d’années. Et là, comme à Fianarantsoa, il exerça de multiples responsabilités concernant l’ensemble des églises. Il fut, pendant un temps, secrétaire du mouvement de jeunesse qui, par la suite, devint l’Union Chrétienne de Jeunes Gens. Il fut aussi, pendant des années, parallèlement au secrétaire européen, secrétaire malgache du Comité intermissionnaire protestant. Désigné en 1928 comme représentant des protestants malgaches à la Conférence internationale des Missions à Jérusalem, il eut ainsi l’occasion de visiter les divers pays d’Europe qui envoyaient des missionnaires dans la Grande Île. Il publia le récit de ce voyage dans un livre au titre éminemment poétique: “Des oranges de Namehana,” rappelant le proverbe qui obligeait, quand on revient de ce village, à rapporter quelques oranges qui en étaient autrefois la spécialité. Il fut un des membres influents du Comité directeur de l’Isan’Enim-Bolan’Imerina “la Semestrielle d’Imerina,” qui depuis les temps malgaches, regroupait les efforts financiers des soixante-six paroisses protestantes de la capitale pour l’évangélisation des côtes de l’île.

Les œuvres de Randzavola peuvent être rangées sous deux rubriques. La première concerne la foi chrétienne et l’Église. Parmi celles-ci, relevons une “Introduction élémentaire à la théologie” (Teology tsotsotra) destinée à faciliter l’abord d’un ouvrage plus important de son maître, Huckett. Il eut aussi un rôle considérable en tant que coéditeur, avec W. Evans, de la LMS, du gros “Diksionary amin’ny Baiboly” (Dictionnaire de la Bible), comparable en volume au travail du P. Callet “L’Histoire des Rois.” Ces deux ouvrages sont, en dehors de la Bible, les œuvres les plus importantes en malgache.

La seconde rubrique touche à la culture malgache selon trois directions principales: les Betsiléo et leur région: l’histoire (un de ses pseudonymes était Historicus); la langue, la littérature et la poésie malgaches. La grande majorité de ses articles fut publiée dans sa langue maternelle, d’autres en français. L’orthographe de son nom voulait être un manifeste de sa conception de l’orthographe malgache. Il l’écrivait avec dz plutôt qu’avec la lettre employée habituellement pour ces sons, j. qui aurait ainsi pu être supprimée comme inutile, comme l’x l’avait été.

Pendant des années aussi, Randzavola fut l’éditeur du périodique trimestriel Ny Mpanolo-tsaina (Le Conseiller) qui, surtout les premières années, avec ses propres articles, ceux de J. Rabetafika et d’autres auteurs remarquables, influença profondément ceux qui par la suite devinrent des personnalités de la capitale ou de l’île. Mais dans ces fonctions, H. Randzavola ne se laissait pas abuser et, bien dans sa manière, transmettant ses responsabilités d’éditeur à un jeune missionnaire, il le mit en garde, avec un sourire, contre la renommée littéraire quelque peu surfaite de certains auteurs prêts à inonder le périodique de leurs articles.

Pour sa connaissance de la culture malgache, H. Randzavola était membre de l’Académie Malgache.

Il mourut le 21 décembre 1953.

J. T. Hardyman, L. Molet


Bibliographie

“La littérature malgache” dans L’Encyclopédie Coloniale et Maritime. Volume: Madagascar, t. II, Paris, 1947.

Coéditeur avec W. Evans du Diksionary amin’ny Baiboly [Dictionnaire de la Bible], Tananarive, 1939.

Editeur de Fomba Malagasy [Coutumes malgaches] (édition revue et augmentée du petit ouvrage de W. Cousins) Tananarive, 1931, nombreuses rééditions.

Dans le Bulletin de l’Académie Malgache:

t. VIII “Spécimen de poéside betsiléo” (1925).

t. XV “Étude de l’orthographe de l’article défini malgache” (1932).

Nº spécial du Cinquantenaire, “L’enterrement d’un roitelet betsiléo” (1954).

Nombreux articles dans:

Ny Teny soa [la bonne parole] 1933-39, principalement religieux.

Ny Mpamafy [le Semeur] 1929-1938. Rapport de voyage en Palestine, etc.

Ny Teny Soa & Mpamafy, 1941-1945. Articles sur les finances des églises.

*Ny Mpanolo-Tsaina *[Le Conseiller] 1934-1944, plus de cinquante articles en malgache sur des sujets divers.

Voir aussi:

Ravelojaona, “Itompokolahy Randzavola mpitandrina” [Le regretté pasteur Randzavola] dans Fiainana, Tananarive, novembre-décembre 1953.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.