Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Pope, Gladys
Gladys Mary (McDougall) Pope était missionnaire pionnière à Tete, en Mozambique. Son grand-père maternel était A. W. Baker, descendent des colons des années 1820, et il parlait couramment zulu. C’était un avocat brilliant qui a été pendant un certain temps au service du président Paul Kruger. Il a abandonné sa carrière pour commencer un travail d’évangélisation dans les mines d’or. Il était toujours prêt à chercher les gens qui étaient sans Dieu. Beaucoup de gens ont aussi été bénis par le témoignage de la mère de Gladys.
Le père de Gladys était Lauchlan Archibald McDougall. Il a grandi en Australie et a reçu très peu d’éducation, car il passait de longs mois seul, loin de chez lui, à faire paître des moutons. Il a fait de son mieux pour s’éduquer lui-même. Il a été sauvé de manière merveilleuse alors qu’il était seul, sous un arbre, loin de tous sauf Dieu, et il a eu une passion zélée pour les âmes toute sa vie.
Il est venu en Afrique du Sud en 1901 à l’invitation de A. W. Baker, pour être missionnaire dans les enceintes interconfessionnelles et dans la mission vers l’intérieur. A pied ou à cheval, McDougall a fait beaucoup de kilomètres dans l’est africain portuguais (le Mozambique), le Natal et le Transvaal, prêchant l’évangile. Il était connu partout comme Maduk. La mission s’est dissolue en 1920, mais il a continué de faire un travail missionnaire indépendant. Il travaillait pendant le jour, et passait les soirées et les weekends à faire de l’évangélisation dans les enclos, les prisons et les hôpitaux des mines sur le Rand. Il a amené beaucoup de gens à avoir l’expérience du salut. Selon Gladys, c’était un homme très humble, et un très bon père pour ses douze enfants, qui ont tous suivi le Seigneur. Selon sa fille Gladys, “Il leur montrait tout ce qu’il faisait ou savait faire, et nous laissait apprendre ou expérimenter - comment réparer des chaussures, comment couper du verre, installer une fenêtre, peindre un mur, poser des briques, faire la traite des vaches, comment développer et imprimer des photos - la perfection était toujours son objectif, ‘comme si c’était pour le Seigneur.’”
Gladys est née à Chieveley, Natal, à la station missionnaire de Rama, le 16 mai 1909, la troisième enfant de la famille. Ils ont habité à la maison missionnaire de Crown Mines à Johannesburg pendant dix ans. En 1920, les McDougall se sont installés au faubourg de Malvern à Johannesburg, et en 1925, Gladys a été la première de sa famille à finir ses études au lycée de Jeppe. Elle a ensuite fait des études de dactylographie, de sténographie, et de comptabilité le soir, car elle gérait une petite épicerie de jour. Il n’y avait pas assez d’argent pour qu’elle puisse faire d’autres études.
Gladys donne le témoignage suivant: “Nous avons aimé notre cher Sauveur dès un très bas-âge. La parole de Dieu était tenue en honneur, nous avions une révérence pour les moments de prière, et à l’âge de cinq ans j’ai fait mon alliance avec mon cher Sauveur - je serais à lui. On nous a clairement enseigné la différence entre le mal et le bien, mais sans obligation, et plus tard, nous choisissions le bien. J’ai été sanctifiée plus tard grâce à la lumière amenée par le rév. Hodgin.”
Dans les années 1920 et 1930, des réunions mensuelles se tenaient dans les diverses maisons missionnaires sur le Récif pour la prière, la communion fraternelle et la discussion. Les réunions étaient souvent dans la maison des McDougall, et c’est là qu’elle a rencontré son futur mari, Henry Pope. On avait donné à Henry le nom zulu Amadolo ayinzima (genoux lourds). Il s’agenouillait toujours pour prier, et il tombait à genoux avec un grand bruit sourd sur les planchers en bois des petites églises bâties le long du Récif.
George Henry Pope (1903-1985) est né à Manchester, en Angleterre. Alors qu’il était toujours jeune chrétien, il a ressenti l’appel de Dieu au ministère et il a fait des études au collège de formation missionnaire, Emmanuel Missionary Training College, à Birkenhead. Henry a répondu à un appel de la part de la International Holiness Mission (IHM) [Mission internationale de la sainteté] pour aller en Afrique. Henry et Gladys se sont mariés le 17 août 1932.
Leur première maison était à Cottondale, au Transvaal de l’est (la province du nord actuelle) où la femme missionnaire Doris Brown tenait une pharmacie. Les deux époux voyageaient beaucoup à vélo dans le district pour rendre visite aux gens et pour prêcher. Gladys se souvient d’avoir fait vingt-cing kilomètres une fois, sur les rails ferroviaires, jusqu’à Merry Pebble Stream, en compagnie de son mari et du missionnaire Harry White. Elle décrit l’expérience ainsi, “Nous avons vécu une douce communion avec un groupe de membres africains de l’église et nous avons passé notre première nuit dans un foyer africain. Le jour suivant, la longue montée du retour nous a terrassés, mais on a adoré l’expérience!” Parfois il était dangereux de circuler à pied ou en vélo entre les maisons missionnaires, à cause des lions. Henry et Gladys ont tous les deux subi des attaques sévères de paludisme, et on leur a conseillé d’aller à Johannesburg pour la naissance de leur premier bébé, Ruth. Par la suite, ils ont attaché un porte-baggages au devant d’un vélo, et c’est ainsi qu’ils ont pu amener Ruth partout avec eux.
Après dix-huit mois à Cottondale, on leur a demandé d’aller à la région de Tete dans le nord-ouest du Mozambique, pour aider les missionnaires qui étaient là-bas, le rév. Henry Charles et Mme. Lucy Best. Dans l’intervalle, Henry Best était devenu citoyen naturalisé de l’Afrique du Sud. Donc, munis de leur passeport sud africain, ils ont vite obtenu des visas pour l’Afrique de l’est portuguaise. Au mois d’août, en 1934, ils ont pris le train avec Ruth, qui avait quatre mois, allant de Johannesburg à Salisbury, en Rhodésie du sud (le Harare, au Zimbabwe présent), à destination de Furancungo, à mille cinq cents kilomètres vers le nord. Ils avaient arrangé que leurs biens soient transportés par M. T. Page, un gérant du transport.
La ville de Tete était à environ cent trente-cinq kilomètres de la station missionnaire de Furancungo, dans le district de Macanga. La route traversait le Zambezi, et continuait dans une montée qui allait de cent mètres d’altitude jusqu’à environ 2600 mètres. Selon Henry, “pour comprendre cette route, il faut en avoir fait l’expérience.” Henry a remarqué en cours de route qu’un amortisseur arrière du camion était à moitié cassé, et il a fallu que M. Page le remplace, à l’aide de ses employés africains. Les Pope ont été très heureux de s’installer dans une grande maison à toit de chaume, qui avait un parterre en terre battue et des murs en herbe de savane recouverts de boue sur l’intérieur. Ils ont crée des meubles à partir de caissons de kérosène et d’essence, et se sont mis à apprendre deux langues, le Nyanja (Chewa) et le portuguais, sans enseignant. Ils étaient à seize kilomètres du Boma (centre du district portuguais) de Furancungo, où il y avait un magasin portuguais et un seul couple blanc anglophone. Ils n’avaient pas de véhicule, et Henry faisait ses visites et son évangélisation à vélo. [1]
La mission de Furancungo, dans la province de Tete au Mozambique, se trouvait dans un endroit bien aéré et sain, bien haut dans les montagnes. Cependant, pour y arriver, il fallait traverser une bande de terrain où il y avait la mouche tsé-tsé. Le courrier arrivait au Boma une fois par semaine à pied, où alors, si le gendarme avait de la chance, à l’aide d’un véhicule de passage. Quand les grandes pluies tropicales tombaient (il pouvait y pleuvoir à torrents pendant des heures), ni les piétons ni les véhicules ne pouvaient passer. Une fois, il n’y a pas eu de courrier (ni de journal) pendant six semaines, à la saison de Noël. Ils étaient complètement isolés, et aucune urgence ne pouvait changer cela. En plus, à l’époque, il n’y avait pas de téléphone ni de radio.
La mission de Furancungo n’avait pas de vaches, non plus. Le rév. Best avait eu quatorze vaches du Madagascar, mais les lions les avaient tuées un à un. Cependant, ils pouvaient obtenir du lait de chèvre auprès de leurs voisins africains. Hélas, il n’y avait pas de réfrigérateur. Pour bâtir, ils engageaient des hommes pour aller en forêt leur couper des arbres pour leur permettre de faire leur propres planches pour les portes et les fenêtres. Ils se sont construit un four à briques pour y cuire des briques. L’hôpital le plus proche était à Madzi Moyo en Rhodésie du nord (Zambie), dans une station missionnaire de réformés néerlandais, à presque 250 kilomètres au nord. Leur fils Albert y est né, ainsi que leurs trois autres enfants, Joy, Betty, et Muriel. La plupart du temps ils n’avaient pas de voiture, seulement un vélo. Pendant dix ans, les Best étaient aussi à Furancungo, et ils ont beaucoup appris aux Pope sur comment vivre dans cet endroit si isolé. Après cela, les Pope étaient les seuls missionnaires sur place pendant dix ans.
Le Seigneur a béni l’église et le district de Furancungo. A cette époque, la mission IHM était la première et la seule mission protestante que le gouvernement portuguais permettait dans cette province. En 1952, la IHM a rejoint l’église du Nazaréen. L’oeuvre de l’église avait avancé lentement mais régulièrement. L’évangile était préché le dimanche, aux réunions de prière du matin, et aux cultes en milieu de semaine. Il y avait des assemblées qui se réunissaient régulièrement dans les propriétés diverses autour de la mission. L’école et la clinique ont aidé l’église à grandir. Pendant la saison sèche, il y avait de longues marches à Chiritsi, à Chitiri et à Chiuto. On leur demandait aussi d’aller faire des visites au-delà du Boma, près de la frontière du Nyasaland (le Malawi), mais ils ne pouvaient répondre à ces demandes à cause des restrictions imposées par les autorités. Des Bibles et des portions imprimées de l’Ecriture Sainte en portuguais étaient distribuées à ceux qui pouvaient lire.
De temps à autre ils faisaient des voyages aux plaines basses, où la plupart des gens vivaient. Gladys les décrit ainsi :
Un groups d’une dizaine de porteurs étaient engagés pour le transport de nos vivres, matériel de cuisine, literie, vêtements, peut-être une tente et même nos enfants sur le dos… Nous dormions souvent dans une hutte africaine… Nos brancards de camp nous élevaient un peu du parterre, et je me souviens bien des rats qui courraient sur les pieds du lit… La première nuit nous étions très fatigués, et nous avions souvent mal aux pieds à cause des ampoules. La descente de cinq heures était assez difficile parce qu’on glissait sur les feuilles dans les sentiers en forme de caniveau, ou alors on roulait sur les galettes… Je me souviens d’un voyage où on a passé vingt-deux jours loin de la mission. Notre nourriture “européenne” était depuis longtemps épuisée et nous mangions de la bonne nourriture africaine. Nos vêtements avaient pris la teinte gris-noir de la terre de cette région. Les forceps dentaires de Henry étaient toujours en demande, et notre boîte de [médicaments] de la Croix-Rouge était toujours ouverte… Une partie de notre chemin était censée être un ancien chemin utilisé par les esclavagistes. Est-ce que Livingstone avait vu la triste image d’esclaves en chaînes sur ce chemin, et avait-il raconté l’histoire rédemptrice de l’évangile ? Chaque nuit nous dormions dans un endroit différent, et nous essayions de tenir autant de réunions que possible. Il y avait des croyants ici et là, et nous étions là pour les aider et pour les encourager de continuer à gagner d’autres âmes.
Gladys mettait à l’œuvre les capacités médicales qu’elle avait pour s’occuper des malades, et Henry arrachait les dents. Il y a eu une épidémie de dysentérie parmi les femmes qui avaient été employées par l’administrateur à Boma. Ces femmes s’occupaient du désherbage autour des bâtiments et sur le terrain d’aviation. Comme il n’y avait pas de médecin, ces femmes ont toutes été renvoyées chez elles. Certaines femmes sont venues à la mission, et on a aménagé un endroit pour les isoler et pour que Gladys puisse s’occuper d’elles. Le petit Albert avait dix-huit mois, et il rampait partout. Ils supposent qu’il a attrapé la maladie en se couchant sur le tablier de Gladys avant qu’elle ne puisse le changer et se laver les mains. Selon Henry, “Il nous a quittés en une semaine. J’ai fait le couffin, et maintenant il y a une petite tombe devant l’église à la mission de Furancungo, avait quelques autres tombes de membres de la famille du pasteur Chibanga Phiri, qui attendent le son de la trompette–Até que Venha (Jusqu’à-ce-qu’Il vienne).”
Henry continue l’histoire : “Bien entendu, le travail à Tete nous obligeait d’être séparés des enfants pour qu’ils puissent aller à l’école. Dieu a été très bon envers nous pour cela, parce que la mère de Gladys, la chère “Granny Mac” vivait à Johannesburg et elle était très heureuse de nous aider pour tout cela.” Les enfants ne pouvaient même pas rentrer chez eux pendant les fêtes scolaires. Cependant, la famille a eu un congé en Angleterre en 1946. Le père de Henry était décédé, et sa mère vivait seule. En 1954, les Pope ont été remplacés à Furancungo par le rév. Norman et Mme. Joan Salmons. Après cela, les Pope ont servi au Transvaal et au eswatini dans divers endroits.
Ils ont pris leur retraite en 1970 à Scottburgh sur la côte sud de Kwazulu/Natal, et sont devenus gardiens de quelques propriétés. Ils y ont continué à servir le Seigneur de toutes les manières possibles. Henry est allé rejoindre Jésus à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Il avait vécu chaque jour dans l’attente de l’appel de Dieu, et on se souvient de lui comme exemple de la foi. Sa famille se souvient de son soutien dans la prière, de son intérêt sincère et de sa nature gaie. Gladys est allée vers Jésus à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, et sa famille s’est réjouie avec ceux au ciel qu’elle avait si fidèlement couru la course et qu’elle avait laissé un héritage si riche. [3]
Paul S. Dayhoff
Notes:
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Rév. Thomas Phiri, “History of the Nazarene Mission of Miuanga, Furancongo, Macanga, Tete, Mozambique,” [Histoire de la mission de…] septembre 2001.
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Rév. George Henry Pope, “His Story” [Son histoire], envoyé par le rév. Pieter et Mme. Betty van den Berg.
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Gladys Mary Pope, “Some Records and Memories,” [Quelques documents et souvenirs], envoyé par le rév. Pieter et Mme. Betty van den Berg, août 1999.
Cet article est reproduit, avec permission, de Africa Nazarene Mosaic: Inspiring Accounts of Living Faith [Mosaïque de l’Afrique Nazaréenne: Comptes-rendus édifiants de foi vivante], première édition, copyright (c) 2001 par Paul S. Dayhoff. Tous droits réservés.