Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Kato, Byang Henry (A)

1936-1975
Église Évangélique d'Afrique de l'Ouest
Nigeria

Le professeur Byang H. Kato était le premier secrétaire général africain de l’Association des Évangéliques en Afrique, et une voix franchement critique des dangers du syncrétisme et de l’universalisme dans l’église africaine.

Kato est né le 23 juin 1936, le premier-né de Heri et de Zawi du clan des Sab Zuro, dans l’état de Kaduna, au Nigéria. Son père l’a voué à une divinité locale, Pop-ku, comme c’était la coutume à l’époque. Comme enfant, il a reçu l’instruction qui accompagnait les pratiques s’appliquant à cette divinité, et il a participé aux rituels.

En 1948, il est allé dans une école missionnaire de la SIM [Mission vers l’intérieur du Soudan] qui se trouvait près de chez lui et a été baptisé à l’âge de douze ans cette même année. Son nom de baptême était Henri. Son père l’a retiré de l’école peu après car il avait besoin de son aide à la ferme. Heureusement, l’institutrice de Kato, une femme missionnaire, a demandé à ses parents de lui permettre de poursuivre ses études et il est retourné à l’école après une année d’absence. Cependant, quand son père a appris qu’il s’était converti au christianisme, il a refusé de payer ses frais de scolarité. C’est alors que certains missionnaires ont offert à Kato un emploi à mi-temps pour lui permettre de payer sa scolarité et d’acheter ce dont il avait besoin.

Kato a travaillé très fort, aidant son père à la ferme tôt le matin avant l’école, et encore après ses classes. Pendant ses trois dernières années à l’école primaire, il était premier de sa classe. Une fois, après avoir assisté à un congrès de l’église sur la mission, à Kwio, il a été très touché, et il s’est avancé pour offrir une de ses deux chemises. A l’âge de dix-sept ans, il a ressenti l’appel à la mission. Deux ans plus tard il s’est inscrit au collège biblique d’Igbaja, et il a été diplômé en 1957. Au cours de sa dernière année à l’école biblique, il a épousé Jummai Rahila, et ils ont eu une fille et deux garçons. Kato a aussi suivi un cours de trois mois sur l’évangélisation des enfants à Paris, en France.

Après avoir obtenu son diplôme, Kato a été envoyé enseigner dans une petite école biblique à Kwoi, où il était aussi responsable d’un groupe de garçons éclaireurs. Deux ans après, il a rejoint African Challenge Magazine [défi africain] à Lagos, comme conseiller (le magazine s’appelle aujourd’hui Today’s Challenge [défi d’aujourd’hui]). Poussé par son désir d’apprendre, il a obtenu le certificat général de l’éducation par cours de correspondance à partir de l’Angleterre en 1961, suivi d’un certificat de niveau avancé pendant les deux années suivantes. Il a enseigné à Zabolo Kwoi avant d’aller faire des études à London Bible College de 1963 jusqu’en 1966, obtenant une licence en religion. Il a ensuite enseigné à la Faculté de théologie d’Igbaja, et a été élu secrétaire général des Églises évangéliques de l’Afrique occidentale, (ECWA) et s’est installé à Jos, où se trouvait le siège de l’association. Il a été ordonné en 1968. Après avoir servi dans plusieurs postes différents, il a passé quatre ans à la Faculté de théologie de Dallas (au Texas, Etats-Unis) obtenant une maîtrise en théologie systématique, et ensuite un doctorat en théologie en 1974.

En 1973, il a été élu à l’unanimité secrétaire général de l’Association des évangéliques en Afrique [AEA, Association of Evangelicals in Africa], devenant ainsi le premier Africain à occuper ce poste. Il a aussi été nommé secrétaire exécutif de la Commission théologique de cette association. Il a activement encouragé les études de théologie évangélique pour une nouvelle génération de leaders africains, et il s’est fait des ennemis parmi les membres du conseil mondial des églises (WCC) avec ses attaques sur le syncrétisme et l’universalisme enseigné par les théologiens libéraux.

Lors d’une rencontre avec le Président Jean-Bedel Bokasa de la République Centrafricaine, il a expliqué sa vision pour une faculté de théologie évangélique africaine de niveau supérieur. Une telle faculté offrirait une formation théologique pertinente au contexte africain et soulignerait combien il est important que les théologiens africains soient formés en Afrique. Avant de partir, le président a donné à l’AEA un site de choix de trois hectares près de l’université, avec accès à la bibliothèque, pour établir la première faculté de théologie supérieure francophone, Bangui Evangelical School of Theology (BEST), qui a été fondée en décembre 1997. La vision de Kato a aussi contribué à l’établissement de la Faculté de théologie évangélique supérieure de Nairobi (NEGST).

Au cours de sa présidence, l’AEA a établi un fonds supervisé par la Commission théologique. Ce fonds avait pour but d’assurer l’encouragement et la promotion de l’éducation et de la formation théologique supérieure d’Africains évangéliques dans le contexte africain. Lors de la réunion de la Commission théologique de l’AEA qui a eu lieu juste avant sa mort, il a demandé qu’un conseil pour les accréditations soit aussi établi. Depuis, ce conseil a établi des normes pour les instituts et les facultés de théologie partout en Afrique.

Lors de vacances passées en famille à Mombasa en décembre 1975, Kato est mort noyé dans l’océan indien sous des circonstances mystérieuses.

Francis Manana


Sources:

Entrevue avec Williams, étudiant à Nairobi Evangelical Graduate School of Theology, Nairobi, Kenya.


Lecture supplémentaire:

Kato, Byang H. Theological Perspective in Africa: A Collection of Papers and Addresses [La perspective théologique en Afrique : une collection de mémoires et de discours]. Achimota, Ghana : African Christian Press, 1985.

——–. Theological Pitfalls in Africa [Pièges théologiques en Afrique]. Kisumu, Kenya : Evangel Publishing House, 1975.

Breman, Christian M. The Association of Evangelicals in Africa [L’Association des Évangéliques en Afrique]. Zoetermeer, Netherlands : Uitgeverij Boeken Centrum, 1996.


Ce récit, soumis en l’an 2000, est le produit des recherches de M. Francis Manana, professeur d’évangélisation et de missions, et coordinateur de liaison du DIBICA, Pan African Christian College, Nairobi, Kenya.