Guibert, Georges-Henri

1915-1997
Église Catholique
Sénégal , Réunion

Ce missionnaire catholique est né le 5 septembre 1915 à Paris, en France, de parents commerçants. Après ses études secondaires, il commence sa formation en vue de la prêtrise au séminaire de Versailles, avant finalement d’entrer au noviciat de la congrégation des pères du Saint-Esprit à Orly. Il a été ordonné prêtre le 10 août 1941.

Missionnaire au Sénégal

L’année suivante, en 1942, pendant la Deuxième Guerre mondiale, il part en mission à Dakar, après un difficile passage en “zone libre”. Il est pris à la fin de la traversée dans le débarquement des troupes alliées à Oran en Algérie. Il n’est mobilisé que quelques jours avant de rejoindre son poste de nomination au Sénégal. À son arrivée dans la capitale de l’Afrique occidentale française, il est nommé procureur du vicariat apostolique de Dakar.

Vicaire de brousse

Il sera affecté un temps dans la ville de Kaolack située à 200 kilomètres au sud-est de Dakar à titre d’ouvrier apostolique où il s’attellera à l’édification et à la solidification de l’unique paroisse de la ville. Il exercera ensuite son ministère sacerdotal et sa mission à Diourbel à environ 150 kilomètres à l’est de Dakar au cœur du milieu maraboutique. Ce premier séjour au Sénégal dure 4 ans jusqu’en 1946, année de son rappel en France pour occuper les fonctions de vice-procureur général à la maison mère de la congrégation des pères du Saint-Esprit à Paris sous les ordres du Père Letourneur.

Évêque auxiliaire à Dakar

En 1948, Monseigneur Marcel Lefebvre, nommé vicaire apostolique de Dakar l’année précédente, devient Délégué apostolique pour l’Afrique française. Il ressent le besoin d’un auxiliaire pour l’aider dans l’administration du diocèse de Dakar puisque ses fonctions de délégué apostolique l’amenaient souvent à sillonner l’Afrique française dans les diocèses, vicariats et préfectures apostoliques qui étaient sous son autorité. Ayant remarqué les compétences, les habiletés et les qualités administratives du Père Guibert, Monseigneur Lefebvre demanda et obtint sa nomination, en 1949, pour l’aider dans sa tâche à Dakar.

Administrateur de talent

À titre d’évêque auxiliaire, Georges Guibert sillonne inlassablement en voiture les postes et missions de brousse allant à la rencontre de ses confrères prêtres pour s’enquérir de leurs besoins matériels et spirituels et écouter les diocésains. Il sera affublé du sobriquet de l’évêque “roulant.” C’est donc lui qui était chargé de l’administration et de l’organisation matérielle du diocèse de Dakar, ce qui l’amenait à faire les visites pastorales et les tournées de confirmation pendant que son “patron” sillonnait l’Afrique française pour s’occuper de ses fonctions pontificales de Délégué apostolique.

Pendant ses années au Sénégal, il s’est montré très dévoué et toujours prêt à rendre service à ses missionnaires et aux gens du pays. Son grand regret, disait-il, c’est de ne pas être capable de s’exprimer dans les langues locales du Sénégal pour engager la conversation comme il l’aurait voulu avec les habitants du pays. Son évêque, Mgr Marcel Lefebvre, se dira plus tard heureux d’être secondé avec tant de dévouement et d’abnégation par son auxiliaire.[1]

Évêque de Saint-Denis de la Réunion

En 1960, les fonctions du Délégué apostolique prennent fin avec les indépendances des anciennes colonies françaises amenant ainsi Mgr Lefebvre à ne s’occuper que de son diocèse. C’est alors que Georges Guibert, déchargé de ses fonctions d’auxiliaire à Dakar, est nommé évêque de Saint-Denis de la Réunion dans l’océan Indien.

Il arrive dans ce département d’outre-mer de la France au moment où la société est divisée par le débat sur la départementalisation, l’autonomie ou l’indépendance auquel le clergé réunionnais n’échappe pas. L’évêque refuse de bloquer l’Église avec un choix politique. Sur le plan ecclésiastique, il donne un nouvel essor à la catéchèse diocésaine et encourage les relations entre catholiques des diverses îles du sud-ouest de l’océan Indien. Il contribue également au lancement de la Conférence épiscopale de l’océan Indien.[2] C’est à son initiative que les Frères de Saint-Jean-de-Dieu se sont implantés dans l’Ile. À une époque où les vocations sacerdotales se faisaient rares, il a réussi à ordonner vingt prêtres pendant son épiscopat.

En 1969, il crée l’Aumônerie réunionnaise à Paris pour aider les Réunionnais de France à s’insérer dans le tissu social et pastoral de la Métropole. C’était pour lui une façon d’offrir un accompagnement aux Réunionnais vivant dans l’Hexagone.

Après quinze ans à la tête de l’Église catholique de l’ile de la Réunion, Georges Guibert quitte son siège en 1975, année de ses 25 ans d’épiscopat pour, dit-il, laisser la place à un plus jeune. Il rentre alors en France métropolitaine.

Aumônier

À son retour, il est nommé aumônier dans une clinique des Frères de Saint-Jean-de-Dieu. Il passe ensuite sa retraite chez les Petites Sœurs des Pauvres à Paris. Il décède le 30 septembre 1997, à l’âge de 82 ans. Il est inhumé à Chevilly.

Raphaël Lambal


Notes

  1. Tissier de Mallerais, Bernard. Marcel Lefebvre, une vie. Étampes : Clovis, 2002, 196.
  2. Cette conférence regroupe aujourd’hui le vicariat apostolique de l’archipel des Comores couvrant aussi l’île française de Mayotte, le diocèse de Port-Louis à l’île Maurice, le diocèse de Saint-Denis de l’île de La Réunion, le diocèse de Port-Victoria aux Seychelles et le vicariat apostolique de l’île Rodrigues.

Bibliographie

De Benoist, Joseph Roger. Histoire de l’Église catholique au Sénégal : du milieu du xve siècle à l’aube du troisième millénaire. Dakar/Paris : Karthala, 2008.

Tissier de Mallerais, Bernard. Marcel Lefebvre, une vie. Étampes : Clovis, 2002.

Mensuel. Horizons Africains, Dakar : Novembre 1957.

https://www.mi-aime-a-ou.com/monseigneur_guibert.php (consulté le 22 août 2023).

https://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bguibert.html (consulté le 22 août 2023).


Cet article, reçu en aout 2023, est rédigé par Raphaël Lambal, coordonnateur à la gestion des études à l’Université TÉLUQ (teluq.ca) au Canada. Il est titulaire d’une licence en journalisme, d’une Maitrise et d’un DESS (Diplôme d’études supérieures spécialisées) en sciences de l’information et de la communication obtenus au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. Il a également obtenu une maîtrise en administration publique à l’École nationale d’administration publique de Québec (enap.ca), après avoir terminé sa scolarité doctorale en communication publique au département d’information et de communication de l’Université Laval à Québec. Il a été récipiendaire de la bourse de la fondation FORD (2007-2010) pour les études universitaires.