Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

MacCarthy, Charles (B)

1767-1824
Église Catholique
Sierra Leone , Ghana

Charles Mac Carthy est connu comme le gouverneur anglais qui vient prendre en charge en 1812 le Sénégal occupé par les Britanniques. En 1814 il alla s’installer à Freetown pour remplacer Maxwell et il fut l’un des moteurs de la colonisation britannique dans l’ouest africain jusqu’à sa mort en 1824.

Charles Mac Carthy était un officier français. Je n’ai pu, malgré de nombreuses recherches, notamment à Chartres, Toulouse et Agen savoir ni la date exacte (15 février ou 15 décembre 1767) ni son lieu de naissance. Fils de Jean-Gabriel Guéroult, Commissaire du Roi et d’une fille de Charles Mac Carthy, Officier irlandais ayant émigré de Cork en France après la bataille de La Boyne. Il fut adopté par son oncle Charles Mac Carthy colonel des Gardes de Louis XV.

Sous-lieutenant de remplacement au régiment de Berwick le 4 avril 1785, sous-lieutenant le 21 mai 1786, lieutenant le 1er avril 1791. Il aurait déserté ce même jour.

Parfaitement bilingue, au lieu de servir dans l’armée des émigrés, il obtient une charge d’officier dans l’armée britannique. Il combat aux Antilles puis va tenir garnison au Nouveau-Brunswick, où il est en 1804 major du New-Brunswick Fencibles.

En 1812 il est appelé à Saint-Louis du Sénégal sans doute en raison de sa parfaite connaissance du français comme lieutenant-colonel du Royal African Corps. C’est le début d’une extraordinaire carrière. Jusqu’alors Charles Mac Carthy (son dossier en fait foi) était comme tout militaire préoccupé d’avancement et d’honneurs.

Ainsi à Saint-Louis, il vit comme son prédécesseur au milieu d’une garnison anglaise qui s’entend fort bien avec la société métisse.

Lorsque le gouverneur Maxwell en 1814 quitte Freetown pour se rendre en congé en Angleterre, Mac Carthy transporte tout naturellement son quartier général à Freetown. Gouverneur par intérim il est nommé gouverneur titulaire en 1815 et il semble que cette nomination soit due au simple fait qu’il était le plus ancien dans le grade le plus élevé. Mais il réussit admirablement; c’est à lui que l’on doit l’accord entre le CMS (Church Missionary Society) et le gouvernement britannique pour l’installation des esclaves africains libérés.

II obtient du gouvernement de Londres d’importants crédits. De 1.900 livres en 1815, les subventions passent à 41.000 en 1816 et atteignent 95.000 en 1823. Cet argent sert aussi à construire Freetown. Mac Carthy fut un grand bâtisseur et le gouverneur qui permit la naissance et l’expansion des villages d’esclaves libres.

Il fit excellent accueil à la Mère Javouhey et à René Caillié qui dirigea quelque temps à Freetown une fabrique d’indigo.

La vie mondaine de Freetown était somptueuse et les compagnes mulâtresses des officiels étaient de toutes les réceptions. Celle de Mac Carthy était Hannah Hays qui lui donna un fils dont le baptême fut la source de pittoresques débats entre pasteurs. La politique menée par Sir Charles Mac Carthy est tout entière d’expansion. Autorisé en 1818 à occuper les îles de Los, repaire de négriers, Mac Carthy se voit interdire l’annexion des îles Sherbro et Bissagos. Nommé en 1821 à la tête des possessions britanniques d’Afrique occidentale il n’a pas une appréciation très sûre des forces en présence en Gold Coast et de la redoutable armée ashanti.

Le 27 mars 1822 Charles Mac Carthy arrive à Dixcove sur l’Iphigénie. Il va ensuite à Anamabu, Accra et Cape Coast. Il réorganise les garnisons des forts.

Dans la 2e quinzaine de mai le gouverneur retourne à Freetown laissant le major Chisholm et le capitaine Gordon Laing (qui fut ensuite le premier européen à entrer à Tombouctou).

Après des tentatives de règlement pacifique, la guerre est inévitable. Sir Charles part avec 250 soldats et 2.000 auxiliaires Fanti. Il trouve la mort au cours de la bataille livrée par l’armée ashanti à Insamanku sur la rivière Prah le 21 janvier 1824.

Robert Cornevin


Bibliographie

Je tiens à exprimer ma vive gratitude à Miss R. Cole dans John Peterson, Province of Freedom, Faber et Faber, Londres 1969. Les chapitres III et IV retrouvent les années d’administration de Charles Mac Carthy.

Un compte rendu détaillé de ses activités en Gold Coast figure dans Claridge, The Gold Coast and Ashanti, 1915, réédition Franck Cass, 1964.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 2, volume 2, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.