Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Berthoud, Henri

1855-1904
Église Libre
Afrique Du Sud , Mozambique

Missionnaire, voyageur et linguiste, Henri Berthoud est né à Morges, près de Lausanne, en 1855. Il fit ses études classiques et de théologie à Morges puis à Lausanne.

Dès son enfance, Henri Berthoud avait entendu parler des Missions et de l’évangélisation du monde. Paul Berthoud, son frère aîné, lui-même, était parti et avait fondé la Mission Vaudoise, à Valdézia, au nord du Transvaal.

A l’époque, l’œuvre missionnaire était-elle prometteuse? En 1880, P. Berthoud, le frère, rentrait de sa première campagne missionnaire. Il est brisé dans sa santé, il a perdu ses trois enfants et sa femme, et il demande de l’aide pour que l’œuvre continue. Le premier qui se leva à cet appel fut Henri Berthoud, le jeune frère. En 1880, il épouse Mlle Emmy Polge.

En 1881, il arrive à Valdézia, la fameuse et sommaire station du «Bas-pays» au nord du Transvaal.

Henri Berthoud est pasteur, il doit faire la connaissance du monde africain, des usages, il doit surtout parler la langue de ces débris de tribus thonga qui avaient fui devant les envahisseurs zoulous. Ceux-ci guerroyaient et pillaient dans les «possessions portugaises» [1].

En collaboration avec les premiers missionnaires, Henri Berthoud se plonge dans l’étude de la langue thonga (que l’on appelle aussi shangaan, dans l’Afrique du Sud) ; les Africains eux-mêmes collaborent activement, c’est la première fois que la langue est écrite. On se met sans délai à la traduction de portions des Ecritures.

Le contact avec ces lambeaux du peuple thonga pose des problèmes. Les Thonga affirment que le berceau de la tribu est au bord de l’océan Indien, au sud du Mozambique. On y parle la même langue, on y connaît des cousins! Mais sont-ce là des informations sûres? Les missionnaires du Transvaal ont-ils vocation pour retrouver le gros de la tribu? Il faut aller voir et s’informer sur place.

Henri Berthoud a du goût pour la géodésie et la cartographie, il aime voyager. En 1881 et 1883, il explore l’est du district du Zoutpansberg, il dénombre les sous-groupes ethniques et reconnaît la rivière Singouetse, affluent de l’Olifant, qui se jette dans le Limpopo. On est déjà en zone portugaise. On sait que les Vendas arrachaient à la Montagne de Fer le métal dont ils faisaient des pioches et des armes. Celles-ci étaient envoyées avec de l’ivoire aux factoreries du sud du Mozambique. Il est naturel que Henri Berthoud ait suivi l’une ou l’autre des pistes qu’utilisaient les commerçants.

Deux ans plus tard, en 1885, Henri Berthoud et son collègue, Eugène Thomas, sont envoyés jusque chez le chef thonga Magoude, dans le Bas-Nkomati, donc, au Mozambique. Des chrétiens thonga, du Transvaal les y avaient précédés et Magoude demandait des missionnaires. Berthoud et Thomas poussent encore jusqu’à Lourenço-Marques, la capitale de la Colonie du Mozambique. C’est là le pays des Thongas et de leurs cousins Rongas. Ces voyageurs font des relevés du pays et des ethnies.

Un champ nouveau était ouvert à la Mission Vaudoise devenue Mission Romande, qui enverra ses premiers missionnaires dans la région de Lourenço-Marques en 1887.

Après un deuxième voyage au Littoral Portugais, en 1889, les missionnaires suisses du Transvaal chargèrent Henri Berthoud, en 1891, d’une nouvelle expédition. La situation politique dans le Zoutpansberg était menaçante. Pourrait-on, le cas échéant, déménager et installer une Mission près du kraal du roi zoulou Goungounyane, qui dominait les Thonga du pays de Khambane, à Mandlakazi, au N.-E. du Limpopo? Le gouvernement portugais se manifestait, chez Goungounyane, par la présence d’un résident qui devait surveiller les intrigues des Anglais. Goungounyane réserva un accueil favorable à Henri Berthoud. C’était le prélude à la première Mission médicale du Dr Georges Liengme (1892).

Henri Berthoud fut ainsi connu comme pionnier, comme organisateur d’églises. Linguiste distingué, il contribua largement à la traduction des Ecritures en thonga.

Il est mort à Valdézia, Transvaal, le 31 décembre 1904.

André Clerc


Notes:

  1. Les premiers missionaires crurent avoir affaire aux Magouamba, avec le temps, ceux-ci se déclarèrent: Thonga, puis Tsongas.

Bibliographie et Cartes:

1886 «Carte de l’Afrique explorée et civilisée N° 9». Imprimerie Noverraz Genève. «Sh’angaan Grammar».

1892 Voyage chez Goungounyane. G. Bridel et Cie, Lausanne.

1896 Quelques remarques sur la famille des langues et sur la langue Tzonga en particulier. E. J. Brill. Leide.

1904 Deux problèmes hydrographiques du pays de Gaza, et carte. Imprimerie Paul Attinger. Neuchâtel.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins : Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 2, volume 1, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.