Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Dwane, James Mata (A)

1848-1916
Communion Anglicane (Ordre de l'Ethiopie)
Afrique Du Sud

James Dwane était le fondateur de l’Ordre de l’Ethiopie, un ordre africain autonome associé à l’église anglicane.

James Mata Dwane, membre de la tribu Amatinde, est né à Debe Nek près de King William’s Town au Cap de l’est, en 1848. Il a été éduqué et formé à la Healdtown Methodist Missionary Institution, où il est retourné pour y être enseignant. Alors qu’il était à Healdtown, il a vécu un certain temps dans la maison du rév. Robert Lamplough, qui était missionnaire.

Dwane a décidé d’être pasteur, et en première étape, il est devenu prédicateur local, ou laïc. En 1872 il est rentré à Healdtown pour faire des études de théologie. Trois ans plus tard, ayant fini ses études, il a commencé son travail de ministère novice en assistant son ancien ami, le rév. Robert Lamplough, dans l’église d’Annshaw, à Middeldrift. Il a été ordonné dans l’église méthodiste de Russell Road, à Port Elizabeth, en 1881. Dwane a servi comme pasteur dans de nombreux endroits: East London, Grahamstown, Kimberley, Mount Coke, et le circuit Seplan près de Queenstown. Il a tenu des postes importants dans l’église méthodiste. En 1888, il a été nommé au comité chargé d’agrandir le recueil de chants Xhosa. C’était un des pasteurs responsables de la formation et des examens pour novices, et à partir de 1890, il était examinateur des novices noirs.

En 1892 Dwane a fait un voyage de députation en Angleterre afin de susciter des fonds pour l’œuvre méthodiste en Afrique du Sud. Dwane espérait obtenir assez de fonds pour établir une école industrielle dans le circuit Seplan (SA Methodist 1892, 130). Sa tournée a été couronnée de succès et il a pu obtenir une grande somme d’argent. Cependant, quand Dwane est rentré, les autorités méthodistes ont insisté que l’argent soit versé au fonds général.

Dwane a été complètement désillusionné par l’affaire, et la dispute sur l’argent l’a amené à quitter l’église méthodiste et à rejoindre l’église éthiopienne de Mangena Mokone.

En 1896, lorsque Dwane a rejoint l’église éthiopienne, les discussions avec l’African Methodist Episcopal Church aux Etats-Unis sur l’amalgamation à celle-ci avaient été entamées. Dwane et Xaba, un autre membre de l’église éthiopienne, ont été choisis pour aller aux Etats-Unis, mais comme Dwane était le seul à pouvoir susciter des fonds, il y est allé tout seul.

Aux Etats-Unis, Dwane s’est entretenu avec l’évêque Turner et d’autres officiels de l’AMEC. Eventuellement, le congrès des évêques et le conseil d’administration missionnaire ont accepté l’amalgamation. Dwane a été “réobligé” (ordonné une deuxième fois) et a été renvoyé comme surintendant général de l’AMEC de l’Afrique du Sud. Cette action a beaucoup déplu aux membres de la nouvelle branche de l’AMEC, car beaucoup d’entre eux pensaient que Mokone, qui avait fondé l’église éthiopienne, aurait du recevoir l’honneur d’être surintendant général. En tout cas, en 1897, tous les prédicateurs éthiopiens ont été ordonnés une seconde fois par Dwane.

L’année suivante, lorsque l’évêque Turner de l’AMEC américaine a rendu visite en Afrique du Sud, Dwane a été nommé vicaire général et c’est lui qui a assumé les responsabilités quand Turner est rentré. Ce poste n’a été confirmé aux Etats-Unis par l’AMEC seulement deux ans plus tard, car Dwane a passé deux ans à observer le fonctionnement de l’église américaine.

Quand il est rentré en Afrique du Sud, Dwane a dit au congrès de l’AMEC que l’AMEC aux Etats-Unis avait promis de l’argent pour faire bâtir une école ou un collège. Cependant, l’argent n’est pas arrivé, et sur les trente ministres présents au congrès, seulement quatre ont indiqué par leur vote qu’ils ne voulaient pas quitter l’AMEC. L’AMEC a appelé cette rupture “la révolte de Dwane.”

Dwane a commencé à se poser des questions sur la validité des ordres sous lesquels il avait été installé. Le vicaire de l’église anglicane de Queenstown, le rév. Julius Gordon, a présenté Dwane à l’évêque Cornish, de Grahamstown. Dwane a été convaincu que l’église anglicane avait la vraie succession apostolique (catholique) et en 1899, il a écrit à l’archevêque West-Jones de Cape Town pour négocier l’intégration des éthiopiens en rupture à l’église anglicane, comme ordre séparé.

L’année suivante, au mois d’août, il y a eu un culte dans la cathédrale de Grahamstown au cours duquel Dwane a été admis de manière formelle à la communion de l’église anglicane. Ayant pris les vœux nécessaires, il a été admis comme “provincial de l’ordre de l’Ethiopie,”mais il n’a pas été consacré évêque. En décembre, une “convention” a été signée entre l’ordre et l’église anglicane, suivie d’une “constitution” l’année suivante.

C’est lentement que l’église anglicane a ordonné des ministres pour l’ordre de l’Ethiopie. En 1902, cinquante-trois candidats de Queenstown ont été confirmés, et douze hommes ont obtenu un certificat de catéchiste, mais pas de prêtre. Dans la même année, le rév. W.M. Cameron est devenu responsable de la formation “d’étudiants théologiques éthiopiens” (Verryn 1972, 112). Dwane a aidé Cameron avec le travail de la formation de ces étudiants.

A partir de 1905 il a eu des difficultés diverses allant de la sécheresse dans le Cap de l’Est jusqu’au mésententes avec le clergé anglican. Au congrès de 1905, Dwane s’est plaint que les ministres éthiopiens étaient obligés de travailler sous des prêtres blancs (PR 3181 Cory Library). L’évêque a fermement rappelé aux éthiopiens qu’ils étaient “avant tout, membres de l’église de la Province de l’Afrique du Sud, et deuxièmement, membres de l’ordre de l’Ethiopie” (Grant 1905, 17). Ensuite, Dwane a été critiqué pour avoir pris part à des “transactions commerciales.” Dwane a écrit à l’archevêque, expliquant qu’il avait seulement aidé “son fils, dans le magasin où il travaille, comme il ne lit, ni ne parle, ni n’écrit l’anglais” (Lettre 1905). Par contre, la fille de Dwane est devenue une des premières infirmières africaines du Transvaal, et a été employée par le conseil municipal de Johannesburg à Klipspruit Location (Skota 1933, 152).

Deux ans plus tard Dwane a été remplacé comme provincial. Le rév. W. Cameron a rapporté à l’archevêque que “les évêques de la province n’ont pas renommé M. Dwane comme provincial,” et que lui, Cameron, avait été nommé provincial par intérim (Lettre 1907). Dwane est resté diacre de l’ordre de l’Ethiopie jusqu’à sa mort en 1916, est n’est jamais devenu évêque. Une bourse pour les études théologiques à été nommée en son honneur.

La question demeure: Pourquoi Dwane était-il content de rester dans l’église anglicane en dépit du fait qu’il n’était pas évêque? En avait-il assez des changements, ou bien était-ce le cas pour les autres membres de l’ordre? Est-ce que le fait qu’un collège éthiopien a été établi pour la formation de prêtres africains et qu’il était un des tuteurs a eu un effet sur toutes ces choses? Le petit-fils de Dwane, l’évêque S. Dwane, est devenu le premier évêque noir de l’ordre de l’Ethiopie - le poste que son arrière-grand-père avait désiré, mais qu’il n’avait jamais atteint.

J.A. Millard


Bibliographie

The African Methodist Episcopal Church–texte dactylographié dans les archives de l’AMEC, Bellville.

Cameron, W. Letterbrooks AB 652 CPSA Archives, Johannesburg, mars-novembre 1907.

Campbell, J. “Our fathers, Our Children: The African Methodist Episcopal Church in the United States and South Africa.” [Nos pères, nos enfants: l’AMEC aux Etats-Unis et en Afrique du Sud] thèse de Doctorat, Université de Stanford, San Francisco, 1989. Compact of the Order of Ethiopia [Convention de l’Ordre de l’Ethiopie] 1900.

Grant, Cardcross. 10ème journal, 19 avril au 30 juin, 1905. AB 1967 CRSA Archives, Johannesburg.

Lewis, C. et G.E. Edwards. Historical records of the Church of the Province of South Africa [Comptes-rendus historiques de l’église de la Province de l’Afrique du Sud]. London: SPCK, 1934.

J.M. Dwane à l’archevêque de Cape Town, lettre, 29 novembre, 1905. AB 867 Aa 1.3, CPSA Archives, Johannesburg.

Comptes-rendus de l’évidence de la commission des affaires indigènes de l’Afr. Du Sud, 1903-1905, volume ii.

Comptes-rendus du congrès de l’église méthodiste de l’Afrique du Sud, 1888.

Constitution proposée pour l’église de l’Ordre de l’Ethiopie ~ texte dactylographié dans les archives CPSA, Johannesburg, AB 867 Aa 1.5.

PR 3181 – texte dactylographié, Bibliothèque de Cory, Grahamstown.

The South African Methodist 6 août et 10 septembre, 1892.

Verryn, T. A History of the Order of Ethiopia. Cleveland: The Central Mission Press, 1972.


Cet article est reproduit, avec permission, de Malihambe - Let the Word Spread, copyright © 1999, par J.A. Millard, Unisa Press, Pretoria, South Africa, Tous droits réservés.