Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Makiwane, Elijah (A)

1850-1928
Presbytérien
Afrique Du Sud

Elijah Makiwane était le deuxième pasteur noir formé en Afrique du Sud à être ordonné dans l’église presbytérienne, le premier étant Pambani Mzimba. Contrairement à Mzimba, Makiwane est resté dans l’église presbytérienne pour l’ensemble de sa carrière. Il a su trouver moyen d’exprimer son indépendance à l’intérieur du système. Il n’a jamais été servile, et il est devenu un des pasteurs presbytériens les plus appréciés du presbytère Kaffrarien.

Il est né en 1850 à Sheshegu, dans le Cap de l’est. Il est très probable qu’il ait fait la connaissance de Mzimba avant même qu’ils n’aillent faire leurs études à Lovedale, parce que le père de Mzimba était l’instituteur à Sheshegu. Les parents de Makiwane sont devenus chrétiens quelque temps après sa naissance.

Makiwane a d’abord été à l’école à Ncera, sous l’instituteur wesleyen Joseph Mjila, et a continué ses études à Healdtown. Il s’est inscrit à Lovedale en août 1865 et a vite avancé dans ses études pour y devenir un des meilleurs élèves (Stewart 1887, 163).

Alors qu’il était encore étudiant, et seulement deux ans après être arrivé à Lovedale, il a été nommé enseignant adjoint dans l’école missionnaire. Par la suite, il a enseigné les cours juniors dans l’institution, et il s’affairait de bien d’autres choses en même temps. Il est devenu éditeur assistant d’Isigidimi Sama-Xhosa dès le début de cette publication en 1870, et il y est resté jusqu’en 1875. En 1872, il était aussi responsable du bureau télégraphique de Lovedale.

Le programme d’études pour les étudiants en théologie à Lovedale n’était pas très différent du programme qu’on enseignait en Ecosse. Makiwane a bien réussi à ses examens, et en 1875, il a été ordonné pasteur de l’Eglise Libre Ecossaise. Pendant deux ans il a enseigné les cours de première année aux étudiants en théologie à Lovedale, et en 1877, il a été appelé à être pasteur de la mission de MacFarlan, non loin de Lovedale. Au mois d’août dans la même année, il a épousé Maggie Majiza, une ancienne élève de l’école de filles de Lovedale. Quand elle a décidé d’épouser Makiwane, le dr. Waterston, la matronne du dortoir des filles, a écrit:

Quand je vois son visage si plein d’intelligence et de sentiment, je sais qu’elle a beaucoup de capacités intellectuelles et de raffinement naturel. Je suis très heureuse qu’Elijah, avec toute la sensibilité et la profondeur de sentiment qu’il possède, a pu trouver quelqu’un comme Maggie qui pourra si bien l’apprécier et le comprendre. (Waterston 1983, 27)

Le mariage n’a pas duré longtemps parce que Maggie est morte en 1883, le laissant avec trois enfants. Sa notice nécrologique dit, en partie: “Mme. Makiwane travaillait de tout cœur…c’était une hôtesse gaie et aimable envers tous, et tous les visiteurs s’en allaient ayant bien vu ce dont une femme de pasteur indigène était capable.” (Stewart 1887, 443).

Le travail à la mission MacFarlan a eu beaucoup de succès en dépit des difficultés rencontrées par Makiwane. Il s’est remarié en 1889, à mademoiselle Mtywaku, originaire de Peelton. Apparemment, elle aussi s’appelait Maggie, car les lettres qu’ils ont envoyées au comité des missions en Ecosse sont signées “Maggie Makiwane.” Pendant les années qui ont suivi, Makiwane a essayé d’obtenir l’égalité dans les conditions de travail pour les pasteurs blancs et noirs dans l’église presbytérienne. Sa femme croyait au partenariat dans le travail missionnaire. C’est elle qui l’a encouragé à écrire à la société missionnaire pour demander le magazine mensuel, Children’s Monthly [Mensuel pour les enfants] qui était habituellement envoyé aux missionnaires blancs. En 1892 il a écrit: “J’ai l’impression que MacFarlan est la seule mission des églises libres en Afrique du Sud qui ne reçoit pas ces publications.”

Quand le bâtiment à MacFarlan avait besoin de réparations, il a d’abord fait une demande auprès du presbytère local. Comme l’argent n’arrivait pas, Maggie Makiwane a décidé d’écrire aux enfants en Ecosse pour demander leur aide. En 1894 Makiwane a écrit au comité missionnaire pour les prévenir que sa femme avait envoyé une lettre qui commençait ainsi: “Chers amis qui priez pour nous, nous supposons que vous avez entendu parler de MacFarlan. C’est un champ de mission.” Elle a inclus une photo des bâtiments en désuétude pour que les enfants puissent voir pour eux-mêmes. L’argent pour les bâtiments a commencé à arriver sous peu.

Lorsque son ancien ami Mzimba a quitté l’église presbytérienne, Makiwane a souffert de ce schisme. Un des adhérents de Mzimba qui s’appelait Gaba l’a faussement accusé et il a fallu que Makiwane écrive au comité missionnaire en Ecosse pour les alerter au fait que les accusations étaient fausses (MS 7801). Ils ont essayé de persuader les membres de l’église libre unie de venir rejoindre la nouvelle église. En octobre 1904, Makiwane et sa femme rentraient d’une tournée pastorale dans les villages qui étaient assez loin de MacFarlan, et ils ont vu que leur maison était en flammes. Leurs enfants et une nièce étaient tous endormis dans la maison, mais il a réussi à les réveiller et à éviter la tragédie (MS 7645). Quand Mzimba est mort en 1911, on a invité Makiwane à donner l’oraison funèbre. Makiwane a remarqué que la formation de l’église de Mzimba avait “fait grandir, ou avait provoqué un manque de confiance entre les européens et les indigènes…qui sera une difficulté réelle pendant assez longtemps.” (Shepherd 1940, 247)

Quand dr. Stewart de Lovedale est mort en décembre 1905, Makiwane a participé au culte funéraire comme interprète et a aussi fait une prière qui était “pleine de sentiments calmes et profonds.” (MS 7801)

Maggie Makiwane est morte en 1917, laissant six enfants. Son mari s’est installé à Tsolo et a pris sa retraite en 1920, après avoir servi comme pasteur pendant cinquante ans. En 1927 il a épousé Mme. Maggie Dlova, une enseignante locale. Le mariage n’a duré qu’un an, car Makiwane est mort chez lui en 1928. Il était resté fidèle à l’église presbytérienne et avait travaillé dans celle-ci pour obtenir la parité et l’égalité des pasteurs noirs.

J.A. Millard


Bibliographie

MS 1208. Lettre de M. Makiwane datée du 30 août 1894. Bibliothèque nationale écossaise.

MS 7801-614. Rapport sur les obsèques du dr. Stewart, et lettre de la part d’E. Makiwane, datée du 5 septembre 1907. Bibliothèque nationale écossaise.

MS 7800. Lettre de J. Lennox au dr. Stewart datée du 1er octobre 1904.

Shepherd, R. Lovedale South Africa: The Story of a Century 1841-1941. Lovedale: Lovedale Press, 1940.

Skota, T.D.M. éd. The African Yearly Register: Being an Illustrated National Biographical Dictionary (Who’s Who) of Black Folks in Africa [Le registre annuel africain: un dictionnaire biographique illustré (bottin) des noirs en Afrique]. 3ème édition. Johannesburg: CNA, 1965.

Stewart, J. Lovedale Past and Present: A Register of Two Thousand Names [Lovedale au passé et au présent: un registre de deux mille noms]. Lovedale: Lovedale Press, 1887.


Cet article est reproduit, avec permission, de Malihambe - Let the Word Spread, copyright © 1999, par J.A. Millard, Unisa Press, Pretoria, South Africa, Tous droits réservés.