Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Tikhuie, Vehettge Magdalena

1800
Église de Moravie
Afrique Du Sud

Vehettge, ou Magdalena, le nom qu’elle a reçu de la part du missionnaire qui l’a baptisée, était une des premières dirigeantes indigènes de l’église en Afrique du Sud. Elle était membre de l’église à Genadendal, et quand le missionnaire George Schmidt est rentré en Europe, elle a continué à tenir des cultes sous le poirier qu’il avait planté.

Vehettge est née de parents Khoisan vers le début du dix-huitième siècle. Ses parents étaient des paysans semi nomades qui se déplaçaient dans la région de Rivierzonderend et de Sergent’s River. Elle a d’abord rencontré le missionnaire morave George Schmidt quand il s’est installé à Sergent’s River, en 1737. En avril 1738, le missionnaire s’est déplacé vers l’intérieur à Baviaan’skloof (appelé Genadendal plus tard) et Vehettge (ou Lena) et un certain nombre d’autres personnes sont allés s’installer là-bas avec lui.

Quand Schmidt a rencontré Vehettge, elle était déjà mariée, et son mari s’appelait Janneke ou Jantjie Tikkuie (Bredekamp 1981, 73). Son mari a aidé Schmidt à établir la nouvelle station missionnaire et s’occupait de tâches diverses. Par exemple, il allait au poste militaire pour y chercher des provisions et pour récupérer le courrier. Parfois Vehettge avait de la chance et pouvait l’accompagner. Janneke était aussi chasseur, et aidait la communauté avec les provisions de viande.

Une des premières choses que Schmidt a faite, c’était de commencer une école. Il faisait l’enseignement en néerlandais parce qu’il n’arrivait pas à maîtriser les claquements particulers à la langue Khoi. Selon le rapport de Schmidt, ses quatre meilleurs élèves étaient Africo (le premier converti à être baptisé), Kupido, Willem et Vehettge (Krüger 1966, 21). Le nombre de ceux qui voulaient de l’instruction a continué à grandir, et au mois de décembre il comptait quatre hommes, deux femmes et quatre enfants à l’école.

Les semi nomades ont eu du mal à s’installer en un seul lieu. Parfois, Janneke et les autres partaient pendant des semaines à la fois. En février 1739, Vehttge aussi a décidé qu’elle aussi s’en irait toute seule. Elle est venue vers le missionnaire pour lui annoncer : “Je ne vais plus rester ici !” Quand il lui a demandé pourquoi, elle a répondu, “Ils sont tous contre moi.” Schmidt lui a dit que c’était son comportement qui provoquait tous ses problèmes. “Ne t’ai-je pas prévenu que c’est de ta propre faute qu’ils te traitent ainsi?” Elle a flanqué son abécédaire et le Nouveau Testament sur la table et a disparu, mais elle est revenue cinq jours plus tard pour demander pardon.

Schmidt n’était pas un pasteur ordonné, mais il savait qu’il y avait des gens à la station missionnaire qui étaient prêts au baptême. Il a demandé la permission de baptiser de la part du Compte Nicolas Zinzendorf, qui était à Hernnhut, en Allemagne, au siège morave. Quand une lettre d’ordination est arrivée en 1742, il a d’abord baptisé Willem et Africo, et ensuite Vehettge. Willem a reçu le nom de baptême de Joshua, Africo est devenu Christian, et Vehettge s’appelait désormais Magdalena. Son mari n’a pas été baptisé au même moment, peut-être parce qu’on considérait qu’il n’avait pas encore atteint à la maturité de la foi chrétienne démontré par sa femme.

En 1744, Schmidt est rentré en Europe. Il avait l’intention de rentrer en Afrique du Sud, mais ce désir ne s’est pas réalisé. Petit à petit, la communauté à la mission s’est dispersée. Christian et Joshua (Willem et Africo) sont restés à Baviaan’skloof jusqu’en 1756, quand ils sont morts lors d’une épidémie de variole. Lena (ou Magdalena) est rentrée à son ancien domicile de sergent’s River, à une demi-heure au sud de Genadendal (Baviaan’skloof). Elle rassemblait tous ceux qui restaient sous le poirier dans le jardin de Schmidt pour prier avec eux et pour leur faire des lectures du Nouveau Testament. Les familles ont grandi, et les gens ont appris à leurs enfants comment prier. Selon le témoignage des habitants de la région : “Tous les soirs nous allions tous, hommes, femmes et enfants, chez la vieille Lena. Elle se mettait à genoux et elle priait. Quand ses yeux le permettaient, elle nous lisait le Nouveau Testament” (Ou suster 1937). Quand ils mangeaient les fruits du poirier de Schmidt, ils pensaient aux jours où le missionnaire était encore parmi eux. Il y avait assez de poires pour tout le monde, même les babouins !

Lena est devenue assez légendaire. En 1775 et en 1776, un voyageur européen a entendu parler de la femme Khoisan qui priait et qui lisait la Bible. Elle a continué son enseignement même après avoir entendu que Schmidt était mort en 1785. Quand les missionnaires moraves Kühnel, Schwinn et Marsveld sont arrivés pour rétablir la station missionnaire à Genadendal, elle les a rencontrés et elle leur a montré son Nouveau Testament néerlandais très usagé. Une jeune femme, Magdalena Fredericks, a lu dans le livre qui avait été protégé, enveloppé dans des peaux de mouton dans un sac en cuir. Quand ils ont dit à Lena qu’ils étaient venus pour travailler à Genadendal, elle a répondu, “Que Dieu soit loué.”

Vers cette époque, Lena ne voyait plus très bien et se déplaçait avec difficulté. Marsveld a écrit dans son journal que Lena rendait visite aux missionnaires pour leur offrir son soutien. Elle assistait aux leçons à l’école et elle aidait ceux qui avaient du mal à apprendre.

Deux ans plus tard, Lena a écrit aux autorités de la mission en Allemagne. Elle voyait si peu qu’il a fallu que quelqu’un d’autre écrive la lettre. En 1794 il y a eu beaucoup de maladies dans la communauté et Schwinn a écrit que “ …trois personnes baptisées étaient tellement malades que nous avons douté de leur retour à la santé. Lena était une de ces personnes.” (Bredekamp et al 1992, 182) Quand Lena a retrouvé la santé, elle était tellement reconnaissante qu’elle a écrit aux autorités que “son Dieu, qui était bon et plein d’amour, lui avait permis de vivre si longtemps.” Pour elle, son retour à la santé était signe du grand amour de Dieu (Ou suster 1937, 6).

Lena aimait la vie et vivait pleinement. Tous ceux qui venaient à Genadendal voulaient la rencontrer. En 1797 elle a été visitée par Mme. Matilda Smith, qui était connue pour ses bonnes œuvres et pour l’intérêt qu’elle portait aux missions. Elle a écrit dans son Memoir que l’on trouvait, parmi les gens qu’elle avait rencontrés à Genadendal, “des traces de Sa sainteté et de Son amour.” (Philip 1824, 49) Il s’agissait des gens que Lena avait réussi à garder ensemble comme communauté chrétienne. Dame Anne Barnard, la femme du secrétaire du gouverneur du Cap, a dit que lors d’une visite à Genadendal un an plus tard, elle avait eu l’impression “…de remonter le temps environ mille sept cent ans et d’entendre tomber des lèvres rudes mais inspirées des évangélistes les paroles simples et sacrées de la sagesse et de la pureté.” (Anderson 1924, 180)

Petit à petit, Lena a faibli, et elle est morte le 3 janvier, 1800. Pendant cinquante ans, elle avait dirigé l’église de Genadendal.

J.A. Millard


Bibliographie

Anderson, H.J. éd. South Africa a Century Ago 1797-1801: Letters and Journals of Lady Anne Barnard [L’Afrique du Sud au siècle passé 1797-1801: Lettres et journaux de Dame Anne Barnard]. Cape Town: Maskew Miller, 1924.

Bredekamp, H. et H.L. Hattingh, éds. Dagboek en briewe van George Schmidt eerste sendeling in Suid-Afrika (1737-1744). Bellville: University of the Western Cape, 1981.

Bredekamp, H.C., A.B.L. Flegg & Plüddermann, éds., The Genadendal Diaries. [Les journaux de Genadendal]. Volume I. Bellville: University of the Western Cape, 1992.

Krüger, B. The Pear Tree Blossoms: The History of the Moravian Church in South Africa 1737-1869 [Le poirier fleurit : l’histoire de l’église morave en Afrique du Sud 1737-1869]. Genadendal: Genadendal Press, 1966.

Die ou suster Magdalena: een van die dopelinge van die leraar George Schmidt in Baviaanskloof. Genadendal: Genadendal Press, 1937.

Philip, J. Memoir of Mrs. Matilda Smith, Late of Cape Town, Cape of Good Hope [Mémoire de feu Mme. Matilda Smith, de Cape Town, Cap de Bonne Espérance]. London: F. Westley, 1824.


Cet article est reproduit, avec permission, de Malihambe - Let the Word Spread, copyright © 1999, par J.A. Millard, Unisa Press, Pretoria, South Africa, Tous droits réservés.