Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Mawaggali, Noé

1850-1886
Église Catholique
Ouganda

Noé Mawaggali était un des trois martyrs catholiques de Mityana, Ouganda, les deux autres étant Matthias Kalemba et Luc Banabakintu. Mawaggali était le fils de Musazi et membre du clan des cerfs de la brousse (Ngabi), et sa mère s’appelait Meme. Il est né à Nkazibaku dans le compté Ssingo de Buganda, vers 1850. Il était maître potier, et avait été nommé potier du chef de compté, car celui-ci admirait beaucoup son travail. Après avoir vécu un certain temps dans la maison du chef, Mawaggali est devenu locataire de Matthias Kalemba et a bâti une maison sur la propriété de celui-ci. Kalemba était non seulement son propriétaire mais aussi son ami, et c’est cette amitié, ajoutée au zèle et à l’exemple chrétien de Matthias, qui a attiré Mawaggali vers lui et qui l’a persuadé à s’inscrire au catéchisme catholique. Il a éventuellement été baptisé le 1er novembre, 1885, avec un groupe de vingt-deux personnes.

En plus de la poterie, Mawaggali faisait aussi du tannage de peaux, et avait la réputation d’être un ouvrier industrieux et stable. Physiquement parlant, il était grand et mince. Quoiqu’il ne se soit toujours pas marié avant l’époque de son martyre, son comportement moral était rigoureusement correct. Par la suite, sa mère Meme a été baptisée, et a pris le nom de Valeria, alors que sa sœur Munaku, qui avait dix-huit ans de moins, a souffert pour sa foi au temps du martyre de son frère. Elle aussi à été baptisée, prenant le nom de Maria Matilda, et elle a vécu jusqu’à l’âge de soixante-seize ans.

En 1881, Mawaggali faisait partie d’un groupe de plusieurs catéchumènes catholiques qui prenaient des cours sur l’évangile de St. Matthieu et sur les Actes des Apôtres donnés par le missionnaire anglican Alexander Mackay. Quand la persécution de 1886 a éclaté, Mawaggali était à Mityana, à quelques soixante kilomètres de la capitale, mais la communauté chrétienne qui existait là était bien connue et n’échappa pas au regard. Les détails de la mort de son frère ont été racontés plus tard par Munaku. Mawaggali était à la tête de la maison de Matthias Kalemba, qui était à Mengo avec Luc Banabakintu. Les chrétiens à Mityana avaient pris l’habitude d’envoyer des représentants chaque semaine au cours de catéchisme qui était donné à la mission catholique. Le matin du 31 mai, Mawaggali était allé à Kawingo pour voir les hommes à qui c’était le tour. Pendant qu’il était parti, le groupe qui faisait le raid est arrivé.

Mawaggali était dans la maison de Banabakintu en train de donner des instructions finales aux hommes, et discutant avec eux la nouvelle de l’arrestation de Matthias et de Luc. Le parti du raid dirigé par Mbugano, le légat royal, arrivait enfin à la maison. Mawaggali est allé à leur rencontre, donnant ainsi à ses frères chrétiens le temps de s’échapper. “Est-ce que c’est toi, Mawaggali ?” a crié un des membres du raid. “Oui, c’est moi,” il a répondu, tirant en même temps sur la tête le tissu qu’il portait, pour qu’il ne voie pas le coup mortel qui allait arriver. Le maître des tambours du roi, Kamanyi, a plongé sa lance dans le dos de Mawaggali, qui est tombé, mortellement blessé. Un des membres du raid a suggéré qu’on devrait le donner à manger aux chiens. Ils ont donc attaché le martyre blessé à un arbre, et ont lâché les chiens. De plus en plus excités par l’odeur du sang qui venait des lacérations successives, les chiens l’ont déchiré. On dit que son agonie a duré jusqu’au soir. A la tombée de la nuit, son corps mutilé a été détaché de l’arbre et laissé sur la route comme avertissement aux autres chrétiens. Lorsque les bourreaux ont quitté Mityana le jour suivant, il ne restait pratiquement rien du corps car les hyènes avaient achevé le travail commencé par les chiens.

Noé Mawaggali a été béatifié par le Pape Bénédicte XV en 1920, et déclaré saint canonisé par le Pape Paul VI en 1964. Une partie de l’arbre auquel on avait attaché le martyr a été préservé à Mityana, où un tombeau moderne magnifique commémore les trois martyrs de Mityana.

Aylward Shorter M. Afr.


Bibliographie

J.F. Faupel, African Holocaust, the Story of the Uganda Martyrs [Holocauste africain, l’histoire des martyrs de l’ouganda] (Nairobi, St. Paul’s Publications Africa, 1984 [1962]).

J.P. Thoonen, Black Martyrs [Martyres noirs] (London: Sheed and Ward, 1941).


Cet article, soumis en 2003, a été recherché et rédigé par le dr. Aylward Shorter M. Afr., directeur émérite de Tangaza College Nairobi, université catholique de l’Afrique de l’Est.