Faye, Joseph

1905-1987
Église Catholique (Pères du Saint-Esprit)
Sénégal , Cameroun

Il est né le 22 mai 1905 dans une famille chrétienne à Sédhiou, au sud du Sénégal. Son père, Pierre Faye, originaire du Baol au Centre Est du Sénégal, était un employé de la Compagnie française de l’Afrique occidentale. Sa mère, Marie Ndiaye, était originaire de l’île de Carabane, à l’embouchure du fleuve Casamance.

Ayant manifesté dès le bas âge le désir d’être prêtre, il est envoyé au petit séminaire de Ngasobil en 1915. Quelques années plus tard, en 1921, il est envoyé en France où il arrive à l’école Saint-Joseph qui vient d’ouvrir ses portes à Allex en Auvergne. Il y restera jusqu’en 1926, année de l’obtention de son baccalauréat. Il entra alors dans la congrégation des pères du Saint-Esprit, le 26 octobre 1927, pour se préparer au sacerdoce. Il fut ordonné prêtre le 25 octobre 1931 à la cathédrale Notre-Dame de Paris par le cardinal Verdier. Après son ordination, il revient dans son pays natal, le Sénégal, pour y exercer son ministère sacerdotal. Entre 1932 et 1939, il fut affecté comme professeur au petit séminaire Libermann de Popenguine au sud-ouest de Dakar puis à Thiès.

Préfet apostolique de Ziguinchor

Lorsque, le 25 avril 1939, est créée la nouvelle préfecture apostolique de Ziguinchor, Joseph Faye est désigné pour en être le premier préfet. Il apprend sa nomination à ce poste le 31 mai de la même année. Dès son arrivée à Ziguinchor et fort de son expérience dans l’enseignement à Dakar et Thiès, il comprit très tôt que la nouvelle préfecture aurait besoin d’agents pastoraux sénégalais qui prendraient un jour la relève des missionnaires européens. Il ouvre alors le préséminaire Sainte-Thérèse à Oussouye pour accueillir des jeunes désirant devenir prêtres. L’un de ses élèves, l’abbé Augustin Diamacoune, rappelait souvent que Joseph Faye venait régulièrement se mêler à ses élèves durant les heures consacrées au travail manuel ou à la musique. Il était d’ailleurs un excellent joueur d’harmonium. Ses fonctions l’amenaient à faire des va-et-vient à bicyclette entre les localités de Ziguinchor et de Oussouye, distantes de 40 km.[1] L’établissement sera transféré un temps à Carabane avant d’être installé définitivement à Niassia, en 1958.

Joseph Faye occupera les fonctions de préfet apostolique de Ziguinchor de 1939 à 1946, année de sa démission pour des raisons de santé, physique et aussi morale. À cette époque, les membres du clergé travaillant en Casamance étaient tous des missionnaires européens de la congrégation du Saint-Esprit. Ceux-ci ne lui auront pas rendu la tâche facile puisque les mentalités de l’époque acceptaient difficilement que des Européens soient dirigés par un noir africain. En mai 1940, il écrira à son supérieur général, Monseigneur Louis Le Hunsec, à propos de ses confrères missionnaires en Casamance au sujet desquels il a dit « qu’il leur faut un très grand esprit de foi pour se soumettre à un noir, surtout en public».[2]

À ce sujet, Léopold Sédar Senghor, alors député et futur président de la République du Sénégal, a adressé le 20 mars 1947 au Supérieur général des pères du Saint-Esprit, une lettre dans laquelle il fit remarquer, à propos de cette démission, qu’on prétendra que « Mgr Faye a été placé dans l’obligation de démissionner ; car malheureusement les Missionnaires, qui avant la guerre étaient les plus libéraux des Européens, n’ont pas compris la Révolution accomplie dans les esprits et dans les faits par cette même guerre 1939-1945».[3] Malgré toutes les difficultés rencontrées dans l’administration de la préfecture apostolique, il parviendra à fonder les missions de Témento en 1941 et de Kolda en 1942.[4]

Moine trappiste en France et au Cameroun

La proposition lui avait été faite par le Pape Pie XII de le nommer évêque en érigeant la préfecture en vicariat apostolique de Ziguinchor. Toutefois, il préféra quitter ses fonctions pour devenir moine trappiste parce qu’il avait toujours été attiré par la vie contemplative. Trois années après son départ de Ziguinchor, il entre à la Trappe d’Aiguebelle, en France, le 11 juillet 1949. Il n’est plus jamais revenu dans son pays natal.

Quelques années plus tard après son entrée à Aiguebelle, il retourne en Afrique, mais cette fois au Cameroun, pour y prendre part à la fondation d’un monastère. L’installation dans ce pays ne fut pas de tout repos.[5] En 1968, le monastère sera implanté plus au nord dans la région de Bafoussam, à Koutaba, sur l’emplacement d’une ancienne plantation de café. En 1973, plusieurs moines quittent ce monastère camerounais pour des raisons de santé. Joseph Faye est alors retourné à Aiguebelle où il est mort dans la nuit du 14 au 15 décembre 1987 à l’âge de 82 ans.

Raphaël Lambal


Notes :

  1. Il faut rappeler qu’il était directeur du préséminaire sis à Oussouye en plus d’y être enseignant et administrait la préfecture apostolique qui avait son siège à Ziguinchor.
  2. Charrier, René. ‘‘Joseph Faye, Sénégalais, spiritain, trappiste,’’ Revue Saint-Joseph d’Allex, n° 946 et 948 (septembre-octobre 1999) : 22.
  3. Coulon, Paul. ‘‘Léopold Sédar Senghor, les spiritains et Libermann,’’ Mémoire Spiritaine, n° 15, 2002, p. 128.
  4. Ces deux missions sont aujourd’hui des paroisses du diocèse de Kolda au sud-est du Sénégal, créé en 1999 par division du diocèse de Ziguinchor.
  5. Gravrand, Charbel. Fils de Saint Bernard en Afrique. Une fondation au Cameroun 1951 – 1988. Paris : Beauchesne, 1990. Dans ce livre, l’auteur raconte les épreuves et difficultés rencontrées par les premiers moines arrivés au Cameroun à partir de 1951 et qui s’étaient installés dans la zone forestière à Minlaaba et, plus tard, à Obout. La région était le théâtre de troubles causés par les indépendantistes de l’Union des populations du Cameroun alors en lutte contre le pouvoir colonial français de l’époque.

Bibliographie :

Guillen, Ferdinand. Joseph Faye, sénégalais: religieux, préfet apostolique et moine. Dakar : Imprimerie Saint-Paul, 1998.

Blanc, Robert. Itinéraire de Monseigneur Joseph Faye (premier préfet apostolique de l’Église de Ziguinchor) : de la mission à la communion, un grand frère pour les chrétiens du Sénégal. Dakar : Jofom, 2005.

Gravrand, Charbel. Fils de Saint Bernard en Afrique. Une fondation au Cameroun 1951 – 1988. Paris : Beauchesne, 1990.

Articles :

Coulon, Paul. ‘‘Léopold Sédar Senghor, les spiritains et Libermann,’’ dans la collection ‘‘Mémoire Spiritaine.’’ Dans François Libermann d’hier à aujourd’hui. Paris : Congrégation du Saint-Esprit, 2002.

Charrier, René. ‘‘Joseph Faye, Sénégalais, spiritain, trappiste,’’ Revue Saint-Joseph d’Allex, n° 946 et 948 (septembre-octobre 1999).

Gravrand, Charbel-Henri, ‘‘Joseph Faye, Sénégalais, spiritain, trappiste,’’ Revue Saint-Joseph d’Allex, n° 949 et 951 (novembre-décembre 1999) et (mars-avril 2000).


Cet article, reçu en septembre 2023, est rédigé par Raphaël Lambal, coordonnateur à la gestion des études à l’Université TÉLUQ (teluq.ca) au Canada. Il est titulaire d’une licence en journalisme, d’une Maitrise et d’un DESS (Diplôme d’études supérieures spécialisées) en sciences de l’information et de la communication obtenus au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. Il a également obtenu une maîtrise en administration publique à l’École nationale d’administration publique de Québec (enap.ca), après avoir terminé sa scolarité doctorale en communication publique au département d’information et de communication de l’Université Laval à Québec. Il a été récipiendaire de la bourse de la fondation FORD (2007-2010) pour les études universitaires.