Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Bakanja, Isidore
Isidore Bakanja, qui a donné sa vie pour la foi chrétienne, a vécu une vie simple comme catholique laïc au temps des atrocités qui ont été perpétrées par le régime du roi Léopold II dans l’Etat Libre du Congo. Il est né à Bokendela sur le Congo, au nord de la ville de Mbandaka (l’ancien Coquihatville). Son père et sa mère s’appelaient Iyonzwa et Inyuka. Le nom de Bakanja lui-même se prononçait aussi Bakana, Bokando, Makanda ou Makando. Peu après sa majorité, il a descendu la rivière jusqu’à Mbandaka pour chercher du travail. Une fois là, il est devenu maçon et a été employé par le gouvernement dans l’industrie du bâtiment. Pendant qu’il était à Mbandaka il a rencontré des missionnaires catholiques trappistes de l’ordre de Cîteaux. Il a été instruit par ces derniers, et baptisé dans la paroisse de St. Eugène, à Bolokwa-Nsimba, le 6 mai 1906. Plus tard dans la même année il a pris sa première communion et a été confirmé. Bakanja vivait sa foi de manière très simple, et il portait toujours les deux symboles du chapelet et du scapulaire, qui lui étaient chers. Par la parole et les actions il attirait ses amis et ses connaissances à la foi chrétienne.
Bakanja a ensuite eu l’idée de rentrer dans son village pour travailler dans une plantation européenne. En dépit des avertissements de ses amis, il a trouvé du travail comme serviteur dans la maison d’un surveillant de la plantation qui s’appelait Reynders à Busira. Quand Reynders a été transféré à Ikili, Bakanja l’y a accompagné. Là, le directeur de la plantation était un certain Van Cauter, qui était connu pour son opposition fanatique au christianisme et aux missionnaires chrétiens. Bakanja était très conscientieux dans son travail et il avait un rapport cordial avec Reynders, même si ce dernier le prévenait en vain de dissimuler sa foi chrétienne. Van Cauter, par contre, était furieux quand Bakanja a refusé d’enlever son scapulaire, et a ordonné qu’on lui donne une fustigation sévère. Bakanja a accepté la punition injuste dans l’esprit de Jésus lors de sa passion. Par la suite, Van Cauter a vu Bakanja dans la prière lors d’une pause de travail et il devenu furieux. Il a ordonné à son chef de fustiger Bakanja sur le coup. Bakanja a reçu plus de 250 coups avec un fouet en peau d’hippopotame parsemé de clous, et on l’a ensuite mis en chaines et enfermé. Au bout d’un certain temps, on l’a relâché, et on l’a ordonné d’accompagner Reynders à Isoko. Il ne pouvait à peine marcher, et Bakanja s’est caché dans la forêt. Après trois jours, il a été découvert par un autre responsable qui s’appelait Dorpinghaus, qui venait inspecter les plantations. On a amené Bakanja jusqu’à un bâteau sur la rivière, où il a reçu des soins pour ses plaies, qui commençaient déjà à se putréfier. Ses os, qui étaient exposés, le faisaient aussi souffrir énormément.
A Ngomb’Isongo, à l’embarquement du bâteau, on a trouvé qu’il était impossible d’arrêter l’infection. Mourrant de septicémie, on a amené Bakanja à Busira pour qu’il reçoive les soins du catéchiste local. Il a aussi reçu la visite de deux missionnaires trappistes le 24 et le 25 juillet 1909, et a reçu les derniers sacrements de leur part. Il est mort le 15 août, en pardonnant et en priant pour son persécuteur. Van Cauter, par la suite, a été poursuivi en justice par ses employeurs, et a reçu une peine de prison. Le 25 avril 1994, Isidore Bakanja a été béatifé par le pape Jean Paul II en présence de centaines d’évêques, de prêtres et de religieux qui étaient venus à Rome pour l’Assemblée Spéciale pour l’Afrique du synode des évêques.
Aylward Shorter M.Afr.
Bibliographie
Raymond Boisvert et James Conlon, Bakanja (Nairobi, Publications Pauliniennes, 1996).
Cet article, soumis en 2003, a été recherché et rédigé par le dr. Aylward Shorter M.Afr., président émerite de Tangaza College Nairobi, université catholique de l”Afrique de l’est.