Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Ezana (‘Ezana) (B)

Noms alternatifs: aizanas
300s
Église Chrétienne Antique
Ethiopie

'Ézana

‘Ézana, (grec : Aezanas), empereur (milieu du 4ème siècle après J.C.), était le souverain le plus important de l’empire Aksoum, et son premier empereur chrétien. Il était probablement le fils aîné de son prédécesseur, l’empereur ‘Ellä-‘Améda. Il n’y a aucune mention du nom de sa mère dans les sources fiables comme les inscriptions, mais selon les sources secondaires, il semble que sa mère s’appelait Sofya. Ses frères, les princes Se’azana et Hadéfa, l’ont aidé avec l’administration et les opérations militaires. Un nombre d’inscriptions à Aksoum, en grec, en pseudo ancien arabe méridional et en Ge’ez montrent que son empire avait atteint sa plus grande étendue après une série de campagnes vigoureuses contre les Béja au nord, les divers districts aux frontières d’Aksoum, l’Agwézat à l’est, le Säräné d’Afan à l’extrémité méridionale et le Noba et le Kasu sur le Täkkäzé, l’Atbära, et le Nil. La chronologie exact de ces campagnes n’est pas encore établie. On peut respecter ses initiatives en tant que soldat et homme politique : après avoir subjugué les éléments récalcitrants de son empire,’Ezana les traitait généralement avec humanité, leur donnant des provisions, mais brisant leur résistance avec une politique de déplacement. Son protocole royal lui donnait le règne d’Aksoum, d’Himyar, de Raydän, de Saba’, de Sälhén, de Simayo, de Bega (Béja) et de Kasu, mais il est possible que la réclamation concernant l’Arabie méridionale soit plus question d’ambition que de fait. Sur ses pièces, qui sont en or, en argent et en bronze, il est tout simplement, “ homme d’Halén, Roi des Aksoumiens. “

On peut supposer qu’Aksoum a fleuri sous le règne d’‘Ezana et on a trouvé les traces d’une communauté importante de commerce avec l’étranger : exportations d’ivoire, d’or, de carapaces de tortue, de peaux et d’épices. Apparemment, les marchands éthiopiens fournissaient des biens indiens aux marchands grecs et romains qui venaient au port d’Adulis ; c’est peut-être une des raisons pour la confusion qui existait dans le monde hellénistique entre l’Inde et l’Ethiopie.

L’événement le plus important du règne d’‘Ezana était sans doute son acceptation du christianisme. Il est possible qu’un prédécesseur ait introduit la foi chrétienne amenée par Frumentius dans les premières décennies du siècle. Dans ses premières inscriptions, on voit ‘Ezana vénérer les dieux ‘Astär, Medr, Behér et Mahrem (Ares), et il réclamait être fils de ce dernier. Cependant, dans une inscription ultérieure, il y a une invocation monothéiste au Seigneur des Cieux, et une autre inscription, découverte seulement en 1969, qui montre sans aucun doute qu’il était chrétien. Ce fait est confirmé par ses pièces, sur lesquelles l’ancien symbole soleil-lune est petit à petit remplacé par la croix. En 356, l’empereur arien Constance (qui a régné de 337 à 361) a réaffirmé sa cassure avec le patriarche Athanase d’Alexandrie, qui avait consacré Frumentius évêque d’Ethiopie environ vingt-cinq ans auparavant, en écrivant aux deux frères “très estimés”, Aezanas et Sazanas (‘Ezana et Se’Ezana), souverains d’Aksoum, pour leur demander d’envoyer Frumentius en Egypte afin que sa foi soit mise à l’épreuve. Apparemment, cette demande n’a pas été respectée. Il est curieux qu’‘Ezana ne figure pas dans les Listes de Rois, car c’est ainsi qu’il est désigné sur ses pièces de monnaie. Selon la tradition, les empereurs ‘Abreha et ‘Asbeha régnaient en Ethiopie quand le christianisme a été accepté, et il est probable que ses noms prophétiques ont été donnés par la suite à ‘Ezana et peut-être à son frère Se’azana, ou bien qu’il s’agissait des noms de baptême des deux frères.

Il n’y a pas d’informations concrètes sur la mort d’‘Ezana. Selon des sources légendaires, il serait tombé au champ de bataille en Ethiopie occidentale et son corps aurait été ramené dans la région orientale de Tigré.

Les écrivains étrangers considèrent qu’‘Ezana était le Constantin de l’Ethiopie.

A. K. Irvine et Sergew Hable-Selassie


Bibliographie

E. Littmann, Deutsche Aksum-Expedition (Berlin, 1913), Vol. I, 48-51 ; Vol. IV, nos. 4, 6-11.

——-, “Aethiopische Inschriften” Miscellanea Academica Berolinensia(Berlin, 1952), II, 2.

Athanase, Apologia ad Constantium Imperatorem in Patrologia Graeca, XXV, 632, 636.

A. Anzani, “Numismatica axumita,” Rivista Italiana di Numismatica e Scienze Affini, XXXIX (1926): 30-32, 55-9.

C. Conti Rossini, Storia d’Etiopia (Bergamo, 1928), 131-54.

——–, “Monete aksumite,” Africa Italiana, Vol. I (1927): 191-5.

*The Lives of Abreha and Asbeha *[Les vies d’‘Abreha et d’‘Asbeha] (MS Ge’ez non publié, dans l’église d’Abreha et d’Asbeha, Tigré).

E. A. Wallis Budge, A History of Ethiopia [Une histoire de l’Ethiopie] (London, 1928).

——–, The Book of the Saints of the Ethiopian Church [Le livre des saints de l’église éthiopienne] (Cambridge, 1928), Vol. IV, 1165.

J.-B. Coulbeaux, Histoire politique et religieuse d’Abyssinie (Paris, 1929).

A. Dillmann, “Zur Geschichte des Aksumitischen Reiches im vierten bis sechsten Jahrhundert,” Abhandlungen der Königlichen Akademie der Wissenschaften zu Berlin (1880).

J. Déramy, “Introduction et restauration du Christianisme en Abyssinie,” Revue de l’histoire des religions, XXXI (Paris, 1895).

J. Doresse, L’Empire du Prêtre-Jean (Paris, 1957), Vol. I.

A. Kammerer, Essai sur l’histoire antique de l’Abyssinie (Paris, 1926).

——–, La Mer Rouge, l’Abyssinie et l’Arabie depuis l’antiquité (Le Caire, 1929), Vol. I, 222-3.

J. Ludolf (J.P. Gent, trad.), A New History of Ethiopia [Une nouvelle histoire de l’Ethiopie] (London, 1684).

Sergew Hable-Selassie, Beziehungen Aethiopiens zur Griechisch-Römischen Welt (thèse de doctorat) (Bonn, 1963).

J. Spencer Trimingham, Islam in Ethiopia [L’Islam en Ethiopie] (London, 1952).


Cet article est reproduit, avec permission, de The Dictionary of Ethiopian Biography, Vol. 1, From Early Times to the End of the Zagwé Dynasty c. 1270 A.D.,[Dictionnaire de biographies de l’Ethiopie, Vol. 1, Des temps anciens jusqu’à la dynastie Zagwé, c. 1270] © 1975, édité par Belaynesh Michael, S. Chojnacki et Richard Pankhurst, Institut d’Etudes Ethiopiennes, Addis Ababa, Ethiopie. Tous droits réservés.