Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Maenetja, Josefa Monare

1881-1963
Eglise du Nazaréen
Afrique Du Sud

Pasteur Josefa Monare Maenetja était le ministre pionnier de la Mission de Thabeng. Il naquit à Ga-Manamela, près de Ramokako (aujourd’hui, zone de Tzaneen/Letaba) à l’époque de la victoire des Boers sur les Britanniques à la Bataille de la Colline de Majuba au Nord-Ouest du Natal. Plus tard, la famille déménagea à Moime situé au pays du Chief Maake de la tribu Pedi. En ces temps là, l’Evangile était inconnu et les blancs n’avaient pas encore pénétré dans cette région. Son grand-père et son père avaient plusieurs femmes et ils étaient des célèbres magiciens professionnels, ils provoquaient la pluie. Les gens apportaient des cadeaux et demandaient le borokapula, pratique consistant à faire appel aux esprits ancestraux pour qu’ils envoient la pluie. Le père de Monare était le chef et sa mère était la première d’entre ses femmes. Monare suivait les traces de son père afin de devenir magicien de pluie comme lui.

Il y eut une terrible sécheresse, cette année là, alors que Monare était encore un petit garçon, faisant paître le troupeau des chèvres, de moutons et de veaux. Cette famine causa de terribles souffrances. Les enfants labouraient la brousse à la recherche de racines comestibles. Il n’y avait rien à manger. Les gens mourraient d’agonie le long des chemins. Ils mangeaient même les peaux des animaux et envoyaient leurs enfants auprès des fermiers blancs sur les collines pour y travailler comme domestiques en échange de quelques grains de maïs. Monare eut une attaque de dysenterie. Un jour, son père l’avait trouvé qui gisait là, inconscient et encore affaibli par la maladie alors qu’il tentait de fuir un serpent. Un ami très gentil offrit à son père une consistante bouillie de maïs et c’est grâce à cette bouillie qu’ils purent nourrir leur petit garçon qui se remit de sa maladie.

Douze (12) ans est l’âge requis pour subir les rites d’initiation tribale et Monare venait d’avoir ses douze ans. Puisqu’il n’y avait pas d’école dans la région, il partit pour Pretoria (à deux cents kilomètres vers le Sud-Ouest) alors qu’il est seulement âgé de 15 ans, afin de gagner de l’argent pour le magadi (dot pour le mariage). Là-bas, il apprit à lire et à écrire. Il entendit prêcher l’évangile, aussi, devint croyant. C’est là-bas aussi qu’il prit le nom de Josefa. En 1902, il fut baptisé à la Mission Luthérienne de Medingen (situé à environ 30 kilomètres au Nord de sa région natale). Il entendit parler des martyrs tombés là-bas sous le règne de la reine Modjadji, de la tribu Lobedu.

Mr Johannes Kgashana Mamatlepa fut un prince de la tribu Lobedu. La reine envoya Kgashana et quelques jeunes gens au Port Elisabeth (environ un kilomètre au sud) pour obtenir des fusils. Kgashana rencontra des missionnaires moraves et se convertit. Il rentra chez lui en 1869 avec un fusil et une Bible. Kgashana fut haï d’une haine féroce par la grande majorité de son peuple parce qu’il témoignait pour Christ. Par la suite, il s’opposa aux pratiques de la polygamie et des cultes ancestraux. Enfin, en 1883, il abandonna la cour royale et rassembla auprès de lui un groupe de chrétiens. Kgashana cacha les ossements du roi-divinité ainsi que les amulettes dans le tronc d’un arbre morula et refusa de divulguer l’endroit. Le jour du Vendredi saint de l’année 1884, il fut assassiné par les guerriers de la tribu devant la porte de l’église de Modubeng. [1] Ils tuèrent au même moment, environ quarante autres convertis, hommes, femmes et enfants compris. En 1887, la reine Modjadji autorisa cependant, le Rév. Fritz Reuter à fonder sur place la Mission de Medingen. Le Rév. Fritz Reuter était le seul homme blanc autorisé à vivre dans cette région du lowveld, en ces temps-là. [2]

La vie de ce martyr de la foi eut une forte influence sur Josefa Maenetja car lorsqu’il retourna chez lui et que son père mourut en 1907, Maenetja refusa de porter la cape du magicien de pluie Borakapula comme cela était voulu par la famille. Après son mariage avec une fille nommée Johana, il renoua cependant avec les habitudes de son peuple, s’adonnant à l’ivrognerie et aux pratiques ancestrales. Durant une période de plus de vingt ans, il cessa de s’intéresser au Christianisme mais il s’abstint d’épouser d’autres femmes.

En 1928, son épouse Johanna tomba malade et Josefa alla contacter un guérisseur traditionnel afin de guérir son épouse. Pendant qu’il écrivait la lettre destinée au guérisseur, le missionnaire Abram E. Zook arriva de la mission de Thabeng pour le voir et prier pour lui. Le guérisseur traditionnel refusa mais Josefa invita le missionnaire dans sa propriété et invita toute la famille à se joindre à la prière. Ce contact fit grande impression sur Josefa Maenetja. Peu après, il commença à assister de temps en temps aux cultes de la mission. Pendant des mois, il chercha le Seigneur et vint souvent pour prier à l’autel.

Au cours de l’année 1931, deux missionnaires montés sur un cheval, les Révérends Irvin E. Dayhoff et Léon R. Sturtevant, vinrent lui rendre visite dans sa maison, un dimanche matin. La fête de la bière battait son plein ; mais il les invita à tenir un culte sur place. Irvin Dayhoff prêcha sur le message de Jean 3 : 16 et offrit six pennies (pièce de dix cent) à quiconque aurait le courage de les réclamer afin d’illustrer son message. La première fois, il n’y eut pas de réponse. A la fin, un petit garçon vêtu d’une simple étoffe nouée autour des reins, se leva d’un bond et alla réclamer la pièce. Le message consistait à démontrer que le salut représente justement cette liberté, et que quiconque peut la demander. Quoi qu’il fût un peu égayé à cause de la bière qu’il avait bue, Josefa retrouva bien vite sa sobriété. Plus tard, il fit cette confession : “ mon cœur disait, j’accepte Christ tandis que la joie remplissait mon cœur “.

Cette nuit là, il partagea sa foi, sa nouvelle trouvaille avec son épouse Johana et lui confia qu’il pressentait que ces missionnaires prêchaient la vérité concernant le chemin vers le ciel. Elle aussi rencontra à son tour, le Seigneur et ils eurent leur première prière familiale. Il confessa que tous ses désirs à propos des coutumes traditionnelles l’avaient quitté. Ils commencèrent à fréquenter régulièrement l’église de la mission de Thabeng. La mission se trouvait à environ six kilomètres de marche à travers la montagne tout à fait à perte de vue de leur maison. Johana emporta tous leurs objets personnels qui avaient été consacrés aux esprits ancestraux pour être brûlés. Par la suite, Maenetja devint profondément inquiet de l’obscurité spirituelle qui aveuglait son peuple.

Quelques mois passèrent et Johana mourut laissant derrière elle un nourrisson seul sans personne pour prendre soin de lui. Ses derniers mots étaient : “ Je sais maintenant que je serai appelée loin pour aller au ciel “. Le petit Timothy fut confié aux missionnaires, Léon et Ethel Sturtevant. Quand il fut assez robuste, ils le remirent à sa grand-mère mais il ne survivra pas à cause d’une santé très fragile. De cette seconde perte, résulta un profond conflit spirituel qui ….. Josefa. Il offrit après cela, six souverains en or au couple Sturtevant pour les remercier d’avoir pris soin de l’enfant. [3]

Josefa était si passionné d’apprendre et de servir le Seigneur qu’il suivait le frère Sturtevant partout où il allait. [4] Il prit l’habitude d’aller dans les maisons voisines pour raconter l’histoire du salut. Il sentait l’appel au ministère à plein temps et se fit inscrire aux études bbliques dispensées à la mission. Il était l’un des quatre convertis à avoir été baptisé. C’est ainsi qu’il devint un assistant régulier dans le travail du Seigneur. Il épousa une fille nommée Esther qui, à son tour, connut le Seigneur et accepta d’être le baptême, en 1937. Maenetja initia une cellule chez lui à Moime sous un arbre et commença à enseigner dans sa propre école toute petite, à côté de la cellule. Cette école porte aujourd’hui son nom. Grâce à son influence, le notable Maake se prit d’affection pour la mission.

Lorsque la famille Maenetja se réinstalla à Thabeng, Maenetja réouvrit une nouvelle école et continua d’enseigner. Mr Billy Mohlare le remplaça ensuite comme enseignant à Moime. Là-bas, il dut faire face à une forte opposition de la tribu Tsonga qui voulait défendre les intérêts de son école implantée dans la vallée en contrebas de la mission de Thabeng. Toutefois, Mr Makasane, un résident remarquable, dont la propriété avoisinait la mission, affirma être le propriétaire de l’école, en effet. Le Chef autorisa Maenetja donc à continuer son activité. En 1948, Esther meurt laissant des enfants à bas âge. Maenetja épousa Dorcas, une jeune chrétienne de la mission. [5] Elle sera appelée Mama Katrina.

Parlant de sa sanctification, elle dira : “ Je ne me souviens pas de la date exacte mais je me souviens du jour où j’ai rencontré Dieu. J’étais dans une grande confusion. Je partais seule dehors pour prier sous un arbre. Ce jour restera à jamais gravé dans mon esprit. Les choses du monde étaient devenues trop insignifiantes pour moi. C’est alors que je compris que Dieu venait de purifier mon cœur de tous ses péchés et de me donner le Saint Esprit “ [6]

Maenetja labourait toujours un grand champ avec l’aide de ses ânes et voulait toujours aider les autres à moissonner leurs récoltes. Il croyait aux vertus du partage et se faisait ainsi beaucoup d’amis à la fois parmi les tribus Pedi et Tsonga de la région. Les gens avaient confiance en lui et sa popularité croissait de jour en jour. Il écrivait des lettres pour eux et assistaient financièrement les analphabètes, par tous les moyens dont il disposait. C’était un homme rempli d’amour et un homme de prière. Beaucoup de monde venait le voir pour qu’il leur prodigue ses conseils sur des sujets soit personnels soit familiaux, et ils les aidaient avec la parole de Dieu. Lors d’un dikomole (maladie : éruption de plaies sur la peau), il fut d’une grande aide à la clinique. Maenetja craignait Dieu, respectait les gens et travaillait pour tous. Maenetja instaura une tradition forte d’amitié entre les peuples Pedi et Shangaan dans les congrégations, cette amitié dure jusqu’à aujourd’hui. [7]

De 1942 à 1943, il n’y eut pas de missionnaire à Thabeng, et Maenetja portait à lui seul toute la responsabilité du leadership. Au moyen d’une trompette faite avec une corne de vache, il appelait les gens aux assemblées ; il visitait les familles, organisait des extensions de classes et des temps de discussion, et les gens se repentaient. Souvent, il parcourait quinze kilomètres à pied pour les services et il initia des nombreux points de prédication lesquels furent groupés en trois congrégations permanentes : (1) la mission de Thabeng, (2) Khopho, dans le domaine du chef Mogobaya entourant la montagne à l’Ouest, et (3) Moime, à l’Est de la montagne. [8]

En 1955, Maenetja fut le premier ministre nazaréen dans le Transvaal à prendre sa retraite du ministère. Vers la fin de sa vie, sa vue s’affaiblit considérablement. Il attendit avec impatience de recevoir de nouveaux yeux glorieux. Spirituellement, il était comme un jeune homme bien qu’il fut contraint par la maladie, la cécité et la faiblesse physique, à la retraite.

Sur son lit de mort avant de perdre finalement conscience, il dit qu’il rentrait à la maison. En effet, il rentra à la maison le 12 Juillet 1963. L’un de ses proverbes préférés était un ancien proverbe Pedi : Go kgana go phala ke go theeletša qui signifie l’obéissance est meilleure que la capacité. Il aimait citer aussi le proverbe biblique suivant : “ La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse “ (Ps. 111 :10).

Le travail commencé par Josefa Maenetja continua de se développer dans les assemblées autour de la Mission Lorraine jusque dans le Nord-Est du grand district. A partir de 1995, cette région devint un district régulier de l’Eglise du Nazaréen.

Quatre de ses filles sont des enseignantes. Son fils, Samuel Maenetja (1934-1980), né de son union avec Esther, était aussi un enseignant. C’est pendant qu’il enseignait qu’il débuta l’église de Sofaya (située près de la concession royale du chef Sekororo) et il y exerça pendant des années comme pasteur laïque. A sa mort, sa femme Madame Maria (Letsoalo) Maenetja (1938- ? ), continuera de diriger la congrégation.

Le fils de Josefa Maenetja, le Rév. Dalton Maenetja, et un de ses neveux, le Rév. Abram Maenetsha devinrent tous deux des ministres de l’évangile. [9] Son petit fils, le Rév. Calvin Maenetja est aussi un ministre chrétien. Il exerce comme pasteur à Thabeng et y a établi sa résidence (2005).

Paul S. Dayhoff


Notes:

  1. O. Rathupestane, “ Life Story of Johannes Kgashana Mamatlepa the Martyr,” Tšhupa-mabaka a Kereke (Almanach de l’église). Northern church magazine. (Cape Town, Afrique du Sud: Eglise Evangélique Luthérienne, 1969), 92, 94.

  2. Rév. Fritz Reuter, Berlin Mission,”Modjadji, a Native Queen in the Northern Transvaal,” South African Journal of Science, (Marshalltown, Afrique du Sud: South African Association for the advancement of science, Vol. 3, 1906-07), 249.

  3. I. Dayhoff, Pioneering in Pediland, (Kansas City, Missouri: Nazarene Publishing House, 1964), 29ff.

  4. Récit de Mr Robert Sturtevant rapporté fidèlement de son père, le Rév. Léon Sturtevant (Weiser, Idaho, le 03 Octobre 1994).

  5. Leah Mashele, research paper, (NTC, Johanesburg, 1992).

  6. I. et F. Dayhoff, 1938, Missionary vicissitudes. (Cincinnati, Ohio: God’s Bible School and Revivalist),46, 77ff.

  7. Simon Moagi, research paper, NTC, Johanesburg, 1992 (extrait des interviews faits à Thabeng avec Dorcas, femme de Maenetja et Mary Nkwana, convertie par Josefa Maenetja).

  8. Calvin Maenetja, entretien enregistré sur cassette avec Dorcas Maenetja, Dalton et Sophie Maenetja, (à Thabeng en 1993).

  9. Calvin Maenetja, lettre du (28 Mai 1995).


Cet article est reproduit, avec la permission de l’auteur de Living Stones in Africa: Pionneer of the Church of the Nazarene, édition révisée, copyright © 1999, de Paul S. Dayhoff. Tous droits réservés.

Cet article a été traduit de l’anglais par l’évangéliste Milly IBANDA MILINGANYO de la République Démocratique du Congo, église du Nazaréen, District du Nord-Kivu /Afrique et révisée par Charlotte Michelle Ndiaye du Sénégal. Eglise du Nazaréen de Baobabs de Dakar./Afrique.